Europe

David Cameron : le coup de poker de l’oligarchie – Par Pierre Hillard

27 janvier 20130
David Cameron : le coup de poker de l’oligarchie – Par Pierre Hillard 5.00/5 1 votes

Publié le : 26 janvier 2013

Source : bvoltaire.fr

Le discours du Premier ministre britannique, David Cameron, promettant d’organiser d’ici à 2017 un référendum pour ou contre l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, indique que nous sommes à la croisée des chemins. En effet, plusieurs éléments se télescopent. L’idée circule que le Parlement européen s’autoproclamerait « Constituante » dans la foulée des élections européennes de 2014. Ainsi, l’équivalent d’une Grundgesetz (« la Loi Fondamentale »), régentant l’Europe selon les principes du fédéralisme germanique, s’imposerait. L’Angleterre devrait soit y adhérer – et se fondre complètement dans un cadre supranational – soit se retirer. Or, les cinq principes défendus dans le discours de Cameron au sujet de l’Europe (compétitivité, flexibilité, subsidiarité, démocratie et justice) ne sont valables que dans le cadre d’un marché unique. Pour le reste, le Royaume-Uni veut échapper au pouvoir supranational de Bruxelles. Les propos du Premier ministre anglais annoncent une nouvelle architecture de l’Europe en liaison avec le gendarme œuvrant en faveur d’une fédéralisation du vieux continent : l’Allemagne.

D’ici à 2017, des pourparlers vont s’engager pour remodeler les structures liant la Grande-Bretagne à l’Europe. Il faut bien avoir à l’esprit que les élites britanniques, en particulier issues de la Fabian Society, sont acquises à l’idée d’unification continentale à la condition expresse que cela se fasse sous direction et selon les normes anglo-saxonnes. L’institut anglais Federal Union, créé en 1938 par l’oligarchie britannique, en particulier par Lord Lothian et Lionel Curtis, est membre de l’Union of European Federalists (UEF). Le but de l’UEF est de promouvoir le fédéralisme européen. Son dirigeant est le député anglais au Parlement européen, Andrew Duff, membre, entre autre, du très influent « Groupe Spinelli ». C’est le même Andrew Duff qui a joué un rôle déterminant, en liaison avec la Fondation Bertelsmann, pour relancer « la Constitution Giscard » devenue le Traité de Lisbonne.

L’Angleterre ne quitte pas véritablement l’UE, elle se repositionne par rapport au continent. Dans la stratégie mondialiste, il a été décidé de créer un bloc euro-atlantique réunissant l’UE et l’Amérique du Nord (théoriquement entre 2014/2015). Le très puissant think tank, le Transatlantic Policy Network (TPN), dirigé par un autre député anglais au Parlement européen, James Elles, agit à marche forcée pour respecter l’échéance. L’objectif est d’aboutir à un « Accord de croissance économique transatlantique » (ACET) instaurant une zone de libre-échange levant toutes les barrières protectionnistes. Le débat lancé par David Cameron n’est que la conséquence d’un marchandage entre élites américaines, européennes et anglaises qui cherchent à se répartir la manne financière de la première zone économique du monde en cours de construction : le marché transatlantique. Nous assistons à la réalisation d’un projet énoncé, dès 1950, par Richard de Coudenhove-Kalergi, président de la Paneurope et porte-parole d’une élite silencieuse et efficace, appelant dans son discours à « la réunion d’une Constituante par des élections généralisées pour élaborer une constitution fédérale » assurant du coup la création d’une « Union atlantique », véritable « Fédération à trois » permettant à l’Angleterre de faire « le pont entre l’Amérique et l’Europe » (1). Les événements actuels montrent que nous sommes en train d’assister à un coup de poker magistral de la part de l’oligarchie.

Pierre Hillard

(1) http://www.karlspreis.de/preistraeger/1950/rede_von_richard_nikolaus_graf_coudehove_kalergi.html

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