Publié le : 16 mai 2013
Source : bvoltaire.fr
À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’association SOS homophobie vient de sortir son 17e rapport, intitulé « Les homophobes à la noce ». (On ne manquera pas de noter la fine allusion.)
Qu’y lit-on ? Que l’homophobie est en forte progression. C’était déjà ce qu’ils disaient l’an dernier dans le 16e rapport, et il y a deux ans aussi dans le 15e rapport, mais ça ne les empêche pas d’ajouter — ce n’est pas le temps que ça prend — que cette augmentation est liée sans conteste à l’opposition contre la loi dite du « mariage pour tous ». Ben ça alors, quelle surprise, vraiment on ne s’y attendait pas !
Le rapport est essentiellement fondé sur des témoignages, et on en compterait cette année 27 % de plus qu’en 2011. Des témoignages pour le moins hétéroclites, allant de l’agression physique à la sortie d’un bar, au « sale pédé » dans une cour de récréation, en passant par « l’homophobie sociale », en très forte hausse, notamment sur Internet. Vous ignorez encore ce qu’est « l’homophobie sociale » ? Il faudrait peut-être vous mettre en vitesse au parfum, sous peine de vous faire flasher par les radars de SOS homophobie avant d’avoir eu le temps de dire ouf.
L’association appelle « homophobie sociale », « les contenus qui relèvent de la liberté d’expression sans verser dans l’insulte, la diffamation, ou l’incitation à la haine » mais sous-tendent « une homophobie latente ». Et qu’est-ce qu’une homophobie latente ? Une homophobie que personne ne voit puisqu’elle n’est pas apparente… mais dont l’existence, selon Élisabeth Ronzier, est prouvée par le fait que « la personne qui a signalé les propos à SOS homophobie s’est trouvée blessée ». Le corps du délit n’est donc plus le propos lui-même mais le « ressenti » de celui qui l’aura lu ou entendu. C’est la susceptibilité de celui qui la rapporte qui constitue l’infraction. C’est, on en conviendra, assez original. Mais ce n’est pas tout. Le rapport explique aussi que « le refus de l’égalité des droits est en lui-même une forme d’homophobie ».
Tout devient plus clair. Sur Internet comme dans la rue, le fait même de s’opposer à ce « droit » du mariage pour tous — même gentiment, poliment, avec toute la mesure et la délicatesse possibles — constitue, par essence, un acte caractérisé d’homophobie sociale. Un manifestant homophobe est un pléonasme, et toutes les dénégations, protestations, justifications, démonstrations d’empathie, dons aux œuvres caritatives LGBT, promenades avec un rainbow flag ceint autour de la taille en guise de paréo ou que sais-je encore, ne sauraient donc arriver à prouver le contraire.
Alors forcément, à chaque grande mobilisation, selon que l’on se place du point de vue de la police ou des organisateurs, ce sont entre 300.000 et 1.000.000 d’actes à caractère homophobe qui sont perpétrés. Autant dire que les chiffres du rapport annuel de SOS homophobie ne sont pas près de dégonfler…
Mais le gouvernement lui-même ne devrait pas la ramener. Car, si l’on pousse jusqu’au bout la logique de « l’homophobie-refus-de-l’égalité-des-droits », Hollande a lui aussi le caleçon breneux. Refuser la légalisation de la GPA, maintenir cette « inégalité de droits » entre les lesbiennes qui, de par leur conformation, ont déjà accès bon an mal an à une PMA artisanale (avec un donneur dégoté sur Internet et une seringue achetée à la pharmacie), avant d’accéder bientôt, c’est certain, à une PMA dans les règles de l’art (mieux admise dans l’opinion publique que la GPA), et les gays, privés d’une vraie procréation biologique, du plaisir de tenir dans leurs bras la chair de leur chair, parce que la nature, cette garce homophobe et discriminante, ne les a pas dotés d’un utérus, n’est-il pas un acte « d’homophobie sociale » caractérisé ?
Gabrielle Cluzel