Politique France

Dans quatre jours, le choix qui nous est donc finalement proposé pour désigner le Président de la République des cinq années qui viennent est, définitivement, et pour votre serviteur, impossible à cautionner. Ceux d’entre vous qui m’auront fait la grâce de lire les différents billets de La Plume à Gratter évoquant les deux concurrents hélas encore en lice savent déjà ce que je pense de l’un comme de l’autre…

Entre un Pinocchio de droite et un chamallow de gauche, entre un cynique absolu et un bobo intégral, entre un « tout de la gueule » et un « y a rien qui dépasse », entre un plouc nouveau riche et un bobo faussement populaire, mon cœur ne balance pas le moins du monde : comment pourrais-je choisir face à une telle alternative ?

Sur presque tous les sujets qui comptent vraiment, nos deux frères ennemis s’entendent comme larrons en foire : sur l’Euro pourtant d’ores et déjà mort et qu’on prolonge dans un acharnement thérapeutique totalement fou qui ruine tous les pays qui en sont prisonniers sauf l’Allemagne d’Angela… Sur l’Europe ultralibérale en général qui détruit peu à peu tous nos acquis sociaux… Sur la politique économique qui sera menée par l’un et l’autre (je parle de celle qui sera effectivement mise en œuvre sous les ordres de la troïka par nos deux compères quoi qu’il arrive, pas de celles vendues par eux à grands coups de mensonges électoralistes pendant la campagne)…Sur l’immigration de masse (si faussement combattue par Nicolas, si complètement validée par François) qui bouleverse dès à présent et de plus en plus dangereusement tous les fondements de notre société laïque et de notre culture multiséculaire… Sur l’école de la République en lambeaux et l’enseignement de l’histoire de France sinistré, sur l’ascenseur social en mort clinique, sur la ruralité abandonnée, la francophonie négligée, l’indépendance et la souveraineté nationales bafouées… C’est en réalité bonnet blanc et blanc bonnet.

Certes, quelques différences « sociétales » sont bien là en apparence pour donner le change : mariage et adoption homo, euthanasie, régularisation officielle des sans papiers, vote des étrangers aux élections locales sont donc effectivement et officiellement au catalogue de François Hollande, pas de celui de Nicolas Sarkozy. Mais ne soyons pas dupes : si Nicolas Sarkozy s’est déclaré durant la campagne opposé à ces mesures pour de viles raisons électorales, il ne s’agit de sa part que d’une opposition de circonstance : il avait d’ailleurs par le passé bien montré qu’aucune de ces idées ou presque ne lui était étrangère. Et cela est d’ailleurs tout à fait logique : Nicolas est un européiste convaincu, tout autant que son rival socialiste. Or, l’intégralité de ces mesures sont mises en place peu à peu dans toute l’Europe de Bruxelles. On commence par l’euthanasie par ici, ou par le mariage et l’adoption gay par là, mais tout le monde va dans le même sens, parce que c’est ainsi qu’en a décidé la pensée unique, la doxa qui préside à la « déconstruction européenne » voulue par nos ploutocrates supranationaux. Un éventuel bien que très hypothétique second mandat de Nicolas Sarkozy ne ferait en réalité très certainement que retarder d’un ou deux ans l’adoption de ces lois ineptes ou immorales. Son deuxième quinquennat ne se terminerait pas, soyons en sûrs, sans que toutes ces mesures soient au final également mises en œuvre.

Alors que faire ?

Dans une démocratie véritable, avec des médias dignes de ce nom, la question ne se poserait même pas : le vote étant un acte et même un devoir citoyen, le bulletin blanc s’imposerait d’évidence. Mais voilà : nous ne sommes plus depuis longtemps dans une véritable démocratie, et nos médias sont définitivement au dessous de tout. Le traitement médiatique de certains candidats durant la campagne, petits ou mal pensants, en a été le dernier symptôme. Dès lors, et comme à chaque élection, le vote blanc sera, durant les comptes rendus électoraux, sur nos écrans, sur nos ondes comme dans nos journaux, royalement ignoré. Le pourcentage de citoyens qui se seront déplacés pour exprimer leur désaccord face au choix restant à leur disposition se perdra dans le triangle des Bermudes de la complicité médiatique, et leur geste responsable et démocratique s’il en est n’aura donc servi à rien…

Du coup, le seul geste de rejet audible et visible qu’il nous reste réside bien dans l’abstention. En effet, le seul chiffre qui sera donné en dehors des scores des deux finalistes par nos journalistes aux ordres du système sera celui de la participation. Au premier tour de l’élection, le taux de participation fut de près de 80 %. Si tous ceux qui, comme moi, ne veulent pas de l’un ou l’autre de ces tristes sires s’abstenaient, ce taux chuterait sans doute très spectaculairement, certainement sous les 70 %. Et les médias cette fois seraient bien obligés de le relayer. Imaginez alors la « claque » reçue par le vainqueur, quel qu’il soit ! Dès son élection, sa légitimité serait sérieusement entamée, et la défiance populaire clairement exprimée. Je sais, il s’agirait là au final d’une maigre consolation… Mais par les temps qui courent, et plus encore, au vu de ceux qui s’annoncent, il n’est jamais vain de saisir ce qui passe encore à notre portée !

A vous de voir… Pour ma part, et bien que non pêcheur (« pisciculturellement » parlant, bien-sûr!), je choisirai donc la promenade, sans doute au bord de l’eau. Et en espérant qu’il fasse beau !

Alors, amitiés à tous et rendez-vous lors du prochain quinquennat : quoiqu’il arrive, nous pouvons tous en être sûrs, cela va tanguer fort en France et plus largement en Europe dans les mois qui viennent, et il y aura beaucoup, beaucoup à dire, à lire… Et à écrire !

ML – La Plume à Gratter

Mots clés : abstention, élections présidentielles, François Hollande, Sarkozy