Préambule : La Plume à Gratter tient à préciser à ses lecteurs qu’après une prise d’information (articles, déclarations, programme) concernant le réel positionnement idéologique du mouvement politique grec Aube Dorée, il lui semble que le qualificatif de néo-nazi qui est attribué à ce parti grec par la presse française est totalement disproportionné, voire délirant (comme toujours). Ce mouvement lui semble bien plus poujadiste et réactionnaire qu’autre chose, à la rigueur d’extrême-droite (quoique ce terme fourre-tout ne veuille plus dire grand chose aujourd’hui). Ce qui qui fait d’ailleurs que je ne partage en rien ses positions (je ne me considère absolument pas comme étant de droite -ni de gauche d’ailleurs- et donc encore moins d’extrême-droite).
Toutefois, il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec quelqu’un, et loin s’en faut lorsque l’on se veut démocrate, pour constater l’injustice qui lui est faite par un état partisan et malhonnête. Dans cette affaire de l’arrestation des principaux dirigeants d’Aube Dorée, une affaire Méric puissance dix, une gigantesque opération anti-démocratique, une scandaleuse manipulation politico-médiatique semblent avoir été mises en oeuvre. C’est pourquoi je crois fort utile et instructif de reprendre sur La Plume ce témoignage de Costantino, l’un des militants historique d’Aube Dorée.
Marc LEROY – La Plume à Gratter
—–
Publié le : 03 octobre 2013
Source : voxnr.com
À moins de savoir assez bien le grec moderne pour pouvoir consulter le site officiel d’Aube Dorée, il est extrêmement difficile d’avoir sur les événements en cours une autre version que celle des grands médias. Le site Golden Dawn International tenu par des militants américains de l’Aube Dorée, n’a pas été mis à jour depuis plus d’une semaine.
Radio Bandiera Nera, la webradio du mouvement italien Casapound, a donc réalisé un entretien par Skype avec Costantino (Kostas), militant historique de l’Aube Dorée et animateur de l’émission hebdomadaire hellénophone, RBN Hellas. Costantino a fait ses études en Italie et est parfaitement bilingue. Diffusé en direct mardi à 18 heures, l’entretien est désormais disponible à la réécoute (*). Pour tous ceux qui, sans nécessairement partager toute l’idéologie ou approuver toutes les manières de faire du parti le plus honni d’Europe, veulent entendre une autre voix voici le texte de cet entretien traduit en français pour Novopress.
Que s’est-il réellement passé ?
Après la mort d’un jeune antifasciste, il y a deux semaines, à la suite d’un affrontement entre supporters de football dans la banlieue d’Athènes, la gauche, le centre, les socialistes et aussi la droite grecque ont commencé à attaquer Aube dorée. Les sondages nous attribuaient désormais plus de 15% au niveau national. Le numéro 3 de notre mouvement était donné par les sondages comme probable prochain maire d’Athènes, avec plus de 60% des intentions de vote. Vous pouvez imaginer ce que pouvait signifier conquérir la ville la plus importante de Grèce.
Et il a été arrêté lui aussi ?
Tout à fait. Il a été arrêté en même temps que notre premier secrétaire, que le secrétaire adjoint du parti, et que quatre autres députés qui faisaient partie du noyau historique d’Aube dorée – ce n’étaient pas des nouveaux venus. Ils savaient parfaitement qui arrêter. S’est alors ouverte une chasse au “fasciste” avec plus de 30 arrestations. Et ils n’ont pas encore terminé.
Les accusations sont terribles : la principale est l’association de malfaiteurs. Désormais tous les militants, et les électeurs, qui sont plus de cinq cent mille, sont traités de délinquants par les journaux télévisés et les radios. Et puis extorsion de fonds, détention d’armes. Ils découvriront sûrement des avions, des porte-avions, des chars d’assaut. Nous les avions pourtant bien cachés, tous les chars d’assaut que nous possédions.
Je dois ajouter que, la semaine dernière, ils ont fait arrêter quatre haut-gradés de la police pour liens présumés avec notre mouvement, ainsi que des agents des forces spéciales grecques. Vous pouvez voir qu’il s’est agi d’une attaque bien étudiée.
Ils ont en outre arrêté les nôtres un samedi, quand le parlement grec ne siégeait pas, et donc sans attendre un vote pour lever l’immunité de nos députés. C’est la première fois, non seulement en Grèce mais, je crois, dans toute l’Europe, que le premier secrétaire d’un parti, et qui est député, est arrêté sans vote du parlement.
Peux-tu nous expliquer comment fonctionnent exactement en Grèce les dispositions sur l’immunité parlementaire? Existe-t-il une loi du même genre qu’en Italie [et qu’en France, NdT] ?
Oui, il y a une loi du même genre. Si l’on veut arrêter un parlementaire, il faut aller au parlement et les députés doivent voter la levée de l’immunité. C’est ce que prévoiraient les normes démocratiques. Mais elles ne nous ont pas été appliquées à nous.
Voilà donc la situation judiciaire. Peux-tu nous parler à présent de la situation politique? Est-ce que le mouvement est en train de réagir? Dis-nous bien sûr seulement ce qu’il est opportun de dire en public.
Oui, même si notre leader est en prison, sa femme, qui est elle aussi députée, lui sert de porte-parole et est en contact avec lui. D’ici 3 ou 4 jours, nous verrons les développements, y compris judiciaires, mais nous sommes là.
Mais savez-vous comment ils font? Ils entrent dans les maisons des militants, ils trouvent des tee-shirts d’Aube dorée et des drapeaux grecs. À ce propos, le ministre de la justice a déclaré officiellement que la police avait le droit d’arrêter et de fouiller toute personne qui porte un drapeau grec dans la rue. Aujourd’hui donc, le drapeau grec est quelque chose de criminel. Pour le reste, ils ont tout au plus trouvé des armes-jouets à air comprimé.
Et puis cette semaine, le parlement votera une nouvelle loi “antiraciste” et vous pouvez imaginer quelles seront les règles.
Quelles sont les dispositions actuelles en Grèce? Existe-t-il une loi analogue à la loi Mancino [loi italienne de 1993, qui est l’équivalent, en beaucoup moins rigoureux, des lois Pleven et Gayssot en France, NdT] ?
Il existe une loi mais plutôt “douce”. Par exemple, il est permis d’utiliser le symbole du faisceau ou de faire le salut romain. La nouvelle loi que le parlement est sur le point d’approuver, en revanche, sera peut-être encore plus dure que la loi allemande.
Quelle a été la réaction des gens ordinaires ?
Dans toute cette affaire, c’est là que je peux dire quelque chose de positif: les gens ordinaires n’ont pas gobé ces mensonges. Je parle avec les gens et ils sont tous avec nous. Même des gens qui n’ont pas voté Aube dorée jusqu’ici, mais qui disent “à présent, je voterai pour elle!” La Grèce est un État qui traverse en ce moment une crise terrible, elle est probablement déjà en faillite, les banques nous ont tout pris, il y a le nouveau mémorandum [le nouveau plan d’austérité] qu’ils ont déjà voté et personne ne le sait, et pendant ce temps la presse parle d’Aube dorée.
Vous autres Italiens, du reste, vous avez vécu les années 1970, et vous savez ce qu’est le mensonge d’Etat. Mais cette fois, probablement, ils ont exagéré.
Nous avons bon moral et ceux qui le peuvent vont tous les jours protester devant le Palais de Justice, même au risque d’être arrêté. »