Publié le : 25 mars 2013
Source : lesalonbeige.blogs.com
« Par trois fois, nous avons appelé nos sympathisants à soutenir et participer aux manifestations organisées par la « Manif pour Tous », au nom d’une certaine idée que nous nous faisions de l’unité, du service du Bien commun et du combat pour le respect de certaines valeurs que nous défendons.
Par trois fois, comme de nombreux militants, je me suis déplacée parce que je voulais croire que ce mouvement qui, initialement, ne l’oubliez pas, et j’en ai été le témoin direct, s’est appuyé totalement sur les bénévoles de la Marche pour la Vie et l’expérience acquise par ceux qui ont œuvré sans relâche, avec détermination au sein de ces marches depuis 8 ans, pourrait aboutir à un véritable mouvement de résistance. Ce terme de résistance ne peut d’ailleurs qu’être le seul mot d’ordre parce que nous savons qu’en face de nous, ne nous y méprenons pas, nous avons affaire à de véritables promoteurs de la culture de mort qui n’hésitent pas à faire appel au mensonge, à la manipulation et au terrorisme intellectuel pour aboutir à leurs fins. Face à eux, il n’est pas question de se montrer faibles, tièdes, naïfs, ou habités de trop bonnes intentions. Attitudes qui, inexorablement seraient traduites par nos adversaires comme une démission de notre part …et avec lesquelles nous n’obtiendrons rien, sinon du mépris, des ricanements et une tentation de compromission…
Nombreux sont vos propres manifestants à avoir été scandalisés et à avoir dénoncé les violences policières intolérables et inexcusables à l’encontre de personnes pacifistes tels que des enfants. Face à de telles provocations, nombreux et parmi lesquels, des anciens ministres, des députés et autres politiques, sont ceux qui ont demandé au moins la démission de Manuel Valls et du préfet de police qui dit « être intervenu contre des extrémistes et des violents » : mais des témoignages et photos montrent des personnes âgées, des enfants, des familles : sont-ils considérés par la Police et votre propre organisation comme des violents ?
Alors, comment parallèlement, ne pas nous sentir aussi trahis par notre propre camp lorsque nous constatons qu’aucun organisateur de la manifestation n’ose dénoncer les violences à l’encontre de ses propres manifestants ? Est-ce une attitude digne de chefs de grands mouvements de ne pas être solidaires de ses propres membres? Quid des juristes, dont le réseau et la ténacité ont pourtant tant été mis en avant ce dimanche ? Irez-vous solliciter ces derniers pour défendre les victimes injustement interpellées ?
Le courage, et je tiens à vous le rappeler, ne réside pas dans notre capacité à réunir 1 million de personnes ; le vrai courage réside dans la capacité à défendre ces mêmes personnes lorsque la force en face est plus importante que la nôtre et ce d’autant plus lorsqu’il s’agit d’enfants.
Lorsque l’on est responsable d’une telle manifestation, il ne s’agit pas seulement de se gonfler d’orgueil en récoltant déjà la récompense de ses efforts par le seul sentiment de la victoire numéraire ! Si nous ne redoublons d’humilité , la tentation est grande, alors, de croire que toute cette foule nous appartient et que c’est à nous de la faire devenir ce que nous voulons qu’elle soit. Et si, par malheur, quelques membres décidaient de penser autrement, alors ils seraient méprisés, rejetés, condamnés.N’est-ce pas ce qui est en train de se produire pour la Manif pour tous ?
Je ne m’étendrai pas sur les propos scandaleux de Frigide Barjot qui, malheureusement, a fait preuve d’autant de mépris vis à vis de ces familles malmenées en les traitant de « fachos » que François Hollande en a eu pour tous les manifestants. Je me demande simplement : depuis quand la manif pour tous ne défend plus le droit des enfants, de ses propres enfants ?
Lorsque l’on est responsable d’une telle manifestation, il s’agit aussi de savoir endosser ses propres responsabilités en étant de vrais porte-parole du peuple que l’on a mis dans la rue.
Mais, à ce jour, force est de constater que je n’ai pas vu ni entendu de votre part, une seule parole compassionnelle vis-à-vis des enfants « gazés » et de leurs familles, pas un seul mot sur la violence policière ni de simples conseils sur les démarches à suivre pour porter plainte contre les forces de l’ordre qui ont abusé de leur pouvoir. C’est bien vous, pourtant, « la manif pour tous », qui prétendait faire beaucoup de bruit, faire vaciller le gouvernement, ne rien lâcher..Alors pourquoi, sur un sujet aussi grave, restez-vous silencieux ? De quoi avez-vous peur ? Quels risques prenez-vous à dénoncer la violence dont vos propres membres ont fait l’objet ? Déplaire au gouvernement ? Ternir votre image, vous qui avez cherché à tout prix à rentrer, coûte que coûte, dans les exigences imposées aujourd’hui par la « com’ » et la médiatisation? N’oubliez jamais qu’on ne peut se prétendre responsable d’un mouvement lorsque l’on n’est pas prêt à se sentir responsable, au sens paternel du terme, de chacun de ses membres ! Si vous préférez soutenir les agresseurs plutôt que les victimes et abandonner vos manifestants au milieu de la bataille parce que vous ne voulez pas vous salir les mains, alors nous n’avons pas la même conception de ce qu’est un combat…Parfois les paroles sont vaines si elles ne sont pas suivies d’actes simples ou héroïques …Nous savons qui nous sommes dans notre capacité à affronter l’adversité et ses difficultés. Je vous laisse juges…
A présent, bien consciente de l’énergie que chacun de vous, organisateurs, avez mobilisée depuis des mois, et pour laquelle vous devez être remerciés, je ne peux cependant que prendre acte des diverses déclarations pour le moins mal placées faites par Frigide Barjot, de votre silence assourdissant quant aux actes de violence de la police et aux mensonges du gouvernement quant à ceux-ci, du retrait soudain (obligé ?) de Béatrice Bourges en tant que porte-parole et qui pourtant fut au cœur de ce combat et je ne peux que me placer aux côtés de ceux qui, loin d’accepter de se laisser museler, savent encore défendre non seulement leurs convictions mais aussi leurs « enfants » dans un véritable esprit de Resistance.