La Plume parcourt le Net

Il a tué Carla, il ressort libre du tribunal… Par Gabrielle Cluzel

15 février 20130
Il a tué Carla, il ressort libre du tribunal… Par Gabrielle Cluzel 5.00/5 1 votes

Publié le :14 février 2013

Source : bvoltaire.fr

En juin 2011, à Florensac dans l’Hérault, Carla, 13 ans, était assassinée, rouée de coups par un adolescent de 15 ans devant son collège.

Mercredi, le tribunal a rendu son verdict : le coupable, âgé donc aujourd’hui de 17 ans, a été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, et aucun mandat de dépôt n’ayant été délivré, il a quitté le Palais de justice libre, sous les insultes des proches de Carla indignés.

Du côté de la victime, on parle de « catastrophe judiciaire », les avocats du garçon, eux, se disent soulagés : « Même si les conséquences sont dramatiques, il ne sert à rien de le renvoyer dans les geôles. Il est conscient de la gravité des faits, mais c’est un enfant. » a affirmé l’un deux. « Il faut qu’au moins un des deux jeunes puisse se reconstruire », a renchéri l’autre.

Vu sous cet angle… Si l’un des deux doit se « reconstruire », en effet, à six pieds sous terre, Carla n’est pas la bonne candidate. Forcément, il n’en reste plus qu’un, le meurtrier. C’est un raisonnement assez novateur qui, après tout, pourrait faire jurisprudence en droit pénal : la vie de la victime est déjà foutue, ça serait quand même dommage d’aller en plus gâcher celle de l’assassin. Vous voyez ? Un peu comme si le crime tuait deux fois, la justice ne peut quand même pas laisser faire ça. Astucieuse comme elle est, cette avocate ira loin. Je conseille vivement aux serial killers qui nous lisent de prendre contact avec elle.

L’argumentaire de son confrère est plus éculé : « C’est un enfant. » Oui, mais de cela, justement, est-ce qu’il est bien sûr ? Parce que, lorsqu’on lit pendant son petit déjeuner l’article du Midi libre intitulé « Affaire Carla à Florensac : scènes ordinaires de violence entre collégiens », on avale son café de travers. Question ambiance, c’est plus Millénium que Le Clan des sept ou Fantômette. Éloignez votre grand-mère de l’écran de cet ordinateur, nous encore, nous sommes mithridatisés, mais elle, la pauvrette…

Au départ de toute cette affaire, une « querelle amoureuse » : Carla (13 ans, 5ème, je vous rappelle qu’à cet âge, nombre de fillettes ne sont pas encore réglées) reprochait à la petite sœur de celui qui allait devenir son assassin, par Facebook et sms interposés, d’avoir eu une relation sexuelle avec un garçon dont elle était amoureuse, ledit garçon ayant reconnu d’ailleurs depuis que ladite petite sœur lui avait fait une fellation. D’où des échanges de coups et de menaces de « viol dans les toilettes ». Et l’altercation fatale.

Alors, je le répète : Sont-ce encore des enfants, et peut-on encore les juger comme tels ? La révolution sexuelle a eu cela de pénible qu’elle a fait comme toutes les révolutions : un bras d’honneur à l’expérience consciencieusement empilée par des générations, une expérience qui, en matière d’éducation, ne servait pas qu’à emmerder le monde.

Sûr que la non-mixité, le manque de proximité entre les garçons et les filles à l’âge de la puberté, ça leur donnait l’air un peu godiche. Sûr que la coercition scolaire qui les tenait licou serré, c’était parfois énervant.

Au départ, quand on a ouvert les vannes, c’était plutôt mignon. Mais maintenant, disons que l’on a des petits soucis, et les gentilles dames — excellentes profs au demeurant — qui trustent l’éducation nationale peinent un peu à s’interposer face à de grands gaillards de 15 ans qui, comme à Florensac, pratiquent la boxe et ne sont plus tellement intimidés par les jeunes filles en fleur. Quarante ans pour passer de Diabolo Menthe à Orange Mécanique.

Pas complètement quand même : rassurez-vous la justice, elle, est restée aussi vert tendre que le film de Diane Kurys. Ce sont des enfants on vous dit.

En Haute-Loire, cinq mois après Carla, Agnès (pas tout à fait 14 ans) était violée et assassinée par un de ses camarades (17 ans) du collège Cévenol. On attend impatiemment le verdict.

Gabrielle Cluzel

EmailPrintFriendlyBookmark/FavoritesFacebookShare

Mots clés : ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*