Publié le : 23 fevrier 2014
Source : metronews.fr
L’égérie de la révolution Orange est brusquement réapparue sur la scène politique ukrainienne. Après sa libération votée par le Parlement et la destitution du Président Viktor Ianoukovitch, Ioulia Timochenko s’est exprimée sur le Maïdan à Kiev. Metronews revient sur le parcours contride cette « dame de fer ».
Ne pas toujours se fier aux apparences. Malgré son impeccable tresse blonde et son visage doux, Ioulia Timochenko, surnommée la « dame de fer », est une bête politique au bilan controversé. L’ex-Première ministre ukrainienne, qui pourrait se présenter aux prochaines élections du pays, a été libérée de prison samedi et s’est adressée à la foule réunie à Kiev. Mais comme l’ont noté certains observateurs lors de son discours, les 50.000 personnes présentes étaient loin d’être subjuguées. Son parcours politique pourrait expliquer ses difficultés à s’imposer comme la femme providentielle.
A 53 ans, celle qui est apparue bouffie et fragilisée, en fauteuil roulant à cause d’une grave hernie discale, s’est pourtant fait connaître pour sa fermeté et sa détermination. En 2004, lors de la « révolution orange » (un mouvement pro-occidental), elle participe aux manifestations opposées au Premier ministre de l’époque, Viktor Ianoukovitch. La coalition orange qu’elle formait avec Viktor Iouchtchenko l’emporte, soutenue par les Occidentaux. Les années de pouvoir ont ensuite défait cette alliance – Timochenko quitte le gouvernement, puis en reprend la tête en 2007 – jusqu’à la présidentielle de 2010. Cette année-là marque en effet le retour victorieux de Viktor Ianoukovitch et la défaite de Ioulia Timochenko, lors de cette élection jugée démocratique.
« Derrière ce vernis se cache une femme politique cruelle, avide, maladroitement cynique »
Cette campagne électorale a été l’occasion pour celle qui voue une admiration particulière à Margaret Thatcher, de mettre en avant une certaine rigueur. « Derrière ce vernis se cache une femme politique cruelle, avide, maladroitement cynique », analyse ainsi un article de Foreign Policy traduit par Slate. Et de donner un exemple : Au cours de sa campagne présidentielle de 2010, elle exploite les peurs et « gonfle les craintes d’une épidémie de grippe porcine afin d’accroître ses chances ».
Après sa défaite politique, Ioulia Timochenko est rattrapée par la justice qui la condamne en 2011 à sept ans de prison. Les juges lui reprochent d’avoir signé en sa qualité de chef du gouvernement un accord gazier avec la Russie à des conditions jugées défavorables à son pays. Pire, cette femme emprisonnée depuis 2011 et tout juste libérée, est également soupçonnée de complicité dans le meurtre d’un député. Une accusation qu’elle a toujours rejetée dénonçant une « vengeance politique » de la part de ses opposants.
Si Ioulia Timochenko a toujours été opposée à Viktor Ianoukovitch, elle partage cependant quelques points communs avec l’ex-Président ukrainien. En effet, « la dame de fer » a également amassé une fortune considérable en dirigeant la Compagnie du pétrole ukrainien. Et selon ses détracteurs, elle a aussi coopéré avec Pavlo Lazarenko, ex-Premier ministre aujourd’hui incarcéré aux Etats-Unis pour escroquerie et blanchiment d’argent. Si Ioulia Timochenko se présente à la prochaine élection présidentielle, elle aura sans doute une priorité : faire oublier son passé pour espérer gagner.
David Perrotin