Publié le : 10 février 2013
Source : bvoltaire.fr
Vendredi en fin de matinée, Philippe Brillault, maire du Chesnay, conseiller général des Yvelines et mandataire de la pétition contre le mariage gay, entouré de Frigide Barjot et plusieurs autres membres du collectif de La manif pour tous a tenu une conférence de presse, sur le lieu même où sont réceptionnées et comptabilisées les signatures.
Philippe Brillault est à l’image de toute la résistance qui s’organise depuis des semaines : Le maire sans histoire d’une ville tranquille que rien n’obligeait à secouer son confort pour prendre la tête de ce mouvement, si ce n’est un solide bon sens, une conscience d’élu, et sans doute un métier de médecin de famille près des réalités de la vie.
Car la réalité, c’est tout ce qui compte : que la presse n’ait pas mis plus de zèle à venir l’écouter et que les journalistes ne se marchent pas sur les pieds ne semble pas le perturber. La réalité, ici, est physiquement palpable. Il y a ces innombrables caisses de courrier, péniblement brinquebalées chaque matin par des facteurs éberlués qui ont vu le trafic de leur bureau de poste majoré de 40 %, et auquel on offre le café pour se faire pardonner ce surcroît de travail. Il y a ces 300 bénévoles de tous poils qui, sans se lasser, viennent faire les trois huit dans ce qui ressemble à une ruche ou atelier surpeuplé de travailleurs clandestins pour décacheter, vérifier, compter, classer tout cela. Il y a surtout ce pari complètement dingue et en passe d’être remporté de rassembler en dix jours, sans autre moyen qu’internet et le bouche à oreille, 500 000 signatures à destination d’une obscure commission dont personne ne soupçonnait l’existence il y a encore un mois.
Philippe Brillault vendredi, a annoncé officiellement avoir d’ores et déjà 430 000 exemplaires signés 1, sans compter les 5 à 10 000 papiers « litigieux », auquel manque une mention indispensable et dont une cellule dévolue à cet effet s’efforce dans un minutieux travail de fourmi de retrouver l’expéditeur. Sur les tableaux préparés pour la presse, il montre, pourcentages à l’appui, une France qui se couvre chaque jour un peu plus, département après département, d’un rose manteau d’opposants au mariage pour tous. Et les DOM TOM ne sont pas en reste, bien au contraire, comme le montre cette grosse caisse en provenance de la Guyane, le fief de Christine Taubira, que l’on vient déposer sur une table à côté de lui, et que la foule des bénévoles présents dans la salle ovationne.
Philippe Brillault, auquel les soirées de veille à ouvrir les enveloppes n’ont entamé ni l’humour ni la détermination, rigole déjà à imaginer la tête du portier du CESE (Conseil économique, social et environnemental), vendredi matin prochain lorsque, dès potron-minet, il ira sonner poliment à la porte pour y déposer son colis un tout petit peu encombrant. Il cite la phrase célèbre de Liancourt à Louis XVI : « C’est une révolte ? Non, sire, c’est une révolution » avant d’évoquer, d’une façon moins policée, « la France profonde qui a toujours fermé sa gueule et qui est en train de l’ouvrir ». Et qui l’ouvrira de plus en plus grande si Hollande persiste à faire son vieillard sourdingue qui fait mine de ne rien entendre… Jusqu’à le forcer à mettre son sonotone.
Dimanche matin, deux jours après la conférence de presse, un happening « cortège nuptial » a bloqué les Champs-Elysées. C’est le gouvernement qui ne devait pas être à la noce.
Gabrielle Cluzel