Publié le : 19 mai 2014
Source : bvoltaire.fr
La fin de semaine dernière et jusqu’à dimanche soir, « Les Couples de la République » se sont exposés sur la place du même nom à Paris. Affichés sur de grands cubes entourant Marianne et sa fontaine sur la place rénovée, ce n’était – vrais ou faux, anonymes ou célèbres – que des duos du même sexe. « Tandems inattendus et forts », dit le commentaire de ces photos d’Olivier Ciappa réalisées pour la « Journée mondiale de lutte contre l’homophobie ».
Je n’ai pas l’habitude de coller mon œil au trou de la serrure pour voir ce que les gens font dans leur chambre à coucher ou sur le canapé du salon. Je me fiche de savoir qui ils se tapent et comment. Cela ne me regarde pas et, surtout, je ne supporte plus qu’on m’oblige à regarder sous prétexte de m’éduquer ou, plus certainement, de me « rééduquer ». Et à voir la tête des braves gens de la rue du Faubourg-du-Temple, des gamins en trottinette et de quelques mâles échappés de la salle de gym d’à côté, je crains fort que l’objectif de cette manifestation ne soit pas atteint. Imposer aux promeneurs la traversée de la place entre deux rangées de femmes qui se roulent des gamelles à pleine bouche et de mecs nus sur leur pieu n’est pas – mais c’est mon avis – le plus efficace pour lutter contre l’homophobie.
À moins que, bien sûr… À moins que le but réel ne soit pas de lutter contre l’homophobie réelle ou supposée des Français, mais plutôt de susciter des réactions agacées, voire hostiles, histoire de pouvoir dire que le fascisme nous guette au pied du lit et que les troupes de la Manif pour tous sont son bras armé. Mais là, je suppute…
Il y en a ras le bol, de ce prosélytisme gay, lequel – précisons-le encore – déplaît souverainement à nombre d’homosexuels qui aimeraient pouvoir vivre leur vie tranquillement sans être frappés de l’étoile rose. Marre de toutes ces injonctions, de ce totalitarisme qui, sous prétexte de briser « les normes bourgeoises », cherche absolument à nous en imposer de nouvelles. D’autant, si l’on en croit L’Express du 14 mai dernier, que les nouvelles normes en question sont largement intégrées par la jeunesse…
En une : « Sexe : ce que vous cachent les jeunes. » Ça décoiffe ! Drague par géolocalisation avec les nouvelles applis, culture porno dès le primaire et mode du bi, c’est peu dire que la révolution Q initiée par leurs grands-parents a porté ses fruits. On découvre que « l’approche brut de brut » chez les 14-25 ans est devenue la norme. On apprend qu’« un tiers des consommateurs de sites pornographiques sont des ados, parmi lesquels 75 % ont moins de 12 ans ». Et ça ne fait pas dans le soft. Pendant que le prof pose ses équations au tableau, on s’échange des vidéos – éventuellement d’une fellation faite au voisin pendant le cours –, et à la récré, c’est youpi la fête : « L’autre jour, il y avait un gros attroupement dans la cour », rapporte une collégienne de quatrième, « les garçons étaient en train de regarder des vidéos scatos et zoophiles. » Pour les jeunes, c’est simple : sexe = porno. Il paraît que le sexe est ainsi « devenu l’un des meilleurs moyens d’être “populaire” ; auréole mille fois plus essentielle qu’un carnet de notes de futur président du Conseil d’État ».
Alors, à quand une option Q au bac ?
Enfin, et pour en revenir au thème initial de ce papier : on nous dit que « la bisexualité explose ». Selon un sondage IFOP, « 20 % des Françaises et 11 % des Français de 18 à 24 ans disent avoir déjà été attirés sexuellement par des personnes des deux sexes en 2013 », contre seulement 7,4 % et 4,8 % en 2006. Quant aux rapports homosexuels, le taux « est même passé de 5,7 % à 10 % pour les filles entre 2006 et 2013, et de 3,8 % à 11 % pour les garçons ».
Une remarque en passant : et si l’on comptabilisait le nombre de jeunes filles qui, dans le même temps, ont décidé de porter le voile ? D’adolescents de toutes origines qui se sont radicalisés, en pensée ou en religion ?
Bref, et si, au lieu de nous rapprocher, les « Couples de la République » qui nous prennent à témoin de leurs ébats ne faisaient que creuser la fracture des mœurs qui, bientôt, va plus sûrement que les idées achever de couper ce pays en deux ?
Marie Bernard