Publié le : 30 mars 2013
Source : froufroudanslesfeuilles.blogspot.fr
Quelques-unes de mes collègues ont pris leur retraite avant l’heure, voilà deux ans. Elles avaient 45, 50 ans. Parfois moins. Leur statut de mère de trois enfants le leur permettait, après quinze ans de service et voilà deux ans, cet avantage, réservé aux fonctionnaires, a été supprimé. D’où leur décision de s’arrêter.
Très récemment, une amie qui a bénéficié de cette mesure m’appelle. Elle est donc en retraite et touche une rente à ce titre. Pas grasse, la rente, certes, mais une rente tout de même. L’inspection académique de Seine-Saint-Denis lui a téléphoné, comme à plusieurs autres retraitées anticipées, pour lui proposer un job. Je vous le donne en mille: maîtresse d’école vacataire. Tarif: 15, 80 euros l’heure. Et des point bonus pour ceux qui atterrissent en zone sensible. Emploi du temps modulable. Journée, mi-temps, en alternance une semaine sur deux. Le tout avec amabilité et même, gentillesse. Le tapis rouge.
Intriguée, elle se renseigne auprès de son ancienne inspectrice de circonscription (en gros, de commune). Là, à sa stupeur, on lui parle sans langue de bois. « Quatre cents personnes ne sont pas remplacées sur le département. Les jeunes qui démarrent démissionnent ». Parole d’inspectrice. Pour démissionner ainsi en masse par ces temps de pénurie de boulot, c’est dire comme le job est sympa.
Alors mon amie a accepté, pour le beurre dans les épinards. L’administration, trop heureuse d’avoir récupéré une vraie enseignante, au lieu d’un pauvre diable recruté à Pôle Emploi, lui fait toutes sortes de facilités pour la satisfaire.
C’est ainsi qu’elle a atterri dans une école près de chez elle, pour occuper un poste à mi-temps.
Elle déchante.
Sa classe de CE1 a été mise en pièces par une succession d’absurdités. Deux enseignants se la partageaient: un nouvellement nommé et une stagiaire. J’avoue que je m’y perds un peu dans la multitude de statuts, si bien que je ne me souviens plus de quel genre de stagiaire il s’agissait. Sans doute quelqu’un qui potasse son master 2. Peu importe. Le fait est que depuis que Sarkozy a décidé que le master 2 tenait lieu de formation, les nouveaux sont catapultés dans les classes sans autre forme de procès. En général, ça se passe mal. Très mal. Alors, comme on a besoin de profs, on les garde quand même, mais pour éclaircir la noirceur du tableau, l’administration les déménagent dans d’autres classes.
C’est ce qui s’est passé ici. Mon amie vient remplacer un master 2 balancé dans la cage aux lions, qui ne s’en sort pas. La stagiaire, elle, n’est pas là en permanence. Alors, ce sont d’autres stagiaires ou personne qui assurent l’alternance.
Dans ces conditions, bien sûr, les enfants n’apprennent rien et, plus grave, prennent l’habitude de considérer la classe comme une activité intermédiaire entre la fête foraine et la caserne au gré des adultes qui passent. Voilà où nous en sommes. Inévitablement, je m’interroge. Ne vaudrait-il pas mieux que Monsieur Peillon prenne la mesure de ces urgences-là, au lieu de dépenser nos maigres sous pour sa réforme des rythmes scolaires ? Non. Pendant que l’école se délite, il encourage des gens déjà retraités à faire le même boulot.
Il y a quelque chose de pourri quelque-part…
Io Froufrou
Plus facile de s’en prendre aux rythmes scolaires qu’aux méthodes débiles prônées depuis 40 ans au moins.
Et sans parler de la question des publics scolaires !
Ni des programmes…