Publié le : 27 novembre 2012
Source : bvoltaire.fr
Péremptoire et contradictoire sont sur un bateau… et c’est la mémoire qui tombe à l’eau.
Barbier est dans les magazines, Barbier est à la télé, Barbier est sur Youtube, Barbier est partout. Et si vous n’aimez pas ce qu’il dit, ce n’est pas grave : la semaine prochaine, il dira exactement le contraire, toujours avec le même aplomb.
En 2010, la crise de la Grèce avait une cause et une seule : le « coup d’État » organisé par « les marchés » qui « essaient de nous faire croire que la mauvaise gestion publique justifie cette destruction de valeurs ». Ah, mais on ne la fait pas, à Cricri, celle-là ! 2012 : la crise de la Grèce a une cause et une seule : la mauvaise gestion publique de la Grèce. Il faut donc organiser un « putsch légitime » pour la remettre dans le droit chemin. Tari-tara, c’est Cricri que revoilà ! Donc tout était de la faute des marchés, et puis finalement, tout est de la faute des Grecs. Le coup d’État était inacceptable, mais le putsch est légitime. Entre les deux, nulle introspection, nulle contrition. Barbier déclamait des âneries, puis Barbier déclame encore des âneries : mais où donc voyez-vous une contradiction, enfin ?
Il faut dire que dans le paysage « intellectuel » français, il est en bonne compagnie. Tiens, prenez cet autre omniprésent des plateaux télé : le docte économiste Elie Cohen. L’explosion de l’endettement de la Grèce ? Pas de doute : pour lui, en 2005, c’était la preuve incontestable du succès de l’Euro, bien sûr ! Ah, heureusement, il y a Giesbert. Il a bien vu, lui, avec sa perspicacité habituelle, que l’éclatante santé de la zone Euro constituait une déroute pour les eurosceptiques. Tiens, à propos d’eurosceptiques, prenez la plus notoire d’entre eux : Margaret Thatcher. Anglaise, « ultra-libérale », anti-européenne, elle avait tout pour plaire, celle-là. On aurait appris qu’elle buvait le sang des bébés lors de bacchanales sataniques que ça ne nous aurait pas surpris plus que cela. Ha ! En voilà une qui n’a jamais rien compris à rien ! Et d’ailleurs, que disait-elle sur l’Euro ?
Elle disait que l’Euro :
- créerait des « déséquilibres financiers » entre les pays et un « chômage de masse » ;
- contraindrait à faire « d’énormes transferts financiers d’un pays à l’autre » ;
- déclencherait de « vastes mouvements migratoires entre les pays » ;
- que l’Allemagne serait « la voix dominante » dans la Banque Centrale Européenne.
C’était en octobre 1990, il y a 22 ans. Heureusement qu’on n’a pas écouté cette vieille sorcière qui racontait n’importe quoi !
Heureusement qu’on a des Barbier, des Cohen et des Giesbert pour éclairer notre lanterne !
Mathieu Vasseur