Publié le : 05 juillet 2012
Source : comite-valmy.org
L’ennemi commun des peuples
A la fin de la Première guerre mondiale Woodrow Wilson, président des Etats-Unis, prétendait déjà que « l’Amérique est la seule nation idéale dans le monde ». A Washington le 20 Janvier 1997, Bill Clinton surenchérissait : « l’Amérique est la seule nation indispensable »… Au moment de son élection, Obama promettait quant à lui une « Nouvelle aurore du leadership américain ». L’arrogance de ces déclarations illustre symboliquement l’aspect dogmatique et quasi religieux de la volonté de domination et d’asservissement des dirigeants étasuniens. Cette composante messianique ne saurait masquer les objectifs stratégiques colonialistes, économiques, politiques, culturels et militaires de leur frénésie impérialiste.
Celle-ci pèse sur l’ensemble de la planète où elle multiplie les ingérances, les agressions et les guerres.
Dès 1960 d’ailleurs, la conférence des 81 partis communistes et ouvriers constatait à Moscou que « l’impérialisme américain est la principale force d’agression et de guerre », « …le rempart principal de la réaction mondiale, …le gendarme international, …l’ennemi des peuples du monde entier ». Depuis, et pendant plus de 50 ans, l’histoire a constamment confirmé la validité de cette analyse.
De nos jours, dans un monde encore déséquilibré par la disparition de l’URSS et du camp socialiste, la situation s’aggrave dangereusement dans une dynamique d’agression et de guerres devenue ininterrompue, à travers laquelle les fauteurs de guerre américano-occidentalistes pourraient bien conduire à une nouvelle guerre mondiale si l’alliance des peuples et des Etats nations encore libres ne parvenait pas à l’empêcher.
La volonté des dirigeants étasuniens de dominer le monde entier s’oppose au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ainsi qu’à la liberté des nations. Leur planification stratégique les a conduit à organiser et financer la trahison des élites (1) en URSS et dans le camp socialiste, mais aussi à vassaliser parallèlement leurs propres alliés,(2) tout en œuvrant méthodiquement à la destruction des nations.
Considérant à juste titre les Etats nations comme les remparts principaux permettant aux peuples et aux Etats de résister et de mettre en échec le développement de leur dictature, ils entendent les éliminer en favorisant le régionalisme, le fédéralisme et la mondialisation.
La musique lancinante de leur propagande impérialiste est donc largement orchestrée autour du thème de l’Etat-nation obsolète, inutile, ou du nationalisme dangereux et agressif. Cet endoctrinement est relayé par certains trotskystes et par la social-démocratie dans son ensemble, au prétexte d’une conception dévoyée de l’internationalisme.
De l’Europe supranationale des Länder au remodelage du Grand Moyen-Orient
Les guerres étasuniennes pour le « remodelage du Grand Moyen-Orient » sont le prolongement de cette même stratégie, qui a conduit les dirigeants étasuniens à la création de l’OTAN dans les années 40, parallèlement au déclenchement, à leur initiative, d’un processus supranational, régionaliste et atlantiste d’intégration européenne. A travers cette « construction européenne », ils sont parvenus à vassaliser par étapes le continent en organisant le renoncement national des professionnels de la politique anticommuniste qui, à l’exception des parenthèses gaullistes, se partagent le pouvoir depuis la Libération.
Les peuples d’Europe et du Grand Moyen-Orient, ceux de la Syrie et de la France en particulier, ont ceci en commun qu’ils sont, dans des conditions certes différentes, l’objet d’une même politique d’assujettissement étasunienne.
La France vassalisée par l’euro dictature germano-américaine
La France, où la démocratie est aujourd’hui devenue formelle et illusoire, est déjà pour l’essentiel un pays sous tutelle euro-atlantique. Cette réalité concrète est la conséquence d’une longue démarche de renoncement national menant volontairement à la disparition de la France républicaine. Celle-ci est destinée à être morcelée en Länder, dans une Europe fédérale.
L’alibi anticommuniste de cette trahison nationale ne saurait masquer les raisons de classe et la soumission à l’oligarchie financière qui ont conduit à la servitude volontaire les dirigeants des partis compradores, de droite comme de gauche.
Dans notre pays, la lutte pour l’indépendance nationale, la souveraineté populaire et le retour à la démocratie est fondamentalement à l’ordre du jour. Cependant, l’absence d’un parti communiste conséquent, l’existence et la promotion médiatique de forces se réclamant de la gauche et qui distillent des illusions à propos de l’objectif d’une impossible Europe sociale ralentissent la prise de conscience populaire face à la guerre idéologique relayée par l’essentiel des médias, globalement prostitués.
Les questions nationale et sociale sont indissociables
La question de l’indépendance nationale et de la souveraineté populaire apparaît déterminante quant il s’agit de construire un avenir de paix, de liberté et de progrès, conforme aux intérêts des peuples. La question sociale et la question nationale étant indissociables, le développement d’une politique économique et sociale prenant en compte les besoins du monde du travail est lui aussi subordonné au respect du droit des peuples à l’autodétermination, et à leur maîtrise d’un choix conforme à l’intérêt national.
Rester souverain conditionne l’authenticité du choix d’une voie démocratique et la possibilité concrète de sa réalisation. Inversement, imposés par des dirigeants corrompus et asservis, le renoncement national, l’abandon de la souveraineté populaire ainsi que la vassalisation choisie, conduisent inévitablement à la dictature. C’est une évidence que les peuples d’Europe expérimentent depuis des décennies, à travers leur marche forcée à une Europe supranationale soumise à la domination de l’oligarchie financière mondialisée.
La Syrie résistante.
En Syrie, l’Etat nation et une large majorité du peuple, unis sur l’essentiel, s’opposent avec détermination et courage à une tentative étasunienne et occidentaliste de prise de contrôle politique du pays, par le biais d’une agression militaire organisée à l’étranger et destinée à remplacer les dirigeants légitimes par des marionnettes compradores. Cette guerre décidée et pilotée de l’extérieur, bénéficie du concours de forces mercenaires particulièrement barbares et rétrogrades.
Le développement de la violence armée y est avant tout la conséquence d’une agression coloniale extérieure, même s’il est reconnu par les dirigeants syriens eux-mêmes, que le pays doit mener des réformes intérieures fondamentales.
C’est un élément essentiel à percevoir, vérifier et comprendre, si l’on entend ne pas se laisser submerger et dominer par l’énorme manipulation et le conditionnement psychologique en faveur d’une intervention militaire occidentale plus directe, que nous subissons depuis un an et demi de la part des médias
Ce pays vit actuellement une épreuve cruelle et complexe. Cette nation (issue de l’une des plus anciennes civilisations au monde, dont l’histoire est particulièrement riche et porteuse d’enseignements de portée universelle) s’est doté, à travers la lutte de libération nationale et la lutte antisioniste, d’un système nationaliste, anti-impérialiste et laïc dont les contradictions internes doivent être résolues aujourd’hui, d’abord pour le progrès du pays, mais aussi parce qu’elles sont exploitées au profit de l’ingérence armée extérieure, préméditée et organisée de longue date par l’impérialisme américain et ses vassaux, notamment français.
Cette guerre aux objectifs hégémoniques et géopolitiques, menée contre le peuple syrien au nom des droits de l’homme, utilise des mercenaires et des bandes armées recrutés dans le monde entier et financés comme l’ASL, par le Qatar, l’Arabie Saoudite, les USA, la Turquie et d’autres pays encore.
L’ « Armée Syrienne Libre »
Les effectifs de l’ASL sont difficiles à chiffrer et sont estimés selon les sources entre 600 et 20 ou 40000 personnes. Elle est équipée notamment d’armes antichar et de missiles Milan. Sans le soutien des dirigeants étasuniens et de ses collabos régionaux et européens, elle ne pourrait exister.
Il est reconnu que l’A.S.L, basée essentiellement en Turquie et dirigée par les frères musulmans, ne contrôle pas généralement, les bandes armées islamistes extrémistes qui s’infiltrent en Syrie par diverses frontières.
L’alliance des occidentalistes avec des Frères musulmans et divers islamistes radicaux cherche à donner à ce conflit un caractère confessionnel, ethnique et communautariste, destiné à détruire l’organisation laïque de la société syrienne qui, aujourd’hui encore, est soutenue par la majorité du peuple. Avec le temps et la distribution de monceaux de dollars, ils parviennent à entraîner dans cette logique terroriste et de trahison nationale, une minorité de Syriens, souvent recrutée dans le lumpenprolétariat.
Promu, sélectionné et financé par la coalition américano-occidentaliste et ses alliés régionaux, le prétendu Conseil national syrien est une organisation alibi de l’impérialisme. Composé d’agents compradores des occidentaux et installé à l’extérieur de la Syrie, il ne jouit d’aucune représentativité sérieuse dans le pays.
Une opposition intérieure diverse et non unifiée
Comparativement aux peuples de bien d’autres pays arabes ou du Moyen-Orient, les Syriens bénéficient de davantage de libertés démocratiques. Celles-ci sont liées précisément à la souveraineté préservée du pays, à la laïcité, au refus du communautarisme confessionnel et aux fortes traditions historiques de cohabitation tolérante et d’amitié qui sont partagées au sein du peuple syrien, et généralement non entravées par les diversités ethniques et religieuses.
Les quatre décennies ininterrompues de pouvoir du parti Bass ont cependant nécessairement favorisé la constitution de forces d’opposition aux motivations et aux objectifs variables.
Une opposition patriote et démocratique
Il existe bien naturellement parmi elles, une opposition démocratique et patriote qui agit à l’intérieur du pays tout en dénonçant les ingérences extérieures et en rejetant la violence terroriste. Cette opposition agit pour des réformes démocratiques et une évolution économique, sociale et politique du pays, pour l’approfondissement de la souveraineté populaire. Elle dénonce notamment des privatisations, les progrès du libéralisme, l’influence du FMI, des éléments de corruption et conteste même la longue hégémonie et ses abus probables sur le pouvoir politique du parti Baas, celui des présidents Hafez et Bachar Al Assad.
Les cœurs ne battent pas plus librement à Paris qu’à Damas
Mais, en dehors des conséquences de la guerre étasunienne et des attentats islamistes, respire t-on vraiment plus librement dans la France asservie et dans le reste de l’euro dictature capitaliste qu’en Syrie ? La monarchie élective qu’est devenue la 5ème République – après De Gaulle qui restera dans l’Histoire son unique président authentiquement patriote et républicain – est-elle plus démocratique que le pouvoir Syrien qui, malgré ses défauts, est l’un des seuls pays de la région à résister à l’impérialisme américain, ainsi qu’à Israël qui occupe toujours le Golan ?
La réponse à ces deux questions est non !
De plus, le monopole du pouvoir, accaparé en France par les partis euro-atlantistes aura de fait duré bien plus longtemps que celui du parti Baas en Syrie et provoqué des conséquences réellement catastrophiques pour le peuple de France, en termes d’abandons de souveraineté, de régression sociale et des libertés démocratiques, ou du développement du communautarisme ethnique et confessionnel.
Un système verrouillé en France et dans l’Union européenne
En France et en Europe il est aujourd’hui impossible de mettre en cause par une voie démocratique la dictature de l’oligarchie financière et le carcan maastrichtien de l’Europe qui détruit les nations, la souveraineté populaire, la démocratie et favorise les guerres impérialistes. Les votes des peuples contre ce système inique y sont ouvertement ignorés.
Dans le même temps, pourquoi refuser de voir et de dire qu’en Syrie, contrairement à la stagnation du totalitarisme européiste, des réformes démocratiques sérieuses ont été entreprises et que sur ce plan la situation évolue positivement ?
En Syrie, un processus de réforme se développe
Une dynamique réformatrice renforçant la souveraineté populaire est en cours dans ce pays :
En juillet 2011, le parlement syrien a établi le pluralisme politique et rendue légale l’existence de partis d’opposition.
Le 26 février 2012, une nouvelle Constitution syrienne, qui abolit la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, a été adoptée par référendum avec 89,4% de oui et la participation de 57,4 % du corps électoral, malgré la situation marquée par la violence et les menaces terroristes.
Le 7 mai 2012, des élections législatives ont été organisées. Elles ont connu une participation importante compte tenu du contexte, de 51,36%. Si le bloc « Unité nationale » soutenant le président Bachar al-Assad a remporté ces élections, on peut noter que des membres de l’opposition démocratique ont été élus.
Le 23 juin 2012, un nouveau gouvernement à été nommé en Syrie, dans lequel sont intégrés des membres de l’opposition démocratique et patriotique : Qadri Jamil et Ali Heidar, qui président le Front populaire pour le Changement et la Libération, créé en juillet 2011, qui rassemble des communistes et des patriotes progressistes et qui a participé aux élections législatives du mois de mai. Ce regroupement agit pour des réformes en condamnant la violence et en refusant toute intervention étrangère.
Qadri Jamil, élu de l’opposition démocratique à l’Assemblée du Peuple (élections législatives du 7 mai) et venant de la mouvance communiste, est nommé vice-premier ministre pour les Affaires économiques et ministre du Commerce intérieur et de la protection des consommateurs, tandis qu’Ali Haïdar devient ministre d’Etat pour les Affaires de la Réconciliation nationale.
Quoiqu’en disent les médias occidentaux, une importante dynamique réformatrice de portée historique est en cours de développement en Syrie. Elle était annoncée dès l’important discours de Bachar al-Assad du 30 mars 2011(3), devant l’Assemblée du Peuple. Ceux qui, y compris dans des milieux progressistes comme on le voit ici ou là, nient de bonne foi la réalité de cette évolution positive du système sans être foncièrement hostiles à la Syrie laïque, anti-impérialiste et résistante, devraient élargir et améliorer leurs sources d’information.
Le Comité Valmy quant à lui estime que les dirigeants syriens, sous la conduite du président Bachar al-Assad, qui n’est pas sans rappeler Charles De Gaulle et la Résistance, en empruntant le chemin des réformes fondamentales nécessaires, répondent à l’attente de la grande majorité du peuple syrien qui soutient le changement pacifique.
En amorçant, comme le confirme la formation du nouveau gouvernement, le processus d’un rassemblement populaire majoritaire sur la base de l’indépendance nationale, de la souveraineté populaire, de la laïcité et de la résistance à l’ingérence extérieure, la Syrie résistante est engagée dans une démarche stratégique qui seule, pensons-nous, peut mener son peuple à triompher de la guerre d’agression impérialiste dont la nation est l’objet.
Pour notre pays, le Comité Valmy depuis bien des années appelle à l’union du peuple de France, au rassemblement républicain, patriotique, social et anti-impérialiste, à l’actualisation du programme du Conseil National de la Résistance.
Une démarche voisine de celle que construisent les citoyens syriens qui ont pris par rapport à nous, une longueur d’avance.
Un même mot d’ordre semble correspondre à la situation aussi bien en France qu’en Syrie :
Indépendance nationale, souveraineté populaire, démocratie, laïcité !
Claude Beaulieu, 2 juillet 2012
Notes
(1) LE FACTEUR DE TRAHISON – Alexandre Zinoviev
(2) Comment l’Ouest fut conquis – Frances Stonor Saunders — Who Paid the Piper ?
(3) http://www.comite-valmy.org/spip.php ?article1335 30 mars 2011, Le président al-Assad devant l’Assemblée du peuple : Le citoyen est notre boussole