Publié le : 01 octobre 2013
Source : lesalonbeige.blogs.com
A Strasbourg, [hier], dans une course contre la montre, plus de vingt parlementaires du Conseil de l’Europe ont signé un projet de déclaration contre la création d’embryons avec trois parents génétiques (au moins). “Les membres de l’assemblée parlementaire affirment que la création d’enfants avec du matériel génétique de plus de deux personnes géniteurs, proposée par l’Autorité d’embryologie et de fertilité humaine du Royaume-Uni, est incompatible avec la dignité humaine et le droit international.” » [voir le projet plus bas]
« Le Parlement britannique qui n’a pas ratifié la Convention d’Oviedo sur la protection du génome humain veut autoriser dans les prochaines semaines une technique appelée « remplacement mitochondrial » pour soigner une maladie rare. Cette manipulation fait appel à l’ADN de trois personnes et détruit un embryon sain pour en soigner un autre. Le droit à la vie de l’embryon sain n’est pas respecté et la technique utilisée permet le clonage.
Les premiers enfants nés génétiquement modifiés ne seront pas garantis, car une telle procédure n’est pas maîtrisable, ce seront des cobayes à vie qui transmettront leur nouvel ADN à leur descendance. La fondatrice de CORE « Comment on Reproductive Ethics » Joséphine Quintavalle a exposé les arguments scientifiques, juridiques et éthiques contre cette pratique eugéniste au cours d’une audition publique au Parlement. Les textes qui protègent la vie et l’embryon existent mais ils sont toujours remis en cause et affaiblis par des interprétations relativistes ou réductrices. CORE a répertorié de nombreux cas de femmes « donneuses » d’ovules qui sont devenues stériles ou ont eu des difficultés à avoir des enfants après une hyperstimulation ovarienne. Un documentaire a été produit pour attirer l’attention sur leur sort et avertir les femmes vulnérables qui risquent leur santé et même quelquefois leur vie pour un peu d’argent. Le Parlement Britannique sera-t-il sensible à la pression des parlementaires ? En Californie le Gouverneur Jerry Brown a récemment refusé une loi qui autorisait les chercheurs à acheter des ovules. Il a précisé que les risques pour la santé des femmes étaient trop élevés et que « tout n’est pas à vendre dans la vie ». Et comme disait un chercheur « je fais de la génétique mais pas de l’eugénisme ».
Anne Girault
(Présidente de Femina Europa, Représentante de l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC) au Conseil de l’Europe et à l’UNESCO)
———-
Projet de déclaration écrite de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur la création d’embryons avec du matériel génétique issu de plus de deux géniteurs
Considérant que la modification d’embryons humains précoces en vue de la procréation en agissant sur l’hérédité (ligne germinale) au travers de l’utilisation de matériel génétique externe à l’entièreté de l’information héréditaire des deux parents (leurs génomes) est une pratique eugéniste : Considérant que :
(1) La déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme de l’UNESCO indique, dans son article 24, que « les interventions sur la ligne germinale peuvent être considérées comme des pratiques contraires à la dignité humaine »
(2) La convention sur les droit de l’homme et la biomédecine du Conseil de l’Europe indique que :
Article 13 : Une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elle n’a pas pour but d’introduire une modification dans le génome de la descendance.
(3) La Charte des Droits fondamentaux de l’Union européenne indique dans son article 3 que « dans le cadre de la médecine et de la biologie, doivent notamment être respectés (…) l’interdiction des pratiques eugéniques, notamment celles qui ont pour but la sélection des personnes ».
Les membres signataires de l’Assemblée parlementaire ci-dessous affirment que la création d’enfants avec du matériel génétique de plus de deux personnes géniteurs comme proposée par l’Autorité d’embryologie et de fertilité humaine du Royaume-Uni est incompatible avec la dignité humaine et le droit international.