Publié le : 06 septembre 2013
Source : bvoltaire.fr
Ah, Marseille ! Cette fois, l‘affaire vient d’être révélée par La Provence, mais elle date un peu. Les faits se sont déroulés dans l’hôpital Nord il y a trois semaines. Ce n’est pas la faute du canard s’il sert du réchauffé, mais celle des victimes qui, par peur des représailles, ont préféré se taire. Le professeur Thomas, éminent spécialiste de la greffe pulmonaire, témoigne : « Dans la nuit, un patient est sorti de sa chambre et a fait irruption dans les couloirs du service, un revolver à la main. Il interdisait à quiconque d’entrer ou de sortir de l’unité, menaçant de buter le premier qui désobéirait ou qui donnerait l’alerte. » Il avait été opéré d’une blessure par balle reçue dans un bar lors d’un règlement de comptes. « Il était convaincu que ses agresseurs le cherchaient partout dans l’hôpital pour l’exécuter. Alors il s’est fait amener une arme par un ami à lui. »
La prise d’otages a pris fin grâce à l’intervention de la police. L’individu a été appréhendé mais a pu repartir libre, son arme n’a pas été retrouvée. Tout est bien qui finit bien. Plus de peur que de mal. Beaucoup de bruit pour rien. C’est en substance ce que disent Jean-Claude Gaudin, maire UMP de Marseille, Jean-Michel Budet, directeur adjoint des hôpitaux de Marseille, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux Personnes handicapées, et Manuel Valls en personne.
Pour le premier, il ne faut pas « dramatiser » : « Avant de dramatiser cette situation, je demanderai surtout pourquoi les infirmières n’ont pas voulu le dire. » C’est peut-être elles, au fait, qu’il faudrait sanctionner ? Ben alors, les filles, ça veut dire quoi, ça ? Vous ne voyez pas que vos postures de trouillardes font peur aux braves gens ? Pire, leur laissent entrevoir la « vraie » situation à Marseille ? À moins qu’au contraire, il faille les féliciter. Si, comme elles, les Français devenaient un peu plus sensés et arrêtaient de porter plainte, ce serait tout bénéfice pour les statistiques de la délinquance et donc pour les hommes politiques.
Pour les trois autres, le terme de « prise d’otages » serait très exagéré. Valls insiste : « Les mots ont leur importance. » D’accord. On appelle ça comment, alors ? Une partie de tennis ? C’est bête, on a perdu la raquette. Avec les balles, aussi. Nadal était un peu nerveux, vous ne trouvez pas ? Quoi qu’il en soit, Manuel Valls – qui devait sans doute être présent cette nuit-là, planqué sous un lit entre deux bassins, tant il sait mieux que tout le monde ce qui s’est passé – réfute absolument ce qu’a écrit La Provence. Méfiez-vous des professeurs de pneumologie, hein, ils sont réputés pour être un peu mythomanes.
Audrey Jolibois, représentante syndicale de FO, visiblement plus « au contact » que ce quarteron de notables, ne semble pas, comme c’est bizarre, partager leurs délicatesses sémantiques : « Le personnel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions dans la sécurité. Ce type de situation devient banal ! »
Le maire PS des XVe et XVIe arrondissement de Marseille, Samia Ghali, encore plus alarmiste, réclame carrément la présence de l’armée dans les hôpitaux marseillais. « On met des militaires dans les gares, peut-être que dans les hôpitaux, c’est ce qu’on devrait faire aussi. Il n’y a rien de choquant. » On peut aussi en mettre à la Sécu, dans les écoles, les crèches et même, allons-y, derrière chaque vieille dame. Eux qui sont tellement nombreux, et se roulent les pouces avec ce président si peu va-t-en-guerre.
Alors évidemment, reste la police. Qui paraît-il en a ras le pompon de ne plus servir qu’à faire la peau aux honnêtes gens. Pour protester contre le projet de réforme pénale, Alliance, second syndicat de gardiens de la paix, a appelé les policiers à ne pas verbaliser lundi prochain.
Gabrielle Cluzel