Publié le : 19 février 2015
Source : bvoltaire.fr
Ce qui est choquant, ce n’est pas qu’une quarantaine de députés inscrits au PS se refusent à voter la loi Macron. Ce qui est choquant, c’est que la très grande majorité de leurs anciens camarades, pourtant également socialistes, en tout cas d’un point de vue administratif, élus sous cette étiquette en 2012 par des électeurs de gauche pour faire une politique de gauche, aient chaussé les godillots des bataillons disciplinaires pour voter une loi d’inspiration libérale et de régression sociale.
Ce qui est choquant, ce n’est pas que quelques députés de l’UMP et de l’UDI aient annoncé leur intention de voter la loi Macron. Ce qui est choquant est que la quasi-totalité des parlementaires de la droite républicaine aient choisi, en rejetant des « réformes » « libérales » qu’ils n’ont pas eu le courage d’imposer lorsqu’ils étaient au gouvernement, de pratiquer une opposition systématique, obtuse et sectaire.
Ce qui est choquant, ce n’est pas que le Premier ministre, dans l’incapacité de faire passer par les voies habituelles un dispositif auquel il attache une importance particulière et qui atteste selon lui de sa volonté et de sa capacité « réformatrices », ait décidé de recourir à l’arme constitutionnelle absolue dont il dispose, le fameux article 49.3. Ce qui est choquant, c’est que le président de la République qui voyait dans cette procédure « brutale » un « déni de démocratie » l’ait autorisé à le faire, en reniant les principes qu’il avait affirmés dans l’opposition. Ce qui est choquant, c’est que la droite, qui proclame à tout bout de champ son attachement aux institutions de la Ve République, conteste parce qu’elle n’est pas au pouvoir la mise en œuvre d’un dispositif qui assure la prééminence de l’exécutif et d’une loi qu’elle appelait de ses vœux.
Ce qui est choquant, ce n’est pas que quelques « frondeurs », mettant en avant leurs convictions socialistes, aient saboté un projet réputé central par le gouvernement de MM. Valls et Macron, c’est qu’ils n’aient pas le courage d’aller jusqu’au bout de leur engagement, de renverser un gouvernement et de quitter un parti qui n’ont plus de socialiste que le nom. Ce qui est choquant, c’est que la direction de ce parti n’ait pas le courage d’exclure ces dissidents. Ce qui est choquant, c’est de voir M. Sarkozy, incapable de rassembler, d’unifier et de cimenter son propre parti, proclamer et se réjouir qu’il n’y ait plus ni majorité ni gouvernement.
Ce qui est lamentable, c’est que les uns comme les autres, dans la situation où est la France, dans le contexte de crise identitaire, sécuritaire, économique, sociale et morale où nous sommes, restent dans la logique d’appareil, de clan, de boutique qui nous a perdus et ne se rendent pas compte que l’heure n’est plus aux petits calculs politiciens. Ils le paieront, ils le paient déjà. Ils ne l’ont pas volé. C’est au moins une chose qu’ils n’auront pas volée.
Dominique Jamet
