Timochenko : « J’aurais trouvé un moyen de tuer ces connards »
Dans une conversation fuitée publiée le 24 mars, Ioulia Timochenko exprime sa rage la plus profonde contre la Russie en des termes qui rendent plus que rassurant son éloignement actuel des instances dirigeantes de l’Ukraine…
La conversation, probablement révélée par les mêmes personnent ayant révélés la teneur des discussions de Victoria Nuland ou de Catherine Ashton, a été authentifiée par l’intéressée elle même dans un tweet dans lequel elle fait « coucou au FSB » (en souriant) et où elle conteste une phrase (j’y reviendrai). La discussion aurait eu lieu le 18 mars, le jour du discours de Vladimir Poutine après la proclamation des résultats du référendum en Crimée. Le dialogue se tient avec le député du Parti des Régions Nestor Shufrych (qui n’a pas fait quitté le groupe parlementaire). Certains ukrainiens risquent de ne pas aimer qu’il se présente comme étant « plus qu’un allié » pour Timochenko…
Traduction de la conversation :
Nestor Shufrych : Concernant tout ce dossier criméen, je te le dis, je suis juste sous le choc. Je parlais à une de nos connaissance aujourd’hui, et il était en larmes. J’ai demandé, qu’est ce que nous allons faire maintenant ?
Ioulia Timochenko : Je suis prête à m’emparer d’une mitrailleuse et tirer une balle dans la tête de ces fils de p**** [le terme utilisé est "Katsaps"]
N. S. : Je lui ait parlé hier, si un conflit armé éclatait moi et mon frère ainé, en tant qu’officiers de réserve, nous prendrons nos armes et irons défendre notre pays.
I.T : Cela dépasse vraiment toutes les limites. Il est temps de prendre nos armes et d’aller tuer ces maudits russes ainsi que leur leader. (N.S. manifeste son accord). Je regrette de ne pas être la actuellement et de n’avoir pas été en charge du processus. Il n’y aurait eu aucune putain de manière pour qu’ils obtiennent la Crimée.
N.S : J’y pensais également en réalité. Si tu avais été là cela ne serait pas arrivé. Mais de toute manière, nous n’avions aucune force potentielle. Tu sais, la chose la plus offensante c’était ça.
I.T : J’aurai trouvé un moyen de tuer ces connards. J’espère que je serai capable de d’impliquer toutes mes relations. Et j’utiliserai tous mes moyens pour faire se soulever le monde entier afin qu’il n’y ait même plus un champ brulé en Russie.
N.S : Bon, je suis plus que ton simple allié ici. Aujourd’hui, nous avons eu une rencontre entre leaders des factions (parlementaires) dans la matinée, après laquelle j’ai parlé à Viktor (probablement Tourchinov). Il a demandé : « Que devrions nous faire maintenant avec les 8 millions de russes qui sont restés en Ukraine ? Ce sont des parias ! »
I.T : Ils doivent être détruits avec des armes nucléaires [Cette phrase - et celle là seule est contestée par Timochenko qui y voit un montage]
N.S : Je ne vais pas te contredire ici, parce que ce qui s’est passé est absolument inacceptable. Mais il y a une autre option, certaines de leurs actions violent clairement le droit et nous avons à prendre des mesures à un niveau international.
I.T : Nous allons porter cela devant la Cour Pénale Internationale de La Haye.
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Observations :
- Ceux qui croyaient voir en Timochenko une personnalité capable de faire se rapprocher les positions russes et ukrainiennes se sont lourdement trompés.
- Le langage employé, même dans une conversation privée, est particulièrement mal venu au vu des répercussions que la fuite de cette conversation pourra avoir chez les russes, qui seront d’autant plus soudés avec leurs leaders, ou les ukrainiens russophones.
- Timochenko nie avoir tenu la phrase : « Ils doivent être détruits avec des armes nucléaires » (en parlant des « russes d’Ukraine », elle prétend avoir dit « Ils sont ukrainiens » (dans ce cas elle leur nierait toute spécificité ethnique ce qui est justement ce que les russophones reprochent aux leaders ukrainiens. Elle ment probablement au vu de la réponse fournie par son interlocuteur – pourquoi répondrait-il ainsi à une telle phrase – et du reste de la conversation. Après avoir affirmé qu’il ne resterait rien de la Russie, exterminer les russes ukrainiens avec des armes nucléaires n’aurait été qu’une injure de plus.
- Mieux vaudrait y réfléchir à deux fois avant de réhabiliter Ioulia Timochenko.
- Ses réseaux sont probablement assez actifs chez les responsables européens.
- La référence à la CPI n’est pas isolée, le Parlement a voté une résolution pour que Ianoukovitch soit poursuivi (la portée en serait politique et symbolique). Mais bon, qui attaquer ? Poutine ? Les responsables militaires russes ? et pour quoi ? Pour avoir contribué indirectement à l’organisation d’un référendum en Crimée et avoir reconnu ses résultats après que des autorités locales contestées aient pris le pouvoir dans une période de troubles desquels ils ne résultent actuellement qu’un mort (c’est déjà trop) dans des circonstances non encore claires. Difficile de faire passer cela pour un crime de guerre ou un crime contre l’humanité. Même l’argument de la garantie donnée à l’UE de l’adhésion aux valeurs démocratiques ne tient pas…
- Ces déclarations sont dans la lignée des déclarations toutes plus extravagantes les unes que les autres auxquelles est coutumières Timochenko ces derniers jours (« La Russie a perdu l’Ukraine pour toujours », « La Russie veut s’emparer de toute l’Ukraine », « L’Ukraine doit entrer dans l’OTAN au plus vite » etc…).
- Timochenko est une politicienne totalement imprévisible… En une semaine, elle est citée comme probable pont entre Poutine et l’Europe et dénoncée comme « marionnette de Poutine » par la leader des Femen (qui n’est pas une source d’information fiable j’en conviens).
- Timochenko a bien retourné sa veste depuis l’époque où la Russie avait proposé de l’accueillir lorsqu’elle était emprisonnée ou lorsqu’elle serrait la main de Poutine après la signature des contrats gaziers qui l’ont conduit en prison en 2010 (de manière controversée).
- L’influence de Timochenko sur diverses factions parlementaires n’est néanmoins plus à prouver. Le Premier Ministre et le Président par intérim sont de son parti (sur le site de son parti sur lequel est toujours mis en avant Timochenko plutôt que Touchinov ou Iatseniouk). Néanmoins sa popularité dans l’opinion stagne toujours…
- Timochenko a l’air d’avoir tout intérêt à une escalade avec la Russie… Au vu des discours enflammés de certains leaders ukrainiens sur la place Maïdan ou dans les médias (relayés complaisamment pour des raisons géopolitiques par l’OTAN et les États-Unis) elle n’est probablement pas la seule.
- Quelle incidence du retour de Timochenko à Kiev ?
Traduction et commentaires par Kiergaard
Vidéo postée par : RT
24-03-2014