Publié le : 25 mars 2013
Source : ndf.fr
Ils n’étaient ni des extrémistes violents, ni une poignée d’individus…
Ils étaient des milliers d’enfants, en poussette, sur les épaules de leurs parents ou dressés sur leurs guibolles, main dans la main de leurs aïeux ou entourés de leurs cousins, de leurs amis.
Ils avaient le sourire aux lèvres, arborant leurs étendards bleu, blanc ou rose, faisant tournoyer énergiquement leurs ballons aussi gonflés que leurs poumons enflés par l’hymne national. Ils étaient fiers de le chanter, ça leur donnait le sentiment d’être un peu de grands sportifs…
Ils n’étaient pas « utilisés comme arme de dissuasion » pour franchir les barrières. Ils étaient venus tellement nombreux et il y avait si peu de place…La foule continuait d’affluer de toute part, nul ne pouvait stopper son flux et les forces de police ne savaient plus comment la contenir : alors, ils ont vu les gendarmes (ces mêmes militaires auxquels ils pensaient il y a peu) appliquer les ordres, les gazer pour les disséminer. Femmes, enfants, vieillards, handicapés, asthmatiques… peu importe, allons-y, les ordres sont les ordres…
Cela ne vous rappelle rien ?
Lorsque Jean-Luc Roméro explique sur Europe 1 qu’emmener à la manifestation contre le mariage gay des enfants dont plusieurs sont des homosexuels qui s’ignorent, risque de les empêcher de faire leur coming out sur leur préférence sexuelle à l’adolescence, mon cœur bondit…
Lorsque j’entends les médias dire qu’il est irresponsable de manifester en famille pour la défense de la famille, je m’étonne que de tels propos n’aient pas été tenus en d’autres rassemblements. Y aurait-il deux sortes d’enfants ? Ceux qui sont aimés parce qu’élevés par des parents homosexuels et dont la présence aux manifestations est un acte citoyen, voire un témoignage, voire même un exemple ? Et d’autres qui sont forcément embrigadés, utilisés, asservis, par des parents homophobes ?
Que se passera-t-il après le 24 mars ? C’était là la grande question des médias hier soir…
Je peux vous donner un début de réponse à très court terme. Dès le 25 mars au matin, après un réveil difficile, expliquez à vos enfants que, malgré le gazage de la veille, le rôle de la police est de les protéger (je vous accorde le droit de bafouiller pour vous justifier devant une telle contradiction). Tout en remplissant les bols de lait, vous pouvez reprendre tranquillement les fondamentaux de la Seconde guerre mondiale au programme de vos aînés : rassurez les sur la nécessité du devoir de mémoire « pour que cela ne se reproduise plus » pensé par nos faiseurs de programmes scolaires (à vos risques et périls pour la crédibilité de vos propos !). Et terminez par le petit dernier qui essaie de fredonner l’hymne national qu’il avait envie de connaître aussi bien que les autres la veille, en pleurant son étendard perdu dans la fuite de la veille : parlez-lui de liberté et d’amour de son pays ; vous prenez certes moins de risques car tous vos propos ne sont pas très compréhensibles pour un enfant de son âge, mais justement, cela vous évitera d’être contredit et vous permettra de partir à l’heure au bureau après avoir essayé de rendre à vos enfants ce que l’État leur a volé le premier dimanche de printemps 2013… au nom de l’ouverture aux autres !
O’Reilly