Vous l’aurez sans doute compris, l’auteur a eu bien du mal à mettre des cédilles dans son titre, car le « résultat » finalement obtenu par notre ministre du Redressement Productif -malgré le nom bien improbable de son portefeuille ministériel- est très loin d’être bandant, et donne même carrément envie de tirer la chasse avant de sortir prendre l’air.
Depuis des semaines, l’ex d’Audrey Pulvar nous l’avait pourtant crié sur tous les tons, tonné sur toutes les ondes, asséné sur tous les plateaux de télévision : l’Etat était de retour et entendait mettre un frein à la désindustrialisation mortifère qui sévit en France et dans tous les domaines depuis des décennies. Cette fois, la désindustrialisation honnie ne passerait pas par la sidérurgie française ! Lakshmi Mittal persona non grata en France par ci, nationalisation de Florange par là, puis repreneur « sérieux » sorti d’un chapeau et prêt à investir plus de 400 millions d’euros à Florange en cerise sur le gâteau… L’ancien candidat à la présidentielle, le champion de la démondialisation à la socialiste, après ses premiers mois de tâtonnements en tant que ministre et avec en point d’orgue sa une grotesque en marinière du Parisien Magazine prenait enfin toute sa dimension : la chenille se muait en papillon, et on allait voir ce qu’on allait voir !
Et bien on a vu… Car à l’arrivée, pas de nationalisation, pas d’éjection de Mittal, pas de 400 millions d’euros pour Florange. Vendredi, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a sifflé la fin de la récréation pour son ministre de la « débandade improductive », et l’a sèchement renvoyé jouer dans son bac à sable avec ses outils en plastique même pas made in France.
Bien-sûr, l’ancien maire de Nantes a prétendu que cette menace de nationalisation du site était rendue caduque par les « concessions » obtenues de l’industriel indien. Vous avez dit concessions ? Voyons donc cela :
Notre premier sinistre a finalement annoncé qu’Arcelor-Mittal acceptait d’investir 180 millions d’euros sur cinq ans (on est très loin des 400 millions du père noël Montebourg) dans la partie transformation de l’acier… Mais qu’il n’était pas pour autant question de rallumer les hauts-fourneaux de Florange ! La multinationale s’engage seulement à assurer leur maintien dans un état qui permette éventuellement de lancer un jour le projet Ulcos, cette technologie non aboutie qui autoriserait une production d’acier plus écologique grâce à un captage du CO2 rejeté. Un projet très hypothétique donc, qui devrait en plus recevoir l’aval de… La Commission européenne, le jour où il serait enfin réalisable. C’est dire à quel point cette « solution » enfin pérenne relève de la science-fiction !
Ayrault a aussi affirmé qu’il n’y aurait pas de plan social à Florange… Mais des « réductions de postes » à travers ces fameux départs anticipés à la retraite qui servent de faux-nez chaque fois qu’un employeur veut réduire sa « masse salariale » (comme ils disent si joliment). Bref, beaucoup moins d’emplois, mais sans les mots qui fâchent. Avouez que cela change tout.
Enfin, Montebourg nous avait fièrement annoncé un repreneur sérieux… Ayrault a déclaré qu’« il n’y avait pas de repreneur crédible et ferme ». Et pan sur le nez de son ministre !
Les syndicats, baladés depuis des semaines par le gouvernement, sont donc aujourd’hui chargés d’apporter cette « bonne nouvelle » aux salariés du site : bon courage, camarades !
Au final… Contredit, désavoué, Arnaud a affirmé aussitôt qu’il n’était pas question de quitter le navire. Il est vrai que contremaître du Titanic hollandien, c’est un emploi de prestige, un hochet qui vaut bien d’avaler quelques couleuvres, fussent-elles de la taille d’un diplodocus. Comme une vulgaire Cécile Duflot (vulgaire… Duflot… On frôle le pléonasme), Montebourg s’accroche donc fermement à son portefeuille de ministre. Le ridicule ne tue pas, et il paraît donc que Montebourg est encore vivant. Il paraît, mais est-ce donc si sûr ?
En tous les cas, même dans le cas fort improbable où il aurait subitement -comme d’autres ont une révélation mystique- un sursaut d’honneur et déciderait enfin de claquer la porte du gouvernement, nul besoin de s’inquiéter pour son avenir : après un tel épisode, les portes de tous les cirques de France, d’Europe et même du monde lui resteront toujours grandes ouvertes : ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de voir en action un clown d’un tel niveau !
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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