Publié le 03 juillet 2014
Source : comite-valmy.org
Hier, j’ai écrit « espérer le meilleur, se préparer au pire, et se contenter de n’importe quoi entre les deux ». Aujourd’hui, et alors qu’il est beaucoup trop tôt encore pour porter quelque sorte de jugement définitif que ce soit, je sens que je peux dire avec une certaine confiance que le pire ne s’est pas produit et que, en fait, certains signes montrent que l’offensive ukrainienne n’a, jusqu’à présent, pas produit de résultats utiles.
Ni Juan ni Gleb ne m’ont rien communiqué, mais j’ai procédé à l’analyse attentive des nouvelles en provenance de Novorossia dans les médias russes et, plus important encore, sur les réseaux sociaux russes. Ils sont tous d’accord sur ce qui suit :
• Les attaques ukrainiennes ont fait usage d’une puissance de feu massive, mais non discriminante. Soit il s’agit d’une politique délibérée de la junte afin de terroriser la population civile et, ainsi, de purifier culturellement le Donbass [NdT : en poussant les russophones à fuir], soit les forces ukies sont très mal formées. Quel que soit la réelle raison, il y a beaucoup de victimes civiles, mais l’effet de cette puissance de feu sur les forces de la résistance n’a pas été aussi mauvais qu’on aurait pu le craindre.
• Les deux parties ont subi des pertes, quoique les attaquants aient bien davantage souffert du fait de plusieurs embuscades réussies de la résistance, laquelle a attiré les forces attaquantes dans des « sacs de feu » [Ndt : embuscades à grande échelle, comme par exemple lorsqu’une unité entière, poursuivant avec confiance ce qu’elle croit n’être qu’un petit gibier, se trouve, à un moment donné de sa poursuite, piégée par un nombre bien plus conséquent d’ennemis positionnés pour la recevoir] et les ont quasiment anéanties.
• Le Ukies semble avoir testé la résistance en faisant ce que l’on appelle en russe une « reconnaissance par le feu », ce qui consiste à engager une force ennemie afin principalement de jauger sa réponse et de découvrir où sont situés ses points faibles. Apparemment, aucun point faible de ce genre n’a (encore) été découvert.
• L’espace aérien au-dessus de la Novorossia a l’air d’être très bien défendu et, en un seul jour, les Ukies ont perdu au moins un SU-25 d’appui aérien rapproché et un avion bombardier SU-24. D’autres sources font état de plusieurs autres avions touchés, y compris un hélicoptère d’attaque Mi-24 abattu, ainsi qu’un avion bimoteur endommagé mais ayant malgré tout réussi à prendre la fuite. • Le principal effort ukrainien semble être concentré sur la reprise du contrôle de la frontière entre la Novorossia et la Russie, mais leur seul succès jusqu’à présent a été la reconquête d’un poste frontière abandonné que la résistance n’avait même pas jugé utile de défendre.
• Aucun autre gain important ni aucun changement dans les positions n’ont été signalés.
Néanmoins, la situation humanitaire est très mauvaise, en particulier dans Slaviansk, qui a été violemment bombardée et prise pour cible par les obus ukrainiens. Du fait de ces frappes, toute alimentation électrique est désormais coupée dans la ville.
Des rumeurs persistantes rapportent que la junte est sur le point de commencer à utiliser la fusée tactique opérationnelle OTR-21 Tochka contre la résistance. C’est possible. Il n’y a pas de doute qu’ils en soient dotés, mais le problème pour eux sera de cibler leurs objectifs. Les Ukies n’ont pas de satellites et leurs capacités de reconnaissance, qui s’appuient sur des avions, semblent être minimes. Bien qu’il soit évidemment possible que l’Oncle Sam leur fournisse des données de ciblage, il reste que les forces de la résistance ne présentent tout simplement pas le genre de cibles de grande valeur qui justifierait l’utilisation de missiles aussi avancés. Ma prédiction, c’est que si les Ukies engagent leurs OTR-21, ce sera pour une de ces attaques uniquement destinées à terroriser la population et qui prendra pour cible quelque bâtiment bien connu, et donc la plupart du temps vide d’habitants.
J’ai aussi remarqué quelque chose comme un changement de ton dans les grands médias occidentaux. Si les zombies de l’Union Européenne se remettent à menacer la Russie de sanctions supplémentaires (lesquelles seront probablement totalement symboliques), les médias occidentaux semblent prendre conscience de la détresse de la population civile du Donbass.
Je répète donc, en conclusion, que si les rapports initiaux semblent indiquer que l’offensive ukie ne progresse nullement, il est beaucoup trop tôt pour se réjouir, en particulier parce que nous n’avons pas les moyens d’évaluer où se situe chacun des deux camps par rapport à son point de rupture.
Le Saker
Source originelle : The Vineyard of the Saker