Publié le : 20 mars 2013
Source : bvoltaire.fr
Sont-ce ses échecs répétés, aux élections présidentielle et d’Hénin-Beaumont où, par deux fois, il se fit damer le pion par Marine Le Pen, qui l’ont conduit à une telle fébrilité ? Toujours est-il que Jean-Luc Mélenchon paraît désormais assez proche du « nervous breakdown » diagnostiqué par Jean Lefebvre, dans Les Tontons flingueurs.
Ainsi, lors des obsèques du président Hugo Chàvez, il s’emporte contre Victorin Lurel, ministre des Outremers. Le crime de ce dernier ? Avoir déclaré ceci : « Il était tout mignon, frais, apaisé comme peuvent l’être les traits de quelqu’un de mort. On avait un Hugo Chàvez pas joufflu comme on le voyait après sa maladie… » Si Mélenchon connaissait mieux l’âme antillaise – Victorin Lurel est natif de la Guadeloupe –, il n’aurait sûrement pas évoqué « le Solférinien arrogant et méprisant [qui] a vite percé sous le masque de l’homme des Caraïbes. Comment a-t-il pu avoir l’audace de parler d’un mort sur le ton de la blague ? » Eh oui, c’est comme ça, là-bas. La mort y fait partie de la vie, parce que les morts continuent d’y côtoyer les vivants, religion omniprésente oblige, qu’il s’agisse du culte catholique ou de celui, polythéiste, des descendants d’esclaves venus d’Afrique. On y parle légèrement des choses graves et avec gravité des choses légères. La preuve en est qu’après le lyrisme affectueux, le ministre incriminé affirmait dans un registre plus politique, à propos du défunt : « Toutes choses égales par ailleurs, Chàvez, c’est de Gaulle plus Léon Blum. De Gaulle parce qu’il a changé fondamentalement les institutions et puis Léon Blum, c’est-à-dire le Front populaire, parce qu’il a lutté contre les injustices. »
Il s’agit là plus d’un fait que d’une opinion. Mais allez expliquer cela à un analphabète politique du calibre de Jean-François Copé et à la majeure partie des dignitaires socialistes qui se sont étranglés de rage…
La religion, disions-nous, qu’elle soit aux couleurs caribéennes ou vaticanes, paraît donc poser un sérieux problème au pape du Front de gauche.
À Rome, il a toujours reproché son faste et sa pompe. C’est vrai qu’en matière de luxe, vingt années passées à pantoufler au Sénat, maison de retraite la plus luxueuse de France, ont fait de lui un orfèvre en la matière. Aujourd’hui, il est au bord de la crise de nerfs parce que ce mardi, jour où Jorge Mario Bergoglio est officiellement devenu François, la France était représentée par Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius, alors qu’elle ne l’était, à l’enterrement d’Hugo Chàvez, que par le Victorin Lurel en question.
Sur le second point, difficile de ne pas lui donner raison ; sur le premier, en revanche… Mélenchon ignore-t-il que le catholicisme est la seule religion au monde à disposer d’un siège d’observateur à l’ONU ? Que le Pape a le rang de chef d’État ? Que le Vatican est nation souveraine, battant monnaie, possédant radio et journal quotidien officiels, entretenant des légations diplomatiques partout dans le monde ? Certes, il se gausse d’un François Hollande ayant naguère critiqué la visite officielle de Nicolas Sarkozy au Vatican, mais jamais l’actuel Président n’avait fait de l’anticléricalisme à front de veau un étendard électoral.
Au fait, et encore à propos de faste et de pompe, Mélenchon n’est-t-il pas franc-maçon revendiqué ? Des frères trois points, il est aussi licite de railler la fortune, les carambouilles financières et même les rites : tabliers, titres dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’ils sont tous plus grotesques les uns que les autres. Il reproche à des ministres d’aller saluer un chef d’État, mais que dire de ces autres élus ou candidats à l’élection qui viennent se faire auditionner au Grand Orient de France, son obédience, afin non point d’y rendre une visite de courtoisie, mais d’y passer un examen de conscience républicaine ? Bref, de s’y faire confesser en attente d’éventuelle absolution laïque…
Alors, ce n’est pas parce que Jean-Luc Mélenchon tape là où il faut, une fois de temps à autre, qu’il doit se sentir obligé de nous fatiguer le reste du temps.
Nicoals Gauthier