L’auteur de ces lignes doit bien l’avouer : il a d’ordinaire bien peu de goût pour les foules en général, et pour les manifestations en particulier. Ayant déjà des difficultés à se supporter lui-même, son inclination naturelle est plutôt de rester discrètement dans son coin, et de reprendre très volontiers à son compte les paroles entonnées par le regretté Georges Brassens dans sa chanson Le Pluriel : « sitôt qu’on est plus de quatre, on est une bande ce cons… ». Mais il est des jours où il faut bien mettre ses à priori de côté et, comme disait un autre grand disparu (l’immense Jacques Brel), simplement « aller voir ».
Aller voir car après la censure « journalistique » quasi-totale qui avait frappé la manifestation anti-Islam de la semaine dernière alors que trois manifestants du DAL ou cinq défenseurs des Roms n’ont qu’à dérouler une banderole et brandir une pancarte pour aussitôt faire les unes des journaux télé de France 2 ou France 3, une manifestation contre « le fascisme islamique » initiée notamment par Riposte Laïque, sans aucun relai médiatique, et qui avait pourtant rassemblé près de 3 000 personnes à Paris, je voulais me rendre compte par moi-même, anticipant un traitement médiatique de même nature, de l’importance de la mobilisation de ce samedi 17 novembre contre ce fumeux Mariage pour Tous que prétend nous imposer le gouvernement de Flambi 1er. Je voulais voir, et j’ai vu.
Avant même d’arriver place Denfert-Rochereau d’où était censé partir le cortège, le simple passage par le métro parisien suffisait déjà à se faire une première idée du succès de la mobilisation, avec des conditions de transport simplement dantesques, incitant à avoir une pensée émue et coupable pour les malheureuses sardines ou les pauvres cornichons si cruellement entassés par nous dans leurs conserves et leurs bocaux. A chaque arrêt de la ligne menant à Denfert-Rochereau, des quais noirs d’un monde obligé d’attendre la rame suivante pour espérer atteindre le point de rendez-vous du jour. Après de longues minutes de promiscuité intensive mais malgré tout bon enfant, enfin la délivrance… En tout cas enfin un peu d’air, parce que question délivrance… La foule s’entassant sur la place atteignait en effet presque sans peine la même densité au centimètre carré que celle des wagons du métropolitain parisien. Une cohue monumentale, bien loin des 10 000 personnes initialement envisagées à l’origine par la très déjantée mais si sympathique Frigid Barjot, principale initiatrice de cette « Manif pour Tous ». Des dizaines de milliers de personnes à tout le moins, pensais-je alors… On verra un peu plus avant que j’étais loin du compte.
Devant le succès de la mobilisation, les organisateurs de la manifestation bien que comblés sans doute au delà de leurs espérances les plus folles, étaient totalement pris de court et très visiblement dépassés. Le cortège, bloqué par des arrivées incessantes de manifestants sur le parcours Denfert-Invalides qu’il était censé emprunter, et dont le départ était initialement prévu à 14 heures 30, mit donc en réalité plus d’une heure et demi à simplement s’ébranler. Pour les premiers arrivés sur la place Denfert-Rochereau, et dont le principal slogan était alors « avancez, avancez ! », ce départ si longtemps retardé fut une véritable libération.
Après un bon quart d’heure de « marche » d’une célérité telle qu’elle nous aurait sans doute valu d’être aisément dépassés et en marche arrière par un escargot arthritique, je parvins enfin à m’extirper du cœur de la manifestation qui occupait la rue en empruntant les trottoirs, moins densément peuplés. Cette « fuite » du défilé -peu glorieuse j’en conviens- me permit de remonter tout le cortège et ainsi de me faire une idée plus précise du nombre et de la sociologie des participants.
Pour le nombre : de Denfert aux Invalides, un flot humain dense et continu. Pas un mètre carré de bitume vierge de manifestants. Plus de 100 000 au bas mot à l’évidence, et sans doute plutôt près de 200 000, chiffre d’ailleurs revendiqué aujourd’hui par les organisateurs (qui nous avaient en effet comptés en fin de parcours en nous faisant tous emprunter un passage balisé et installé pour l’occasion).
Pour la sociologie : des jeunes (vraiment beaucoup), des moins jeunes, des vieux, des très vieux… Des hommes, des femmes… Des adultes, des enfants… Des bourgeois, des prolétaires… Des croyants, des athées, des mécréants (je parle pour moi)… Des gens de tous milieux sociaux, vraisemblablement de toutes opinions politiques, simplement unis dans l’idée qu’ils se font de la réalité naturelle, de la dualité biologique nécessaire à la perpétuation de la vie, du rapport homme-femme, de la famille, du droit de l’enfant, de la civilisation tout simplement.
Partout des ballons bleus, blancs, roses, frappés d’un dessin représentant un papa, une maman et deux enfants se tenant par la main. Une foule bigarrée, bon enfant, gaie, festive même. Sur les pancartes, des mots d’ordre et des formules sans invectives et sans la moindre trace d’homophobie : « tous nés d’un homme et d’une femme », « papa + maman : y’a pas mieux pour un enfant », « tous gardiens du code civil », « un papa, une maman : on ne ment pas aux enfants », « mariageophiles, pas homophobes », et jusqu’au désormais culte « dans les testicules, y a pas d’ovules » de la Barjot… Des slogans chantés, dont un « Ayrault, si tu savais, ta réforme tous les dégâts qu’elle ferait » qui devenait, au fur et à mesure que l’on s’éloignait de la tête du cortège, un évidemment nettement plus réjouissant « Ayrault, si tu savais, ta réforme où on s’la met ».
Oui, des gens de partout donc, et de toutes origines sociales, battant le pavé parisien simplement pour défendre leur vision de la société, et ces siècles d’histoire et de civilisation qu’un gouvernement prétend aujourd’hui chambouler de façon aussi radicale sans le moindre débat et sans la plus élémentaire consultation populaire.La France dans la rue en somme, dans presque toute sa diversité. Et pas la moindre petite trace de colère, d’insulte, de haine à se mettre sous la dent…. Bref, la catastrophe absolue pour nos médias bienpensants, qui n’avaient plus qu’à espérer le dérapage qui arrange tout dans la seconde manifestation prévue le lendemain dimanche, à l’appel principalement cette fois d’organisations chrétiennes traditionnalistes. On verra bientôt sur La Plume que Dieu, ou plutôt ceux qui pensent le représenter, ont hélas fourni à Caroline Fourest et à sa clique ukrainienne de « féministes » à poil l’incident que tous nos chers médiacrates attendaient tant !
Bien-sûr, le soir même, ne pouvant décemment passer sous silence un tel succès, une telle démonstration de force des opposants à ce Mariage pour Tous concocté pour notre « président normal » et son premier sinistre par l’irremplaçable madame Taubira, les grandes chaînes de télévision et les médias radiophoniques choisirent plutôt d’en fortement relativiser l’importance en la relatant à peine autant que la manifestation anti « Ayrault-port » de Nantes qui avait lieu (quelle aubaine pour la presse couchée) le même jour. Ne parlant en cette occasion que de « milliers de manifestants » (sic), et non comme ils auraient dû le faire en l’occurrence de dizaines et même de centaines de milliers. C’était bien-sûr à prévoir… Mais après tout qu’importe ! Le bonheur d’avoir participé à ce grand moment qui en appelle sans doute un autre encore plus marquant en janvier 2013 quand la loi légalisant le mariage et l’adoption gay sera réellement discutée à l’assemblée nationale ne saurait être terni par les comptes-rendus volontairement minimisés des pisse-froids journalistiques stipendiés par le pouvoir socialiste. car le constat à tirer de cette journée est clair : la France existe encore ! La preuve, je l’ai rencontrée ce samedi, et pour la première fois depuis longtemps, entre la place Denfert-Rochereau et l’esplanade des Invalides. Bon sang, comme cela peut faire du bien, tout de même !
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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