Publié le : 26 décembre 2013
Source : bvoltaire.fr
Le gouvernement espagnol appliquera, en 2014, une mesure inscrite dans son programme visant à modifier les lois socialistes de 1985 et de 2010 qui avaient instauré un avortement parmi les plus permissifs au monde : jusqu’à 14, voire 22 semaines. Mais une fois encore, on peut constater le totalitarisme rampant qui règne dans nos médias : « l’Espagne recule », « un retour en arrière », « marche arrière », « régression », « le gouvernement s’attaque au droit à l’avortement », « atteinte au droit des femmes », « perte d’un acquis fondamental », etc…
À l’inverse, on pourrait dire, par exemple, que l’Espagne rétablit le droit à la vie, qu’elle restaure le droit de l’enfant à naître, qu’elle effectue un indéniable progrès en reconnaissant la valeur intrinsèque de la personne humaine en devenir, qui n’est pas une chose dont un autre être humain puisse disposer à son gré. On pourrait encore se féliciter de la fin d’un privilège, celui de la femme, de décider seule d’une vie qui est aussi issue d’un homme qu’on a de plus en plus tendance à reléguer au rôle de géniteur intermittent dans une vie d’éternel adolescent égoïste.
Le prétendu droit à l’avortement n’a rien de fondamental. Il ne figure nullement dans les principes du droit. C’est ce qu’on appelle un « droit positif », expression momentanée du rapport de force que l’idéologie féministe est parvenue à imposer. La photographie d’un sac en plastique dans une corbeille, et rempli de fœtus, montre la distance qui n’est pas seulement sémantique entre le féminisme exacerbé et l’humanisme. La vulgarité avilissante des « Femen » en est, hélas, la pire illustration.
Alors que l’Espagne retrouve le chemin de l’humanité, les socialistes français vont, au contraire, supprimer la référence restrictive – et devenue bien hypocrite – de la loi Veil à la détresse de la mère, afin de marquer solennellement qu’il s’agit d’un droit de la femme. Ce droit unilatéral de « choisir » sera inscrit dans un texte sur l’égalité des sexes. J’espère que l’opposition attirera l’attention du Conseil constitutionnel sur l’inégalité ainsi renforcée entre les deux parents, la femme et l’homme. En attendant, des membres de l’UMP ont déjà voté cette « liberté de la femme » en commission. Les socialistes avaient allongé en 2001 la période durant laquelle l’avortement est autorisé. Il est aujourd’hui, grâce à eux, entièrement remboursé. Ils considèrent manifestement ce geste mortifère comme un acte médical banal, en attendant que l’euthanasie le soit aussi.
Dans le même temps, les socialistes européens tentaient de faire voter par le Parlement le rapport Estrella, porteur d’une idéologie dominatrice : « Des droits de la femme et de l’égalité des genres. » Ce texte prétendait imposer à toute l’Union européenne un encadrement des droits sexuels et génésiques, c’est-à-dire une législation dans les domaines de l’avortement, de l’éducation sexuelle, de l’orientation sexuelle ou de l’identité, non du sexe mais du genre. Il a été repoussé.
Certes, l’annonce espagnole et l’échec européen sonnent comme une double victoire sur une idéologie, aussi envahissante qu’absurde. Mais lorsqu’on entend parler d’indignation à propos du projet de loi espagnol, on mesure la consternante inversion des valeurs dans laquelle notre civilisation s’enfonce. L’indignation est une attitude morale provoquée par des droits bafoués. On ne voit que trop, aux cibles des « Femen », que les droits revendiqués portent atteinte à d’autres droits : la liberté de conscience et de religion, la liberté d’éduquer, le droit à la vie, l’égalité de l’homme et de la femme par rapport à l’enfant. Or, ces droits sont tous inscrits, eux, dans les Déclarations européenne ou universelle des droits de l’homme.
Christian Vanneste