Ah, la vache ! Dans quelques secondes, vous reconnaitrez sans peine avec moi que cela faisait bien longtemps qu’il ne nous avait pas fait autant rire ! Le tout nouveau sketch de Guy Bedos est d’ores et déjà l’un des plus drôles, des plus gonflés, des plus déjantés que l’ex-premier comique de France nous ait jamais offert. Jugez-en plutôt :
Un vrai moment d’anthologie, non ? Tout d’abord, quel génie dans la mise en scène et le maquillage : blême comme un faux mort vivant hantant les rues d’une ville américaine en quête de bonbons un soir d’Halloween, l’œil vitreux, le teint cireux, la moumoute de travers, le papa du petit Nicolas (qui a de son côté réussi l’exploit peu banal d’avoir l’ego encore plus surdimensionné que celui de son père) atteint aussi des sommets dans la pitrerie grâce à un texte dont l’audace, la justesse, la mesure, la finesse feront sans nulle doute date dans l’histoire de l’humour -involontaire- à la française, culminant à un niveau de performance comique qu’il n’avait plus côtoyé ni même approché (même de très loin) depuis sa séparation d’avec la très regrettée Sophie Daumier. Cette dernière nous avait tragiquement quittés en 2004, atteinte d’un terrible mal, la chorée de Huntington, une maladie génétique qui entraîne une lente et irréversible dégénérescence neuronale. Il est troublant de voir ainsi son ex-compagnon, dix ans plus tard, visiblement au soir de sa vie, présenter à son tour des symptômes fort avancés du même mal. Ce que c’est que le destin, tout de même ! Et je ne peux m’empêcher d’imaginer le pauvre Pierre Desproges, assis au bord de son nuage, en train de contempler en pleurant son vieux pote se décomposer ainsi de son –presque- vivant.
La Plume avait (méchamment je le concède) tenté de vous faire rire aux dépends de la famille Bedos plus tôt dans l’année, dans son billet du 1er avril 2013. Force est de reconnaître qu’en matière de rigolade, elle était très loin du compte, si l’on compare sa piteuse tentative avec les prouesses dont est encore capable, bien que visiblement sénile à 99 %, le presque sosie de Philippe Sollers. Chapeau l’artiste ! « Comediente, tragediente !» qu’il nous disait dans un de ses vieux sketches… En effet !
On avait déjà eu il y a quelques jours l’exposition médiatique pénible, presque indécente d’un Jacques Chirac terriblement diminué. A présent, cette (dernière, il faut presque le souhaiter pour lui) sortie de Guy Bedos. Le grand Charles De Gaulle avait en son temps dit que la vieillesse était un naufrage… Il faut bien reconnaître que parfois… Et il faut bien dire également que la vision d’un tel spectacle apporte -et malgré mes énormes réticences initiales- de très sérieux arguments en faveur de la légalisation sans doute prochaine de l’euthanasie en république bananière et socialiste de Hollandie. On n’est tout de même pas des sauvages, bordel ! Et Sic transit gloria mundi…
Marc LEROY – La Plume à Gratter
Quelle déchéance ! Je dirai même plus, quelle décrépitude ! Décidément,
comme disait le Général de Gaulle, la vieillesse est un naufrage.
En effet, on ne peut humainement le laisser souffrir ainsi : il faut l’achever.
Amitiés.