Ce qui est formidable en cette première année du quinquennat de Flambi, c’est que chaque jour qui passe enfonce un peu plus encore ce gouvernement socialiste censé combattre la financiarisation et la désindustrialisation de la France (c’est ce qu’il nous avait vendu durant la campagne présidentielle) dans le renoncement, pire encore, dans le reniement pur et simple des engagements de François Hollande. Europe, pacte budgétaire, Florange… La liste des trahisons de promesses de campagne du Président s’allonge sans cesse, et à une vitesse presque supersonique, faisant apparaître le déjà cynique abandon de la « réduction de la fracture sociale » par Jacques Chirac quelques mois à peine après son élection de 1995 pour une simple blague d’amateur. Avec le binôme Hollande-Ayrault, on va beaucoup « plus vite, plus haut, plus fort », comme aurait pu le dire le baron Pierre de Coubertin.
Ce jeudi 13 décembre et durant son voyage au Maroc, le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait osé vanter les mérites de ce qu’il avait alors appelé les « colocalisations », un néologisme particulièrement cynique et même carrément faux-cul pour requalifier les délocalisations de ces dernières années qui, après avoir presque totalement détruit l’industrie française, touchent aujourd’hui et en se multipliant les métiers de service, notamment en direction du Maroc.
Parmi les perles -on devrait écrire les énormités- enfilées avec zèle par notre premier sinistre à l’occasion de ce voyage, il convient de relever quelques phrases qui feront date dans l’anthologie pourtant déjà sacrément fournie de la démagogie politicarde française. Ayrault parla ainsi lors du forum économique franco-marocain qui se tenait dans la capitale économique du royaume et évoquant cette fameuse « colocalisation » d’une « chance à saisir pour la France, pour ses entreprises, comme pour ses salariés »… Je n’invente rien, et j’espère que les futurs licenciés apprécieront. Il osa encore ajouter : « Notre objectif est bien-sûr d’éviter ce que l’on craint souvent en France -et je le comprends fort bien- des délocalisations qui portent sur l’ensemble d’un processus industriel… En revanche une colocalisation industrielle, si elle résulte d’une analyse fine de la valeur ajoutée sur toute la chaîne de production et les avantages compétitifs de chaque site, elle peut être bénéfique et soutenir l’activité des deux côtés de la Méditerranée »… Relisez ce petit bijou de novlangue politicienne qui mériterait d’être honoré du Prix Lyssenko du Club de l’Horloge pour cette année 2012. Oui, relisez, cela en vaut vraiment la peine… Et La Plume offrira un écran plat au premier lecteur qui pourra expliquer comment cette politique du laisser-faire, du renoncement, du reniement pourrait « soutenir l’activité » de notre côté de la Méditerranée !
Aux dernières nouvelles, Arnaud Montebourg, qui avait fustigé dans ses premières déclarations de ministre les délocalisations, affirmant même vouloir rapatrier certains centres d’appels marocains en France, et donc une nouvelle fois roulé dans la farine par le Premier Ministre, n’a toujours pas démissionné… Mais bon… On ne tire pas sur une ambulance, encore moins sur un corbillard. Sic transit gloria mundi.
Dans un de ses sketches, le regretté Coluche disait « donnez-nous tout votre pétrole, on vous laissera tout votre charbon ». C’est en gros ce que pourrait aujourd’hui nous dire le Roi du Maroc, mais aussi demain les dirigeants de l’Algérie ou de la Tunisie, et la liste est loin d’être exhaustive. Les entreprises de service françaises se délocalisent en masse aujourd’hui de l’autre côté de la méditerranée , et ne resteront bientôt plus en France que les emplois non délocalisables : nounous, femmes de ménage, aides soignantes, vigiles, balayeurs, techniciens de voirie, éboueurs… Emplois qui sont et seront demain encore et en très grande majorité occupés… Par des ressortissants étrangers, et plus particulièrement africains ! La boucle est presque bouclée, la messe presque dite.
Mais le plus beau reste pourtant encore à venir : non content de ne pas combattre et même louer les délocalisations, le gouvernement Ayrault va… Les financer ! Le MUNCI, principal syndicat d’informaticiens français, vient en effet de dénoncer le prêt accordé par notre gouvernement à Casanearshore, une zone franche marocaine spécialisée dans la sous-traitance de grands groupes français. Prêt de 100 millions d’euros annoncé le 12 décembre, à l’occasion du déplacement du Premier Ministre au Maroc. Le MUNCI déclarant dans son communiqué : « La France est en déficit, des mesures d’austérité (notamment budgétaires) sont imposées à tous, le chômage progresse fortement dans notre pays, y compris dans l’informatique, mais notre Premier ministre n’a pas trouvé mieux que de favoriser les délocalisations vers le Maroc d’emplois dans les centres d’appel, les services informatiques et les processus métiers ! ». Au dernières nouvelles, on attend encore les communiqués rageurs des principaux syndicats français, notamment des deux premiers d’entre eux : la CGT et la CFDT… Mais il est vrai qu’ils avaient ces derniers jours beaucoup mieux à faire : descendre dans la rue à l’appel de LGBT pour défendre… Le mariage homo !
Coluche disait encore : « syndicats ? Caca ! » Avouons qu’il sera bien difficile de lui donner tort sur ce coup là…
Marc LEROY – La Plume à Gratter
Ils sont en effet extraordinaires ces types. Quand je vous disais qu’on avait touché le gros lot!
Amitiés.