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Note de La Plume : c’est un début bien timide, mais c’est tout de même un début… L’Express du lamentable Christophe Barbier, ce journal on ne peut plus complice du système, vient d’oser évoquer dans l’article ci-dessous la sinistre LDJ (Ligue de Défense Juive), cette milice communautaire sioniste extrémiste (interdite aux USA et … en Israël, mais tolérée et même hébergé pour ses entraînements pendant des années par le Ministère de l’Intérieur !) qui vient de s’illustrer une fois de plus en jetant de l’huile sur le feu durant les manifestations pro-palestiniennes de Paris (notamment en montant une opération ou plus exactement un véritable coup monté médiatique devant la synagogue de la rue de La Roquette). A noter tout de même les guillemets dans le titre : qui sont ces « ultras » qui protègent les synagogues? Des guillemets pour Ultras, concernant la LDJ ? Quelle blague ! Le titre aurait donc bien plutôt dû être celui-ci : qui sont ces ultras qui « protègent les synagogues »?
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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Sur les réseaux sociaux, la Ligue de défense juive se vante d’avoir défendu deux synagogues parisiennes des velléités de pro-Palestiniens. Ses méthodes violentes sont pourtant contestées au sein de la communauté.
« Bravo pour votre intervention », « vous faites du bon taff », « merci à vous d’être là »… A en croire certains internautes, ils sont les nouveaux héros de la communauté juive. Ceux qui, dimanche, ont « protégé » les deux synagogues parisiennes des débordements d’une manifestation pro-palestinienne à l’origine pacifique. « Ils », ce ne sont pas les policiers mais les membres de la Ligue de défense juive (LDJ). Un groupuscule d’extrême-droite sioniste aux méthodes musclées et dont le cas dérange les institutions juives.
Une vidéo amateur, qui circule sur les sites communautaires musulmans, témoigne de la violence de ces militants. On y voit plusieurs individus armés de casques de motos, de chaises ou de batons frapper des manifestants, dont certains, il faut le rappeler, étaient tout aussi belliqueux. Les militants de la LDJ ne cachent d’ailleurs pas leur goût pour la bagarre. « Dorénavant, nos membres viendront à chaque manifestation anti-israélienne et se chargeront de ‘raccompagner’ à notre façon les manifestants en fin de cortège. Antisémites tremblez », peut-on lire dans un message posté sur leur page Facebook.
L’insécurité comme doctrine
Adepte des réseaux sociaux, la Ligue adopte une stratégie agressive, à coup de vocabulaire fleuri et de montages douteux. Comme en témoignent la photo d’un Palestinien avec une brouette sur la tête ou l’utilisation des termes « rats antisémites » pour qualifier les personnes hostiles à la politique d’Israël.
Malgré le buzz qu’elle suscite, la LDJ reste pourtant ultra-minoritaire au sein de la communauté. « Le sentiment général, c’est que la LDJ est un problème. Son approche ‘gros bras’ est inacceptable », dénonce à L’Express un membre du think-tank Avenir du Judaïsme. « Elle prospère moins pour son idéologie que pour sa tendance à surfer sur le sentiment d’insécurité ». 423 actes antisémites ont été recensés en France en 2013, une baisse de 31% par rapport à l’année précédente. Mais 2012 a été marquée par l’affaire Merah.
La communauté juive possède pourtant son propre service de sécurité officiel, en liaison avec le ministère de l’Intérieur et les préfectures: le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). Lequel recense les actes antisémites et assure des missions de protection des synagogues lors d’évènements. Ses moyens seraient néanmoins trop restreints dans le climat actuel, si l’on en croit un rabbin. « C’est scandaleux que les Juifs soient obligés de se protéger eux-mêmes. L’origine du problème, ce n’est pas la LDJ mais le manque de protection. J’envisage moi-même de m’inscrire à des cours de Krav-maga (art martial, ndlr) pour me protéger. »
Racisme anti-arabe?
Reste que le groupuscule a déjà été épinglé, bien avant les incidents de dimanche, pour ses méthodes contestables. En 2012, l’Union juive française pour la paix et d’autres associations demandent sa dissolution après des agressions envers des militants pacifiques, le qualifiant de mouvement « fasciste ». La même année, les membres de la LDJ bloquent une séance de dédicaces de l’écrivain juif Jacob Cohen à Paris, rapporte Rue 89. Ce dernier, connu pour ses positions hostiles à la politique israélienne, est traité de « collabo ».
En 2009 encore, les membres de la Ligue sont soupçonnés d’avoir tabassé trois élèves, dont deux d’origine tunisienne, aux abords d’un lycée parisien. « Ce sont des ultras-nationalistes ouvertement racistes contre les arabes et partisans d’une lutte physique contre eux », observe le sociologue Dominique Vidal, auteur de Le ventre est encore fécond: les nouvelles extrêmes droites européennes (2012, Libertalia). « Ils sévissent surtout à Paris et dans le sud de la France. »
Sa branche américaine interdite
La LDJ est née officiellement en 2001 mais ses origines sont floues. On lui prête des liens de filiation avec le parti sioniste proche du Likoud israélien, le Betar et le parti ultra-radical, le Kach, interdit aux Etats-Unis et en Israël. Sur sa page Facebook, elle se revendique en tout cas comme la branche française de la Jewish defense league, mouvement classé comme terroriste et également interdit aux Etats-Unis. Comme ce dernier, « la LDJ française milite pour le Grand Israël et le rejet de tout Etat palestinien », note Christophe Bourseiller, écrivain spécialiste des mouvements extrêmes.
L’organisation ne compterait qu’une cinquantaine de militants, même si elle en revendique bien plus. « Ce sont surtout des adolescents perdus, des petites frappes issues de banlieue, pas des idéologues », constate Laurent David Samama, journaliste et auteur d’une enquête sur le mouvement pour le magazine Technikart. Et pour cause, la plupart des cadres du mouvement ont déjà rejoint Israël, explique-t-il. Laissant à la LDJ pour seule revendication, la lutte physique.
Jérémie Pham-Lê