Publié le : 22 avril 2013
Source : leplus.nouvelobs.com
M. Hollande, arrêtez, la démocratie a déjà perdu
En tant qu’homosexuel, depuis le début de mon engagement, je ne me bats pas pour un parti politique, qu’il soit de droite ou de gauche, encore moins pour une communauté.
Je hais le communautarisme, je me bats en mon âme et conscience pour que chaque enfant ait un père et une mère. Je me bats en tant que citoyen sur une question de société et qui s’étonne de voir en première ligne des élus certes de la République, mais d’extrême droite, comme Gilbert Collard dont la présence à la Manif pour tous aux côtés de Frigide Barjot et Christine Boutin a été très remarquée.
Si j’avais été hétérosexuel, je me serais battu tout autant aux côtés de La Manif pour tous ; c’est-à-dire du côté de la raison !
Mon engagement n’a rien à voir avec mon orientation sexuelle.
Cette loi n’est pas un progrès de civilisation
Je me suis engagé parce que si l’on a un minimum de compassion, et j’utilise ce terme à bon escient, pour l’être humain, on ne peut pas décemment accepter de priver un enfant de ses repères sociétaux.
Je me suis engagé parce que, si dans vingt ans, je croise un jeune homme ou une jeune femme issus d’un couple de même sexe, je ne veux pas qu’il ou qu’elle m’accuse de lui avoir ôté la possibilité d’avoir un père et une mère comme tout enfant, qu’il soit issu de parents divorcés, recomposés ou unis, mais un père et une mère !
Je me suis engagé parce que mon manque d’enfant ne doit pas avoir pour conséquence de priver un enfant de l’affection d’une mère.
Je me suis engagé parce que je ne veux pas, parce que je suis un être responsable, répondre un jour à mon enfant qui me demandera qui est sa mère, que celle-ci n’a pas d’autre identité qu’un numéro de talon de mon carnet de chèque.
Je me suis engagé parce que donner la possibilité à des personnes de même sexe d’avoir un enfant ne doit pas être la volonté d’une poignée de militants gays de vouloir créer volontairement des orphelins de père ou de mère, ce qui n’est en rien un progrès de civilisation.
Je me suis engagé parce que, depuis des mois, je sais, nous savons tous, que la loi Taubira est l’arbre qui cache la forêt de la PMA et de la GPA.
Je me suis engagé parce que cette loi n’est en réalité réclamée en rien par les homosexuels.
Je ne veux pas être responsable de ce génocide sociétal
Les bonnes âmes, et elles ne manqueront pas, relayées par les médias-complices de ce futur génocide sociétal, nous dirons que nous avons perdu… mais ce n’est pas nous qui avons perdu.
C’est la démocratie qui a perdu, lorsqu’il y a déni des plus hautes instances de la nation sur les chiffres réels du peuple qui descend dans la rue. C’est la démocratie qui a perdu, lorsqu’il y a déni des plus hautes instances de la nation lorsqu’on dépose 700.000 signatures dans la troisième assemblée de France et qu’elles restent sans réponse.
C’est la démocratie qui a perdu, lorsqu’il y a déni des plus hautes instances de la nation sur ce que souhaitent réellement les Français et leurs représentants, en faisant voter à mains levées les sénateurs ou en présentant à la hâte à l’Assemblée nationale la loi Taubira en deuxième lecture sous prétexte fallacieux de préserver la paix sociale.
C’est l’enfant qui a perdu, en le privant sciemment de père ou de mère. C’est l’enfant qui a perdu, en lui confisquant son droit à une légitime filiation. C’est l’enfant qui a perdu, en privant sa descendance de tout repère. C’est l’enfant qui a perdu, en le privant de son égalité vis-à-vis des autres enfants reconnus d’un père et d’une mère.
Ce sont les prétendants à l’adoption qui ont perdu. Pour eux, il était déjà très difficile de pouvoir adopter un enfant. Désormais cela leur sera impossible. Les pays fermants un à un les portes de l’adoption.
Ce sont les homosexuels qui ont perdu. Cette loi, et je dis bien cette loi, pas ceux qui descendent dans la rue pour la combattre, à créé de l’homophobie. Chaque jour, les faits-divers malheureusement le démontrent. Ce sont les homosexuels qui ont perdu, en nous faisant croire que nous sommes différents en droits.
Oui, en son temps, une loi pour reconnaître l’homosexualité était nécessaire. Oui, en son temps, une loi pour combattre l’homophobie était nécessaire. Non, aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de revêtir une robe de mariée pour avoir les mêmes droits que tout un chacun. L’amélioration du PACS était nécessaire. Des textes de loi nous donnant les mêmes avantages en matière de santé, de logement, de retraites étaient nécessaires. Pas cette manipulation législative par un groupuscule communautariste.
Le désir d’enfant, et je le sais, est une réalité sincère et douloureuse, mais nous homosexuels, nous n’avons pas à demander, pour autant, à la société de bricoler quelque chose pour transformer cette réalité-là.
La femme et l’enfant ne sont pas des marchandises
Nous citoyens, hommes et femmes de raisons, nous avons levé des consciences, nous avons dit haut et fort que la femme n’est pas une marchandise.
Nous citoyens, hommes et femmes de raisons, nous voulons poursuivre le combat en faveur de l’Homme. L’enfant tout comme la femme n’est pas une marchandise, pas plus que l’embryon et son exploitation honteuse et avalisée par les mêmes gouvernants.
Nous citoyens, hommes et femmes de raisons, que nous soyons homosexuels ou hétérosexuels poursuivons et poursuivrons notre droit chemin. Le sujet n’est pas notre sexualité, mais celui d’êtres humains responsables qui veulent laisser derrière eux une planète où l’Homme avec un grand « H » ne devient pas une valeur marchande comme le souhaite Pierre Bergé en disant : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? »
La gauche, pour ceux qui en doutaient encore, n’a plus, depuis longtemps, le monopole du cœur. Il est quand même effarant que ce soit sous leur quinquennat que soit instituée l’exploitation de l’homme par l’homme. Comme je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises, la GPA va créer une importante discrimination d’ordre social en spoliant de leur intégrité physique les femmes les plus défavorisées culturellement et financièrement.
Monsieur le président de la République, vous qui avez accepté de nous recevoir il y a quelques mois (lire mon témoignage), le soir de votre élection, le 6 mai, à Tulle, vous avez demandé, je vous cite, « À être jugé sur deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse« .
Si vous voulez respecter un engagement, respectez alors celui-là. Soyez réellement le président de la justice et de la jeunesse. Justice pour tout enfant à avoir droit à une filiation. Et donnez la chance à la jeunesse à venir d’avoir une boussole dans une société assez chamboulée pour ne pas en rajouter davantage.
Monsieur le président de la République on vous le demande au nom des générations à venir et dans l’intérêt moral de notrenation, ne promulguez pas cette loi !
Jean-Pier Delaume-Myard