Les fidèles lecteurs de La Plume (mille mercis à eux !) savaient déjà tout le bien que je pense du Prix Nobel de la Paix, et ce n’est pas la première fois que les « sages » suédois se noient dans le ridicule. La remise de ce hochet bien-pensant s’il en est en 2012 à l’Union Européenne m’avait d’ailleurs déjà permis de m’exprimer sur le sujet. Mais il faut avouer que cette fois encore, les cuistres de La Haye se sont surpassés !
Car ils ont fait d’une pierre deux coups, prouvant dans le même mouvement qu’ils avaient toujours les yeux de Chimène (et on devrait même écrire ceux de Médor) pour ce cher Oncle Sam, et qu’ils étaient décidemment dramatiquement sous équipés en matière de roubignoles.
Fallait-il être foncièrement lâche, atlantiste et, osons donc l’écrire, fort peu « couillu » en effet, et après la séquence que nous venons de vivre ces derniers mois, pour attribuer le Nobel de la Paix à l’OIAC (que personne ou presque ne connaissait avant ce 11 octobre) plutôt qu’à celui qui venait bien et presque à lui seul, grâce à son obstination à défendre en cette occasion le droit international et la souveraineté des nations, de permettre de fait aux experts de la dite OIAC d’aller aujourd’hui tout simplement faire leur boulot en Syrie. J’ai bien-sûr nommé Vladimir Poutine.
Car c’est bien le patron du Kremlin, et non l’OIAC, qui a permis que la crise dramatique qui ensanglante depuis plus de deux ans la Syrie ne s’embrase encore un peu plus, s’étendant cette fois à tout le Moyen-Orient, voire ne dégénère presque inévitablement en une troisième guerre mondiale.
En effet, et alors que le gouvernement américain était tout prêt à satisfaire une fois de plus -en attendant l’Iran et comme le leur ordonnait presque ouvertement le tout puissant lobby pro-israélien AIPAC- son supérieur hiérarchique de Tel-Aviv, avec comme supplétif habituel la perfide Albion d’un David Cameron dans les starting-blocks et, surtout, un Normal 1er plus caniche de l’Amérique encore que ne l’était hier le Petit Nicolas, plus impérialiste au service de l’empire que l’empereur Obama lui-même, et en réalité carrément prêt à provoquer le chaos dans tout le Moyen-Orient pour tenter de raviver sa popularité hexagonale moribonde, Vladimir Poutine s’est dressé seul pour dire Niet à l’ONU et est parvenu, en grand maître des échecs de la géopolitique mondiale qu’il est, à provoquer dans un premier temps la baffe démocratique made in Great Britain infligée à Cameron par la Chambre des Communes, et dans le second à contraindre ce pauvre Barack à une pathétique capitulation en rase campagne. Une guerre (mondiale ?) avortée donc in extremis qui a tout de même laissé un mort sur le champ de bataille du ridicule : la France du Tartarin de la Hollandie (France qui est fort malheureusement également la nôtre).
A la rigueur, Edward Snowden aurait pu lui aussi faire un Nobel de la Paix tout à fait présentable : il avait dénoncé aux yeux du monde -en sacrifiant sa vie personnelle et au risque de sa liberté pour les décennies à venir si les USA avaient réussi à lui mettre la main dessus- les pratiques tout simplement totalitaires et crapuleuses en matière de droit international et de droits de l’homme de l’agence gouvernementale américaine NSA, la dite agence espionnant pour l’ami Obama et dans la plus totale illégalité la quasi-totalité des gouvernements et citoyens de la planète, alliés de l’OTAN compris. Sans nul doute l’un des scandales les plus retentissants à l’échelle mondiale depuis la fin de la seconde guerre du même nom. Cela aussi n’était donc pas assez méritoire pour le jury Nobel… et puis cela aurait tout autant fâché tonton Sam ! Un Edward Snowden d’ailleurs sauvé des geôles étasuniennes alors que les Ponce Pilate européens et notamment notre France -soit-disant « Patrie des Droits de l’Homme »- s’en lavaient carrément les mains par …Vladimir Poutine ! Tiens, tiens, encore lui !
Nos guignols de La Haye avaient attribué en 2009 un Prix Nobel de la Paix en chocolat au premier président « noir » des Etats-Unis (oui, je sais, c’est un peu facile, mais ça m’amuse) sans que celui-ci ait pourtant jamais fait quoi que ce soit pour justifier sa breloque. Et le moins que l’on puisse dire c’est que depuis cette date, de Guantanamo à la Syrie en passant par la Libye ou donc le scandale de la NSA, il n’a pas fait grand-chose de plus à même de confirmer sa grotesque récompense ! Les mêmes guignols refusent donc aujourd’hui d’honorer un autre président, russe cette fois (ceci expliquant sans doute cela) qui vient lui d’éviter un cataclysme au Moyen-Orient susceptible de dégénérer en guerre mondiale… Il est vrai qu’il vaut bien mieux être américain que russe pour décrocher la thymbale suédoise (1) ! Vous avez dit pathétique ?
Alors, et pour finir : à quand la remise d’un Prix Nobel de l’obscène, ou du ridicule ? En tout cas, si l’une ou l’autre de ces nouvelles catégories était finalement honorée demain, « Charité bien ordonnée... » et vous connaissez la suite !
Marc LEROY – La Plume à Gratter
1) Au total et depuis sa création en 1901 : 22 Prix Nobel russes pour…167 Nobel américains, et carrément pour nos chers ricains… 23 Nobel de la Paix, dont certains vraiment pas piqués des hannetons, et 2 seulement pour la Russie, ou plutôt pour l’ex-URSS : Sakharov, le père de la bombe H soviétique -ça ne s’invente pas !- et Gorbatchev… le principal fossoyeur de l’URSS certes, certes, mais aussi et peut-être surtout celui qui a au final laissé son pays dans le chaos, la misère et entre les griffes acérées d’une oligarchie spoliatrice et mafieuse dont la Russie parvient tout juste à se libérer aujourd’hui grâce à… Vladimir Poutine ! Tiens, tiens, toujours lui !
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