La fondation IFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), a publié récemment une étude évidemment passée totalement sous silence par le système médiatique français. Elle ne manque pourtant pas d’intérêt : elle met notamment à jour la politique incroyablement favorable à l’art con(temporain) mise en œuvre depuis des années à travers tout le territoire, que ce soit au niveau municipal, départemental, régional ou national.
L’IFRAP a ainsi recensé pas moins de 146.000 « œuvres » d’art contemporain dans les collections de l’État, des collectivités régionales ou locales, EN PLUS de celles qui se trouvent effectivement déjà dans les musées nationaux ! Un chiffre déjà absolument invraisemblable, mais sans doute pourtant loin d’être exhaustif, pour des « œuvres » qui n’attirent très majoritairement à elles -lorsqu’elles sont seulement exposées- qu’un public généralement composé d’un bobo, d’une chauve et de trois tondus…. Ces petites merveilles de « branchitude » sont généralement achetées par des services culturels régionaux richement dotés ou plus directement par les FRAC (Fonds Régionaus d’Art Contemporain), souvent à l’occasion de la construction de nouveaux bâtiments publics. Plus préoccupant, l’IFRAP démontre que ces collections totalement ignorées ou presque par le public génèrent des dépenses de fonctionnement en augmentation exponentielle pour l’Etat et les collectivités territoriales. Pour notamment exposer leur trésors abscons, les FRAC font d’ailleurs actuellement construire un peu partout en France des musées (23 nouveaux musées d’art contemporain en projet, alors qu’il en existe déjà plus d’une cinquantaine !), pour des dizaines de millions d’euros. Une nouvelle facture qui, comme presque toutes celles de l’art contemporain, sera bien entendu réglée par les impôts de contribuables français qui n’ont naturellement pas voix au chapitre…
Fric… FRAC… (1), tout ou presque est résumé en deux mots ! Nous entrons en récession, l’industrie s’effondre, le chômage explose, la dette se creuse à une vitesse vertigineuse, l’Etat taxe à tout va les citoyens dès lors qu’ils sont imposables… la France vend les bijoux de famille, et se vend elle-même comme une putain de bas étage et par petits morceaux pour les dollars sans odeur du Qatar… Mais entasse, à tous les étages de l’administration, nationale ou régionale, des montagnes de fausses œuvres d’art qui n’intéressent et n’intéresseront jamais personne… Décidemment, la petite entreprise de l’art contemporain, elle, ne connaît pas la crise !
Un simple exemple valant souvent bien mieux qu’un long discours, voici un petit aperçu en images d’un de ces délirants musées d’art contemporain qui fleurissent un peu partout en France. Ici, le musée FRAC de Rennes, inauguré par Aurélie Filipetti, Ministre de la Culture, et Jean-Yves Le Drian, en juillet 2012 :
L’intérieur du bâtiment (5 000 m2) et son impressionnant monte-charge transparent de 4 m de long, 2 m de large et 2 m de haut, le plus grand de France avec celui du Centre Beaubourg
Alignements du XXIe siècle, une « œuvre » d’Aurélie Nemours, devant le musée
Installation d’ardoises au sol, de Richard Long
Une autre oeuvre d’art du FRAC de Rennes…
Non, ce n’est pas Cruella Devil échappée des 101 Dalmatiens, mais Odile Decq, l’architecte du musée FRAC de Rennes… Qui a touché le jack-pot !
Marc LEROY – La Plume à Gratter
(1) Fric-frac, définition : vol avec effraction, cambriolage. → voir casse
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