Publié le : 26 mai 2013
Source : bvoltaire.fr
Au Front de gauche, on se serait bien passé de cette histoire… Anna Rosso-Roig, ex-candidate rouge aux dernières législatives, se présentera en 2014 aux municipales de Marseille sur la liste du… Rassemblement Bleu Marine. Petitesse oblige, ses anciens amis l’accusent de carriérisme. La blonde et blanche coucherait avec l’ennemi… Mais était-ce si imprévisible que cela ? Est-ce une véritable trahison ? Et de qui ? Certainement pas des travailleurs…
Février 1981, Montigny-lès-Cormeilles, discours de Georges Marchais (alors secrétaire général du PC) : « La cote d’alerte est atteinte… C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage… Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. » Un discours qu’aujourd’hui les antifas qualifieraient d’extrémiste, de nationaliste… Il témoigne surtout du changement effectué en profondeur dans le choix des combats du PC et du PS, son petit frère historique. Mais si le PS s’est tourné définitivement vers le libéralisme (« La gauche a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation », Hollande, février 2012), l’erreur de Mélenchon, l’ex-chef de la « traîtresse », est de ne pas avoir compris que le logiciel « travailleurs contre patrons » n’était plus valable à l’épreuve du mondialisme.
Mélenchon vit politiquement en conservant artificiellement une opposition d’un autre temps, extrême droite contre extrême gauche, qu’il n’arrive pas à lâcher… Et pour cause : il se retrouverait voisin de palier de Marine Le Pen, au diapason sur des pans entiers de son programme. Aujourd’hui, le seul clivage valable en matière de protection des salariés et des ouvriers est l’appartenance aux mondialistes ou aux souverainistes. Dans ce cadre-là, le Front national a une avance électorale considérable et une véritable analyse de realpolitik.
Rien alors de bien illogique dans la démarche d’Anna Rosso-Roig. Au contraire, on voit ici le comportement cohérent d’une femme préoccupée par les intérêts du peuple. On peut même y voir le courage de ceux qui traversent le Rubicon. Tant qu’un nouveau Marchais ne verra pas le jour dans le nid de la gauche, le Front national tirera les marrons du feu. Vu la réaction des élus rouges sur l’affaire, Marine Le Pen a un bel avenir de rassembleuse devant elle…
Franck Vinrech