Publié le : 21 mai 2012
Source : novopress.info
L’affaire avait fait grand bruit en Bretagne. Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, alors qu’ils circulaient à bord de voitures volées, des « jeunes » avaient tenté de forcer un barrage de police dans le centre de Nantes, blessant sept policiers, dont deux grièvement. Mis en examen, ces délinquants peuvent espérer désormais bénéficier de l’attention bienveillante du nouveau gouvernement.
Dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par le parquet nantais pour « tentatives d’homicides volontaires sur fonctionnaires de police, vols en réunion, violences volontaires sur fonctionnaires de police, rébellion, mise en danger de la vie d’autrui et conduite sans permis», deux des « jeunes » ont été placés en détention provisoire, deux autres en centre éducatif fermé (CEF) par le juge pour enfants.
Mise en examen pour « complicité de vols en réunion », la fille qui les accompagnait a quant à elle été placée dans un foyer en « liberté préjudicielle », sous la surveillance d’un éducateur du service éducatif auprès du tribunal (SEAT) jusqu’au jour de son jugement. Le sixième membre de la bande, un mineur multirécidiviste âgé de 13 ans (!) qui conduisait l’une des deux voitures volées, avait plongé dans la Loire. Il n’a toujours pas été retrouvé. Mardi dernier plus de 200 policiers s’étaient rassemblés devant le commissariat central de Nantes pour exprimer leur solidarité avec leurs collègues blessés.
Jean-Marc Ayrault – alors en passe d’être nommé Premier ministre – avait aussitôt réagi sur Twitter en affirmant que « face à de tels actes la plus grande sévérité s’impose » avant d’affirmer sa solidarité « avec les policiers nantais qui ont assumé avec courage et sang froid leur mission face à des délinquants d’une extrême violence ».
Depuis, le Gouvernement Ayrault a été constitué et madame Taubira a été nommée garde des Sceaux, ministre de la Justice. Celle-ci, qui entend marquer la rupture avec la politique pénale du quinquennat de Nicolas Sarkozy, s’est rendue hier au tribunal pour enfants de Paris, où elle s’est entretenue avec une représentante du parquet, une juge pour enfants et l’ancien ministre de l’Intérieur (PS) Pierre Joxe, reconverti dans la défense des jeunes délinquants.
La nouvelle ministre a tenu à cette occasion à réaffirmer les engagements pris par François Hollande durant sa campagne, c’est-à-dire la « primauté de l’éducatif sur le répressif », l’individualisation et l’atténuation de la peine liée à la minorité et la suppression des dispositions de la loi du 10 août 2011 créant un tribunal correctionnel pour mineurs. « Les mineurs sont des citoyens en devenir, il est nécessaire de redonner à la justice des mineurs sa spécificité » a indiqué Madame Taubira, pour qui manifestement la « plus grande sévérité » évoquée par Jean-Marc Ayrault n’est pas à l’ordre du jour.
De quoi rassurer les « jeunes » qui, de l’état – certes peu enviable mais bien réel – de « délinquants multirécidivistes », se voient reconnaitre par le nouveau Gouvernement le statut beaucoup plus honorable de « citoyens en devenir » avec, bien entendu, tous les droits qu’y s’y rattachent. Nul doute que les policiers blessés à Nantes – et plus largement les innombrables victimes de la délinquance – seront sensibles à cette évolution.