Publié le : 06 septembre 2013
Source : bvoltaire.fr
Deux règlements de comptes en moins de 24 heures, quinze décès depuis le début de l’année, Marseille est bien partie pour, si ce n’est le battre, au moins égaler son record des dernières années, totalisant dans la ville et sa région près de la moitié des homicides entre malfaiteurs commis dans toute la France ces dernières années, sur fond de trafics en tous genres.
Qu’on flingue à tout va entre crapules n’est a priori pas le plus grand péril pesant sur la société française. Comme on dit : si ça gagne pas, ça débarrasse. Reste que, comme le soulèvent les commentateurs éberlués sur les plateaux de télévision, cette fièvre dézingueuse pose « de vraies questions », et notamment celle de la « banalisation de la violence » qui ne se répercute pas uniquement sur les petites frappes, loin s’en faut.
De l’avis de tous, nous n’avons plus affaire à des hors-la-loi qu’un code de l’honneur maintenait entre des bornes à peu près raisonnables ; la violence qui se pratique aujourd’hui est l’œuvre d’individus sans conscience ni valeurs, pour qui la vie d’autrui ne vaut rien ; des gens capables de tuer comme dans un jeu vidéo, pour reprendre les termes d’un commentateur.
Et les spécialistes et responsables politiques de s’interroger sur les causes de cette « flambée de violence », sur « l’absence de repères » de ces « jeunes », toujours un peu victimes, touchés par un taux de chômage qui, dans certains quartiers marseillais, atteint près de 50 %. Chômage toujours subi et jamais choisi, bien entendu, le trafic de drogue étant forcément la conséquence et en aucun cas la cause de ce chômage de masse chez les moins de 25 ans dans lesdits quartiers…
Chacun y va de sa petite solution. Des vœux pieux et rodomontades d’un Manuel Valls bien dans son rôle, aux propositions les plus saugrenues, on ose tout et c’est même à cela que l’on reconnaît les politiques et les plus fieffés experts. On ose par exemple, comme les écologistes Yannick Jadot et Karim Zéribi, ressortir l’idée de légalisation du commerce du cannabis selon cette logique fabuleuse qui consiste à s’adapter aux usages illégaux plutôt qu’à faire respecter la loi. Les règlements de comptes deviennent incontrôlables ? Légalisons l’homicide !
Ainsi que le faisait remarquer le député FN Gilbert Collard, ce à quoi nous assistons aujourd’hui est le résultat d’une politique du laisser-faire qui, depuis plusieurs décennies, favorise le développement d’une sous-culture de la racaille qui, de l’« incivilité », nous amène aujourd’hui à l’exécution en pleine rue à la Kalachnikov, avec toujours un point commun : l’impunité. Car ces voyous abattus – qui généralement n’ont pas de nom dans les journaux – n’ont pour l’instant guère de meurtriers présumés pour en répondre dans les tribunaux.
On ose tout, donc, sauf aborder les questions qui font peur, les « questions sensibles ». L’amalgame est proscrit entre gens autorisés, et on ne saurait établir un lien entre cette forme de criminalité tendant à se radicaliser (et à sortir des frontières marseillaises, comme à Colombes, en région parisienne) et la politique migratoire ayant façonné les quartiers devenus « sensibles », ces territoires qu’on se dispute aujourd’hui à l’arme de guerre.
François Delaître