Publié le : 20 novembre 2012
Source : fr.news.yahoo.com
Les Français ont déclaré avoir été victimes en 2011 de plus de 4 millions de vols – trois fois les statistiques officielles – une tendance pourtant à la baisse, tout comme celle des violences physiques en dehors du contexte familial, selon une enquête d’opinion.
Ce chiffre, selon les responsables de cette enquête, « tranche » avec le sentiment d’insécurité exprimé début 2012 auprès des sondeurs, par 16,3% des Français, le « niveau le plus élevé depuis 2007″. Ainsi parallèlement à la diminution des vols déclarés, l’enquête montre une hausse des cambriolages déclarés.
Une semaine après la divulgation de chiffres de la délinquance ayant provoqué un affrontement droite-gauche, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publie avec l’Insee cette enquête dite de victimation, qui tranche avec les chiffres officiels de la délinquance.
L’ONDRP, qui ne fait pas référence aux controverses sur les statistiques de la délinquance, souligne la « pertinence » de ces enquêtes de victimation. Elles sont réalisées directement auprès des Français « en complément » de l’outil statistique des forces de l’ordre, basé essentiellement sur les plaintes et au sujet duquel il se montre souvent critique.
Comme de coutume, l’enquête de victimation portant sur 2011 fait apparaître une distorsion entre les plaintes effectives pour des faits de délinquance et le vécu des Français. Même si les grandes tendances de la délinquance sont les mêmes dans les deux cas.
Ainsi des cambriolages et tentatives de la résidence principale: 600.000 déclarés en 2011 à l’ONDRP et l’Insee alors que près de 200.000 ont été enregistrés officiellement par la police et la gendarmerie. Sur cinq ans, relève l’enquête, les cambriolages déclarés ont augmenté de 25%. Cette forte hausse est aussi observée par les forces de l’ordre sur la base des plaintes, mais pas dans les mêmes proportions.
Cela montre donc que les Français ne portent pas toujours plainte, l’ONDRP relevant régulièrement que, pour certains délits, il y a parfois « dix fois plus de victimes ».
Les Français ont ainsi déclaré avoir subi un peu plus de 4 millions de vols et tentatives, trois fois les chiffres officiels. Mais, en dépit de l’importance du chiffre, c’est une « tendance à la baisse » qui est observée depuis quelques années, notamment pour les vols de voitures.
Dans le cas des violences physiques hors ménage, plaie de la délinquance depuis des années, une baisse « très significative » est enregistrée par rapport aux années précédentes: 650.000 déclarées, contre 800.000 en 2007, plus encore en 2008 et 2009.
La délinquance est l’un des « trois problèmes préoccupants dans la société », cependant loin derrière le chômage et la pauvreté.
« Ce fort sentiment d’insécurité reste à analyser », a déclaré mardi matin, à Paris, un responsable de l’ONDRP, Cyril Rizsk. « Il peut être lié au contexte international » de crise économique, a-t-il avancé, « et à des trafics, vols ou agressions survenant par exemple dans le quartier ». Les chiffres sur les violences sexuelles hors et intra-ménage sont globalement en baisse, mais en légère hausse au sein du couple pour les violences par conjoints. Cette sixième enquête de victimation a été effectuée de janvier à avril 2012 auprès de quelque 17.000 personnes de 14 ans et plus.
Mardi dernier l’annonce par Le Figaro d’une hausse de la délinquance en octobre 2012 de 9% avait suscité une violente passe d’armes entre la droite et la gauche. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait alors affirmé que ces chiffres résultaient de « manipulations » et d’une « instrumentalisation » imputables à l’ancien gouvernement, rappelant son intention de réformer les méthodes statistiques.