Depuis maintenant plusieurs semaines, le feuilleton du scandale de la viande de cheval ne cesse de nous proposer, jour après jour, de nouveaux épisodes plus extravagants les uns que les autres… Présentée au départ comme une malencontreuse erreur, presque une innocente étourderie, la découverte fortuite en Grande-Bretagne de viande de cheval dans des plats cuisinés censés contenir de la viande de bœuf et étiquetés comme tels s’avère n’être en fait que la face visible d’un gigantesque iceberg, d’une escroquerie alimentaire majeure, d’un dysfonctionnement structurel généralisé du circuit alimentaire en Europe, plus grave encore d’une incurie totale des mécanismes de contrôle sanitaire, tous phénomènes qui doivent beaucoup (pour ne pas dire tout) à la dé-construction européenne mise en œuvre par les oligarques fédéralistes béats qui nous gouvernent.
Les contrôles enclenchés par l’état français pour répondre à l’inquiétude des consommateurs ont donc finalement mis à jour le caractère très répandu, presque systématique de la fraude. C’est ce que nous révèlent les premiers résultats annoncés ce mardi par le Ministre de la Consommation, Benoît Hamon. La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) a procédé ces derniers jours à 138 prélèvements dans 121 établissements. Or, sur les dix premiers prélèvements, neuf contenaient au moins 1% de viande de cheval. Rien que cela !
Quatre nouvelles filières en plus de celle passant par la société Spanghero ont d’ores et déjà été identifiées… Draap Trading, le trader néerlandais qui fournissait de la viande roumaine à Spanghero, est carrément impliqué dans trois d’entre elles. Il fournissait par exemple Gel Alpes, lui-même fournisseur de William-Saurin (qui vend aussi sous marque Panzani et marque distributeur). Cette même entreprise néerlandaise livrait également -et sans être exhaustif- de la viande en provenance d’Estonie et de Pologne à Covi, une entreprise des Deux-Sèvres qui produit du corned beef, et de la viande polonaise à Toupnot, une société de Lourdes.
Du massacre des chevaux au scandale alimentaire, il n’y a qu’un pas… européiste
En fait, comme le disait Périco Légasse, cet afflux subit, ce « tsunami » de viande de cheval qui s’est déversé frauduleusement et de façon quasi généralisée un peu partout sur le continent a bien eu à l’origine une simple et unique cause : l’Europe. Ou plutôt, l’Union Européenne telle que la conçoit la technostructure fédéraliste et libéralo-maniaque qui la dirige. En effet, les pays de l’est, parmi les derniers entrants dans l’Union (Pologne et Roumanie notamment), utilisaient encore quantité de chevaux de trait pour faire fonctionner leur agriculture. Les règlements rigides et aveugles mis en place par les eurocrates qui nous gouvernent -et pour des raisons prétendument « hygiéniques »- ont décrété que cette situation devait cesser au plus vite. Du coup, ce sont des centaines de milliers de ces malheureux équidés qui ont été systématiquement envoyés aux abattoirs et à l’équarrissage. Des quantités astronomiques de viande de cheval se sont donc retrouvées du jour au lendemain sur le marché, à des prix défiant toute concurrence, car il fallait bien écouler le plus vite possible des stocks aussi gigantesques. Dès lors que l’on obtenait ainsi des prix particulièrement bas, l’industrie agroalimentaire se mit aussitôt à entendre, elle, bénéfices potentiels particulièrement haut … La tentation devenait du coup trop belle, trop forte, pour des industriels qu’on voue aujourd’hui dans les médias aux gémonies, mais qui ne se sont en l’occurrence comportés que comme de bons petits soldats zélés de ce libéralisme fou que promeut l’Europe de Bruxelles depuis des décennies au nom de la sacro-sainte « concurrence libre » (et prétendument non faussée).
« De cheval ou de bœuf, la viande reste de la viande… Du moment qu’elle est saine… » ! C’est grosso modo l’argument sidérant que nous ont dans un premier temps servi les principaux médias, tentant ainsi de relativiser la portée, la gravité du scandale. Les relativistes béats de cette invraisemblable escroquerie alimentaire nous avaient d’ailleurs interprété à peu près la même chanson lors d’un précédent scandale (depuis carrément et opportunément glissé sous le tapis de la bien-pensance médiatique) : celui de la généralisation systématique -pour là encore des raisons de pur profit- de l’abattage hallal en France. Le consommateur était là aussi prié de garder son calme, de s’informer, de comparer… mais allez vérifier, dans des plats préparés, du corned beef ou des raviolis, la nature et les conditions d’abattage de la viande que vous consommez, surtout quand l’étiquette vous ment !
Pologne… Roumanie… Italie… Estonie… Pays-Bas… France… Chypre… Allemagne… Luxembourg… Grande-Bretagne… Belgique : Le surréaliste tour d’Europe de la fraude
L’implication évidente, la responsabilité, la culpabilité même de la structure de l’Union Européenne à vingt-huit (et en attendant la suite) dans ce scandale, cette escroquerie alimentaire généralisée ne fait pas l’ombre d’un doute. Il suffit pour cela de prendre connaissance des parcours surréalistes que la viande équine d’Europe de l’est a empruntés pour parvenir jusqu’à nos assiettes :
Pour Findus, à l’origine du scandale, la viande roumaine avait été achetée par la société Spanghero (basée dans le sud-ouest de la France) auprès d’un trader chypriote, qui avait lui-même sous-traité la commande à un autre trader situé… aux Pays-Bas. La société Spanghero avait ensuite revendu la marchandise à Comigel, une société basée à Metz et spécialisée dans la fabrication de plats surgelés. Une fois la viande réceptionnée, les lasagnes, hachis et autres moussaka étaient préparés… au Luxembourg.
En ce qui concerne Davigel, filiale de Nestlé dont les lasagnes contenaient également de la viande de cheval, le circuit passait par un abattoir italien, un négociant belge… et un atelier de transformation allemand !
Et ce ne sont que deux exemples parmi beaucoup d’autres de cette folie qui s’est répandue -on le sait donc aujourd’hui- dans toute l’Europe.
Pour tenter de faire semblant d’éteindre l’incendie, notre Ministre de la Consommation «bara-Tintin Hamon » demande donc aujourd’hui à Bruxelles et la main sur le cœur un étiquetage mentionnant le pays d’origine. Etiquetage qui n’est actuellement pas obligatoire pour des produits carnés transformés en provenance de l’Union européenne, « concurrence libre et non faussée » oblige. Mieux vaut très tard que jamais, me direz-vous… Et il déclare à ce sujet que « le nombre de pays favorables au marquage augmente ». Ce qui veut en réalité dire que malgré cette invraisemblable et scandaleuse affaire, il est encore une large majorité de pays en Europe… qui s’y oppose ! Et pour cause : tous ou presque semblant bien y avoir trouvé, d’une manière ou d’une autre, leur compte. Et tant pis pour les consommateurs qui ont été trompés, et les centaines de milliers de chevaux qui ont été massacrés.
Le scandale de la viande de cheval n’est donc au final certainement pas une fâcheuse anomalie, une regrettable indélicatesse d’entrepreneur trop avide qu’il faudrait savoir relativiser, comme veulent nous le faire croire nos médias : il s’agit bien d’une conséquence directe, logique et qui se répètera (sans doute même d’ores et déjà un simple exemple parmi beaucoup d’autres encore méconnus) des dérives inévitablement induites par la construction européenne technocratique et ultra-libérale telle qu’elle s’est développée lors des dernières décennies, avec la complicité plus qu’active de presque tous les dirigeants des pays qui la composent (et bien souvent, comme en France, aux Pays-Bas, en Irlande, en Grèce, aujourd’hui en Italie, en contradiction totale avec leurs opinions publiques). Peut-on dès lors trouver un exemple plus parlant, plus définitif, pour enfin comprendre que l’Europe libérale à vocation fédérale est destructrice, barbare, mortifère, et qu’il convient désormais pour la France d’en sortir, le plus rapidement possible ?
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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