Publié le : 10 avril 2014
Source : egaliteetreconciliation.fr
Ce jeudi 10 avril, l’ancien militant maoïste libertaire devenu un philosophe néocon (pro-américain, ultrasioniste), à l’instar de son maître Benny Lévy, a été élu au fauteuil laissé vacant par Félicien Marceau à l’Académie française. Positionné au cœur de l’intellocratie française, ce familier des plateaux de télévision et animateur de Répliques sur France Culture a su conquérir une large partie du public conservateur à l’aide de formules brillantes (« l’antiracisme est le communisme du XXIe siècle »). Exaltant aujourd’hui les racines de la France (« j’ai la nostalgie de la France »), il en fut pourtant l’un des contempteurs, participant largement à la destruction des valeurs identitaires. Comme quoi, les donneurs de leçons d’un jour seront les donneurs de leçons de demain, même en s’étant plus que souvent trompés.
« Je suis très nostalgique de la gauche mendésiste. » Alain Finkielkraut, Le Point (10 octobre 2013)
« Il appartient à la gauche sioniste qui ne supporte pas qu’on attente au rêve d’Israël. » Philippe Gumplowicz, Le Nouvel Observateur (17 octobre 2013)
« Il fait honneur à l’intelligence française. » Nicolas Sarkozy, 4 décembre 2005
« Pour Finkielkraut, défendre la France revient à défendre Israël et vice-versa. » Le Figaro Magazine (23 août 2013)
« Dès 2003, il écrit que les enfants des cités pour lesquels il défilait au nom de l’antiracisme portent l’antisémitisme d’aujourd’hui. » Marianne (5 juin 2010)
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Une famille de « juifs de Kippour »
Alain Finkielkraut est né le 30 juin 1949 à Paris. Son père, Daniel Finkielkraut (1904-1998), maroquinier rue Jean-Pierre-Timbaud (Paris XIe), était né à Varsovie, où il fut inscrit au Maccabi (club de sport juif). Arrivé en France dans les années trente, il sera déporté en juin 1942 tandis que sa future femme, une juive allemande née en 1920 à Lwow (autrefois en Pologne, aujourd’hui en Ukraine), passa l’Occupation à Anvers avec de faux papiers. Mariés en 1948, ils furent naturalisés en 1950, en même temps que leur fils, qui avait alors un an. On parlait yiddish à la maison et le père, sioniste de la première heure, recevait chaque matin le quotidien yiddish Unser Wort (« Notre parole »).
Ne fréquentant pas la synagogue et ne célébrant que Roch Hachana et Kippour, Alain Finkielkraut n’a pas été élevé dans la religion stricto sensu, n’ayant même pas été circoncis. Le Point du 10 octobre 2013 indique :
« Timide, il ne vous regarde pas au visage, il regarde juste en dessous […]. On ne le connaissait pas guilleret, ce grand bonhomme de 1,83 mètre voûté par le poids du monde, de l’étude et de l’intelligence. De l’“intellijuiverie”, selon le mot d’Albert Cohen. Finkielkraut n’est pas circoncis (ses parents tenaient à ce que leur fils unique soit “assimilé”), il ne met presque jamais les pieds dans une synagogue et il ne fait pas Kippour, mais, en bon “juif imaginaire”, il a un rapport viscéral à Israël, et ça lui plaît d’être surnommé “mon Rabbi” par l’une de ses amies. »
Ses parents l’inscrivent à l’école élémentaire des Récollets (Paris Xe) sous le nom de Fink pour éviter les jeux de mots et l’éduquent en langue française : « Ils avaient une telle haine de la Pologne qu’ils n’ont pas voulu me refiler la langue » (Libération, 19 avril 1999). Comme le résumait L’Evénement du jeudi (16 janvier 1992) :
« Il a gardé “une nostalgie inépuisable pour la vie juive d’Europe centrale” dont ses parents sont originaires. Autrefois on aurait dit de lui : c’est un juif de gauche. »
Vis-à-vis du judaïsme, Alain Finkielkraut a donc toujours nourri un complexe, se voulant à l’intérieur alors qu’il était, comme non-circoncis, à l’extérieur : « La culture juive lui reste extérieure, il est dans un effort permanent d’affirmation. Il y a chez lui une jouissance inavouée à croire revivre ce que ses parents ont vécu », dit à son propos Théo Klein, ancien président du CRIF (décembre 2005). Ce qui le conduit à tout mélanger allègrement. Dans l’hebdomadaire officiel du PS, L’Unité, il écrivait en 1987 (n° 593) :
« Il y a toujours un dérapage possible, il y a toujours l’ambiance de pogrom, qui s’installe dans un pays quand le racisme, au lieu de n’exister que dans le secret des consciences ou dans les conversations particulières, trouve un écho massif dans la vie publique. Le rôle de la politique ici, c’est d’endiguer les pulsions agressives, l’abjection individuelle. Le Pen fait l’inverse. Au lieu d’endiguer, il flatte. Il est le courtisan des passions basses […]. Il n’en reste pas moins qu’en disant tout haut ce que d’autres pensent tout bas, ou ce que lui-même pense tout bas, donc en abolissant les frontières entre le public et le rentré, Le Pen fait un travail de sape, un travail d’anticivilisation, de décivilisation, très grave. Sa formule tant appréciée, c’est la formule même de décivilisation. »
Dans Actualité juive (1er mai 2002), « Finkie » racontait :
« En juin 1985 j’étais en Israël. Je suis passé à la télévision lors d’une émission tardive. On m’a demandé si j’étais marié. J’ai répondu : “Non.” On m’a posé une question rituelle : “Épouseriez-vous une non-juive ?” J’ai répondu que la mère de la femme que j’aimais avait porté l’étoile jaune alors même qu’elle n’était pas juive selon la halacha. J’ai ajouté : “Je serai très heureux que cette femme (juive par son grand-père) accepte de m’épouser.” Le lendemain elle venait me rejoindre en Israël. Je suis allé la chercher à l’aéroport. Sur le chemin du Kibboutz où j’habitais nous nous sommes retrouvés à un arrêt d’autobus au milieu de nulle part comme il y en a beaucoup en Israël. Un homme est arrivé avec un sac de plastique à la main. Il nous a dévisagés, puis s’adressant à la jeune femme qui était à mes côtés et qui n’était au courant de rien, il a dit : “You should marry that man.” Je dois beaucoup à Israël ».
C’est ainsi qu’il a épousé Sylvie Topaloff (1985), une ex-gauchiste rencontrée en 1980. Ils militaient alors tous deux pour une candidature de Michel Rocard (Marianne, 5 juin 2010). Avocate, Sylvie Topaloff a, par exemple, défendu la CGT lors des procès de l’amiante ou encore plaidé en faveur d’Yvette Sultan, médecin transfuseur mis en examen, par le juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, dans l’affaire du sang contaminé. Alain Finkielkraut exprimera d’ailleurs publiquement tout le mal qu’il pense du juge en question, qui « prend fait et cause pour les victimes » avec un « zèle compatissant (Le Point, 7 mars 2002). Ils ont eu un fils, Thomas, à la fin des années 80. Ce dernier chronique ses sorties aux matchs de football en compagnie de ses parents et de Yasmina Reza dans le mensuel Causeur d’Élisabeth Lévy, une amie de la famille (« Toi aussi, encule les Niçois ! », octobre 2011). À propos du mariage mixte on rappellera ce propos récent de « Finkie » :
« Le métissage, c’est le mariage mixte ! Vraiment ! En tant que juif je ne devrais pas dire ça… Le juif en moi n’aime pas ça. Il y a cette idée que ce peuple juif, aussi vieux que le monde continue à vivre. Je le souhaite. Mon fils épouserait une non-juive, je n’en serais pas malheureux comme l’auraient été mes grands-parents, mais je ne sauterais pas de joie ! » (Nouvelles d’Arménie Magazine, décembre 2013)
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Alain Finkielkraut : de Mao à Moïse
Fils unique, Alain Finkielkraut est passé par le lycée Henri IV. Il a d’abord très longuement milité à l’extrême gauche, au sein des rangs maoïstes, dans la Gauche prolétarienne de Pierre Victor, de son vrai nom Benny Lévy, pro-palestinien fanatique qui fera sa téchouvah, deviendra un juif orthodoxe et se fera professeur dans une yeshiva fondamentaliste à Jérusalem (et que Finkielkraut rejoindra en 2001 pour assurer l’État d’Israël de son soutien entier, en compagnie de Bernard-Henri Lévy) :
« Le mythe fondateur des gauchistes français, toutes tendances confondues, ce n’est surtout pas la révolution de 1917. Le mythe fondateur, c’est l’Affiche rouge, le combat contre Hitler. Nous avons tous eu honte d’être nés après. » (Les Juifs dans la politique française, 1991, p. 181)
En mai 1968, il chante Bella ciao, manifeste boulevard Saint-Michel, s’époumone dans les AG. Plus tard il s’essaiera au pétard et au LSD, non sans jouir « d’occuper la place inexpugnable de l’accusateur » comme il devait plus tard le reconnaître (Libération, 29 décembre 2005). « Alain Finkielkraut a donc fait son gauchisme comme on doit réussir ses versions latines » (Le Monde, 12 novembre 2013). Il expliquait dans Passages (juillet-août 1988) :
« J’avais l’impression que le fait d’être juif faisait de moi le porte-parole naturel des opprimés : les Black Panthers aux États-Unis, les peuples colonisés. Je croyais qu’il y avait a priori une sorte de fraternité des victimes de l’histoire.
– Je suppose que vous vous sentiez solidaire des Palestiniens ?
– Non, jamais. »
À cette époque, il ne rechigne pas aux longues heures de palabre avec Gérard Miller. Il gardera de solides amitiés comme Jean-Claude Milner, qui aura un parcours relativement parallèle à celui de Finkielkraut (son positionnement sur l’école étant largement inspiré par Milner) et qui prendra d’ailleurs la tête de l’Institut d’études lévinassiennes après le décès de Benny Lévy en 2003. En septembre 2007, lors d’une conférence intitulée « Les Ruses de l’universel, étude de cas : mai 68 et le gauchisme », Milner déclarait : « Moyennant la gauche prolétarienne, le gauchisme français est aussi une histoire juive » (rapporté par Le Monde du 29 avril 2008).
Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy et Benny Lévy à Jérusalem :
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Ayant effectué ses études supérieures à l’École normale supérieure de Saint-Cloud où il a été admis en 1969 (et non celle plus prestigieuse de la rue d’Ulm comme on le trouve parfois écrit), tout en suivant les cours de yiddish de Rachel Ertel à Paris VII, il passera finalement une agrégation de lettres modernes (1972), rejoignant alors le lycée technique de Beauvais. Il passe ensuite, comme visiting professor, à l’université de Berkeley (1976-1978). En novembre 1989, il est nommé professeur au département Humanités et sciences sociales de l’École polytechnique (le poste avait été promis à Jacques Attali, lequel sera rattrapé par des affaires de plagiat au moment de la nomination, cf. le livre La France du piston). Alain Finkielkraut sera remplacé à la rentrée 2014 par un autre « philosophe » d’État officiant sur France Culture, Michaël Foessel. C’est dans la même station que « Finkie » anime depuis 1985 Répliques, où sont parfois invitées des personnalités non-conformistes, notamment critiques de l’immigration massive (comme Richard Millet ou encore Renaud Camus, qu’il a soutenu dans la tourmente) ou de la modernité (Jean-Claude Michéa), mais aussi des marxistes repentis (Pascal Bruckner, Jean-Claude Milner, Bernard-Henri Lévy). Ce disciple d’Emmanuel Lévinas, mais aussi nourri d’Hannah Arendt, lancera aussi sa propre revue intellectuelle, Le Messager européen, en 1987 (disparue depuis), tout en participant à de nombreuses émissions, colloques et débats.
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Finkielkraut et Israël, une radicalisation progressive
Spécialiste de l’antisionisme (une valeur qu’il a un temps partagée et défendue) et de l’antisémitisme, celui qui va devenir « le porte-flingue parisien d’Israël » (Philippe Lançon, Libération, 12 avril 2002) va donc virer sa cuti au fil des années comme nombre de ses amis d’extrême gauche et d’origine juive, devenant des militants sionistes rabiques et oublieux de leurs amours pro-palestiniennes. « Il n’a pas changé : le juif imaginaire est devenu un Israélien imaginaire. C’est tout », dira de lui Eyal Sivan (Libération, 29 décembre 2005). C’est lors de la guerre du Kippour (1973) que se produit une première rupture avec le gauchisme en raison du peu de compassion de ces milieux pour la cause sioniste. Il avait pourtant demandé à Emmanuel Levinas si l’Autre dont il était le chantre n’était pas « d’abord le Palestinien » et a longtemps soutenu les thèses de Shalom Archav (La Paix maintenant), qui préconisait le retrait de Tsahal des Territoires. Il a fréquenté le cercle Gaston Crémieux (« juif, laïque, diasporiste de gauche », du nom de ce communard marseillais) jusqu’en 1980. Membre du Comité de solidarité avec les juifs d’URSS, il rencontrera sur place des refuzniks avant d’être arrêté et expulsé (1985). De cette expérience, « Finkie » publiera une série d’articles sur l’évolution de l’URSS à la lumière de l’antisémitisme, obtenant dès l’année suivante le prix de la Fondation du judaïsme français (1986).
Comité de soutien avec les juifs d’URSS
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En 1988, il déclarait encore : « Les colons (israéliens) représentent un risque d’OAS » (Actualité juive, 26 février 1988). En 2002 (Actualité juive, 2 mai), cela devient : « À nous de garder le cap, de défendre le peuple israélien quand nous le sentons en danger. ». Le « juif imaginaire » fait désormais techouvah à chaque sortie, comme ce 22 juin 2010 où il haranguait la foule lors d’une manifestation organisée par le CRIF en soutien au soldat israélien Gilad Shalit :
« La haine planétaire d’Israël est le nouveau visage de l’antisémitisme. C’est pourquoi ceux, juifs et non juifs qui ne veulent pas pactiser avec l’antisémitisme, doivent revendiquer cette appellation devenue infamante et dire fièrement face à la haine : nous sommes tous de sionistes. »
Annonce de l’intervention d’« Alain Frikenfraut » par Enrico Macias :
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Extrait de l’intervention d’Alain Finkielkraut :
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Depuis l’Intifada dans les territoires occupés, il a accru son engagement, tenant une chronique hebdomadaire sur Radio communauté juive, Qui vive (2000-2006). Il fera son grand retour à l’antenne en 2013 avec L’Esprit d’escalier en binôme avec Élisabeth Lévy. Ce soutien inconditionnel à Israël est cependant paradoxal, comme l’explicite Libération (29 décembre 2005) :
« Le philosophe qui ne parle pas hébreu, va régulièrement en Israël. “Il a un rapport passionnel et idéalisé à Israël, explique Rony Brauman, comme certains tiers-mondistes avec Cuba. Il ne connaît pas le pays profond.” Comme pour le reste, il connaît Israël à travers les livres. »
Le Nouvel Observateur (4 avril 2002) revient sur ces changements :
« L’évolution de Finkielkraut est symptomatique. Défenseur de la langue française, contempteur de la modernité, il a longtemps voulu penser en dehors de ses origines. Il y a vingt-cinq ans, il expliquait, dans Le Juif imaginaire, que la figure du Juif victime appartenait au passé. Aujourd’hui, il dit “nous”, pour parler des Juifs. Samedi dernier, dans l’émission Tout le monde en parle, Finkielkraut a contesté l’actrice Juliette Binoche, qui avait manifesté aux côtés de militants pro-palestiniens. L’actrice a pleuré. “Pour moi, Finkielkraut parlait comme un sharonien. Il ne ressentait pas la souffrance des autres !” Après l’émission, le philosophe s’est accroché avec Robert Ménard, président de Reporters sans frontières qui lui reprochait de dire “un tissu de conneries” en soutenant Israël.
Ménard : “Vous ne savez pas ce qui pousse les gens à devenir des terroristes.”
Finkielkraut : “Les Juifs aussi sont désespérés, ils n’ont jamais agi de la sorte.”
Ménard : “On ne peut pas toujours se poser en victime éternelle !” »
Finkielkraut fonctionne donc à l’emporte-pièce, pratiquant l’amalgame et la généralisation outrancière :
« Il n’est plus dans l’analyse mais dans le combat : rapidement, critiquer Sharon revient à vouloir la fin d’Israël. Avec le 11 Septembre, tout fini par se connecter : des ZEP aux banlieues de Karachi, en passant par Gaza, c’est l’occident humaniste et ses valeurs qui sont menacés. Ça y est, le choc des civilisations qu’il voyait venir depuis longtemps est là, partout […]. Il dit s’inscrire dans l’espace du dialogue mais traite Rony Brauman de “caniche des goys”. » (Libération, 29 décembre 2005)
Alain Finkielkraut a été l’unique témoin des parties civiles dans le procès contre Roger Garaudy et son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne.
« Sous l’apparence d’une pure enquête empirique, le discours de M. Garaudy est chargé de haine […]. Le thème de l’extermination des juifs n’est pas un sujet tabou. Mais la négation d’un fait ne peut pas entrer dans le cadre du débat. Il n’y a de liberté d’opinion que si l’on ne confond pas les faits et les opinions. »
Dans L’Arche, il écrivait déjà il y a une trentaine d’années qu’il savait depuis son engagement dans les rangs gauchistes en 1967 que « l’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme ». Il appartient, dès l’origine, au comité éditorial de la revue Passage, laquelle entendait « porter un regard juif sur l’actualité », et siège au sein du bureau de l’Association des abonnés et des amis de L’Arche.
Association des amis de L’Arche, novembre 1995
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C’est une figure de la communauté juive sollicitée pour participer à bon nombre d’événements communautaires intimistes (les cinq ans du Mouvement juif libéral de France Paris-Est en 1996 par exemple) ou plus rassembleur (l’université d’été du B’nai B’rith en juillet 2006) et plus généralement pour la défense d’Israël.
La Dépêche du Midi, 13 janvier 1998
Après avoir été un chantre de l’immigration, il a donc dénoncé le tiers-mondisme et l’immigration comme des facteurs potentiels d’antisémitisme :
« Les avocats de nazis – un Arabe, un Noir africain, et un Français d’origine vietnamienne– se lèvent alors et plaident tour à tour pour Goering, pour Hess, pour Ribbentrop, Rosenberg, Keitel, Kaltenbrunner…, en citant Le Voyage au Congo d’André Gide et en invoquant avec flamme leur propre expérience du racisme et du colonialisme européen. Grotesque n’est-ce pas ? Ce scénario inimaginable il y a quarante ans, vient de se dérouler à Lyon sans provoquer ni désarroi ni indignation excessive […]. On m’objectera que sans Israël on n’en serait pas arrivé là, et qu’il est difficile aux peuples du tiers monde de se sentir concernés par le souvenir d’un génocide que l’État juif utilise dans la logique et la perspective de son projet national. » (À propos du procès Barbie, dans Le Nouvel Observateur, 17 juillet 1987)
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Bernard-Henri Lévy, l’ami des vrais combats
Invité régulier des plateaux de télévision, il bénéficie de tous les relais médiatiques, ayant été ou étant un collaborateur du Nouvel Observateur, de L’Express ou du Débat. En collègue de Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut n’hésite jamais à faire valoir son expertise en matière de géopolitique mondiale. En 1991, il écrit à propos de ceux qui ne soutiennent pas l’intervention américaine contre l’Irak, comme le philosophe Michel Serres :
« Ceux qui proclament aujourd’hui que nous sommes asservis aux Américains sont ceux qui préconisent une politique de conciliation. On peut appeler ça une sorte de pétaino-gaullisme. »
Durant le conflit en Yougoslavie, il défendra la cause croate (signant « Comment peut-on être croate ? ») puis bosniaque (comme Bernard-Henri Lévy) et appuiera l’intervention de l’OTAN contre le peuple serbe. Avec Bernard-Henri Lévy (Le Point du 3 juin 1995), Finkielkraut montera au créneau contre la Palme d’or du Serbe Emir Kusturica en publiant dans Le Monde du 2 juin 1995 « L’Imposture Kusturica ».
de son « pote » Alain Finkielkraut au procès
qui l’oppose au cinéaste israélien Eyal Sivan
(Actualité juive, 22 février 2007)
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Il reconnaîtra piteusement ne pas avoir vu le film. Il soutiendra encore l’intervention américaine en Irak (2003) et participera, avec, entre autres, Bernard-Henri Lévy, Jack Lang et Marek Halter, à un rassemblement au Trocadéro, pour soutenir les manifestants iraniens qui défilent contre le président antisioniste, Mahmoud Ahmadinejad, fraîchement réélu (juin 2009). Il avait déjà été des premiers signataires (avec Bernard-Henri Lévy, Enrico Macias, Ariel Wizman, Elie Wiesel, Bernard Kouchner, Serge et Beate Klarsfeld, Marek Halter, Roger Hanin, Anne Sinclair…) d’une pétition lancée en mai 2006 par Tribune juive contre la venue d’Ahmadinejad au Mondial de football en Allemagne. Le texte était adressé à Angela Merkel :
« Madame la chancelière […], les signataires de cet appel vous prient de déclarer de déclarer persona non grata M. Ahmadinejad, dont les affirmations publiques répétées nient la réalité de l’Holocauste et insultent les peuples d’Europe. C’est parce qu’ils veulent se souvenir des six millions de morts du génocide et participer à l’éducation des nouvelles générations que les peuples des vingt-cinq pays de l’Union plaident pour que nulle part, désormais, de tels crimes ne puissent se reproduire. »
En 2009, il prendra d’ailleurs la défense de Roman Polanski avec ardeur. Ce dernier avait brièvement été incarcéré en Suisse pour avoir eu une relation sexuelle avec une mineure de 13 ans :
« Polanski n’est pas le violeur de l’Essonne […]. Souvenons-nous quand même de ce qu’il a vécu, il est un enfant du Ghetto de Cracovie. » (France Inter, 9 octobre 2009)
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Dans ses émissions, le philosophe fait preuve de plus en plus d’agressivité au cours du temps et d’emportement, comme en témoigne Le Point du 10 octobre 2013 :
« Quand il marine, rumine enrage contre la bêtise, toutes les bêtises, quand il a l’impression d’être “fini intellectuellement”, cela provoque “de la prostration, de l’effondrement narcissique et du dégoût de vivre”. “Les antidépresseurs ont fait des miracles”, confie-t-il. […] Ses doigts s’impatientent devant son menton, puis tourmentent ses yeux, ses lèvres psalmodient, il grimace, soupire, souffre, il cherche avec intensité, comme toujours, on ne sait jamais vraiment quoi. »
Le Monde (12 novembre 2013) ne le lui fait pas dire :
« La télégénie de ses emportements lui assure une couverture médiatique qui cadre peu avec sa posture de victime du système. »
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http://www.dailymotion.com/video/xihxln
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Un philosophe de la droite des valeurs ?
Désormais étiqueté « néo-réac », il prétend défendre une pensée non-conformiste, se piquant de critiquer les thèses de SOS Racisme et d’approuver la réforme du Code de la nationalité durant la première cohabitation.
Alain Finkielkraut défenseur de l’identité française dans Actualité juive du 12 décembre 2013
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« Alain Finkielkraut joue dans le monde intellectuel le même rôle que Sarkozy dans le monde politique » écrira Pascal Bruckner (Le Nouvel Observateur, 1er décembre 2005). On notera qu’il a défendu le « oui » à Maastricht (Libération du 1er septembre 1992, cf. « “Oui” à Masstricht contre la nuisance française »). Avec Élisabeth Badinter et Élisabeth de Fontenay, entre autres, il a publié en 1989 « Profs : ne capitulons pas ! », contre le port du voile islamique. Défenseur de la laïcité, membre du très maçonnique Comité Laïcité République, il intervient régulièrement devant les « frères », comme le 15 avril 2008, dans une tenue blanche fermée organisée par les loges Maximilien l’incorruptible, Saint-Just 1793 et L’Équité Ezio Collaveri du Grand Orient de France, sur le thème « L’école de la République : la laïcité ».
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Plus étonnant, il participe le 5 juin 2012 à Tel-Aviv au forum-débat intitulé « Démocratie et religion », organisé par l’Institut français en liaison avec l’ambassade de France, au théâtre Habima.
Lors de la soirée d’inauguration sur le thème, « Laïcité à la française, laïcité à l’israélienne » (sic), notre philosophe se livre à un véritable numéro d’équilibriste :
« À ceux, en France, qui disent [à propos d’Israël] il ne peut pas y avoir un État juif puisque “juif” est une religion, je crois qu’en France, on est amené à répondre : oui, mais la religion juive a donné du judaïsme une définition nationale c’est-à-dire, au bout du compte, laïque. »
On omet souvent de dire qu’Alain Finkielkraut a été et est toujours engagé dans l’antiracisme, participant en avril 1989 à un colloque organisé au Lycée Montchapet de Dijon. Il expliquait alors : « Nous devons nous armer contre toute résurgence de racisme et de xénophobie et arracher l’antiracisme dominant à la sentimentalité. »
Toujours membre du comité d’honneur de la LICRA, il signait une pétition contre le racisme anti-Blancs (Le Monde, 1998), tout en donnant un discours place du Panthéon « contre l’extrême droite », au plus fort de la « quinzaine anti-Le Pen », le 28 avril 2002.
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L’interview donnée dans Haaretz du 19 novembre 2005 aurait valu l’ostracisme à n’importe qui d’autre, avec des formules telles que « l’antiracisme sera le communisme du XXIème siècle » (formule qui vaudra a Finkielkraut d’être cité par Anders Breivik dans son manifeste) ou des considérations sur l’équipe de France « black-black-black » qui « fait ricaner toute l’Europe ». Le 23 novembre 2005, conscient du cadre du débat public, « Finkie » pensera sa carrière de philosophe médiatique terminée : Le Monde daté du lendemain vient de publier des extraits de son interview au journal israélien Haaretz. « Il ouvre le journal et s’effondre : “Je suis foutu”, murmure-t-il. Il pense à son cours à Polytechnique. À son émission de France culture. À sa vie… » (Le Nouvel Observateur du 1er décembre 2005). Dans un exercice de pilpoul dont il a le secret, il présentera ses excuses sur Europe 1, le 25 novembre, se disant « victime d’un immense malentendu », le temps que le MRAP renonce à porter plainte, pour finalement déclarer « J’assume » dans Le Monde du 27 novembre. On remarquera que la grande presse, indignée, a fait mine d’oublier un passage pourtant révélateur :
« Je suis né à Paris, mais je suis fils d’immigrants polonais. Mon père a été déporté de France. Ses parents ont été déportés et assassinés à Auschwitz. Mon père est revenu d’Auschwitz en France. Ce pays mérite notre haine : ce qu’il a fait à mes parents était beaucoup plus violent que ce qu’il a fait aux Africains. Qu’a-t-il fait aux Africains ? Il ne leur a fait que du bien. »
Dans la foulée, il se rendra à la conférence-débat donnée en son honneur par la LICRA sur le thème « Vivre ensemble en France » (janvier 2006). Il faut dire que dés la parution du Monde, Élisabeth Badinter l’avait appelé pour lui remonter le moral : « [...] sa voix est précieuse. Je ne veux pas qu’elle soit interdite. » Et Nicolas Sarkozy de décréter qu’« il fait honneur à l’intelligence française ». D’ailleurs, les deux hommes se sont rencontrés quatre fois depuis (dont le 6 février 2012 à l’Élysée avec les représentants du Jcall) et Finkielkraut, qui avait voté Mitterrand en 1981, sera convié au meeting de Bercy de Sarkozy en 2007 (il déclinera l’invitation). Il sera encore l’invité d’un « petit-déjeuner inattendu » au siège de l’UMP, le 23 janvier 2014, en présence de Jean-François Copé pour présenter L’Identité malheureuse. Le même livre lui vaudra trois jours plus tard le « Prix du courage intellectuel » (créé pour l’occasion) de l’Union des patrons juifs de France (UPJF). On notera qu’il considère d’ailleurs Marine Le Pen comme « infréquentable » (Le Point du 10 octobre 2013) : « Bien sûr, il faut ne passer aucun compromis avec les hommes de l’appareil du FN qui sont racistes, nostalgiques, rancis, mais leurs électeurs doivent être l’objet de toute notre attention. Il faut leur tendre la main, les réintégrer » disait-il déjà en 2002.
Cet habitué du Rostand (en face du jardin du Luxembourg), a signé de nombreux ouvrages comme Le Nouveau désordre amoureux (avec l’ancien militant d’extrême gauche Pascal Bruckner, il dénonce les nouvelles normes prétendument « révolutionnaires » de la libération sexuelle tout en se proclamant libertin), Au coin de la rue, l’aventure (toujours avec Pascal Bruckner), La Défaite de la pensée (contre le renoncement des sociétés contemporaines au projet universalistes des lumières), La Sagesse de l’amour, Le Juif imaginaire, Ralentir : mots-valises, L’Avenir d’une négation (où il critique philosophiquement les thèses historiques des révisionnistes, ce qui est évidemment un non-sens), Le Petit dictionnaire illustré, La Réprobation d’Israël, Le Mécontemporain. Péguy lecteur du monde moderne (sur Charles Péguy), La Mémoire vaine (il présentera ce livre sur le procès de Klaus Barbie, dont il critique la surmédiatisation, à l’Avant-Garde maçonnique en mars 1990. L’ouvrage sera traduit en hébreu en 2007), L’Humanité perdue, Internet, l’inquiétante extase (paru sous l’égide de la Fondation du 2 mars, ex-Fondation Marc Bloch, dont il est un pilier), L’Ingratitude, conversation sur notre temps, Une voix vient de l’autre rive (où il stigmatise l’instrumentalisation de l’Holocauste par piété envers les disparus), L’Imparfait du présent, Entretiens sur la laïcité (avec Benny Lévy), Un cœur intelligent (prix de l’essai de l’Académie française 2010), L’Interminable Écriture de l’Extermination, (sous sa direction, transcription des émissions Répliques de France Culture), L’Identité malheureuse (écrit en « cinq ans » et « trois épisodes dépressifs » (Le Point du 10 octobre 2013).
Cet article a été écrit en exclusivité pour Égalité & Réconciliation par la revue Faits & Documents d’Emmanuel Ratier.
Visiter le site de la revue : faitsetdocuments.com.