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« affaire Mekhissi » : l’absence de tête… et les jambes…

17 août 20141
« affaire Mekhissi » : l’absence de tête… et les jambes… 4.95/5 39 votes

…Par Christian Métivier, lecteur de La Plume à Gratter

Note de la Plume : la victoire aujourd’hui sur 1 500 m aux championnats d’Europe 2014 de Mahiedine Mekhissi, suite à sa victoire puis sa disqualification sur 3 000 m steeple il y a trois jours,  seconde victoire assortie des déclarations humbles et bienvenues aussi habituelles que les gestes déplacés avec ce gaillard  (« j’ai montré à tout le monde quel champion j’étais »… tu l’as, dis, bouffon !) donnent l’occasion à Christian Métivier, lecteur de La Plume, de revenir ici, sur la forme comme sur le fond, sur l’« affaire Mekhissi »…

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La disqualification du Français Mahiedine Mekhissi-Benabbad à l’issue de sa course, le 14 août, a enflammé les médias. Que faut-il penser de ce qui est arrivé ?

Mahiedine Mekhissi-Benabbad a remporté le 3 000 m steeple des championnats d’Europe d’athlétisme qui se déroulent actuellement à Zurich. Doté d’une classe folle, il a plané sur la course tant sa supériorité est grande sur le Vieux continent et a ajouté ainsi un troisième titre européen à son palmarès après ceux de 2010 et 2012. Sauf que…

Sauf que le champion a un petit pois à la place du cerveau et qu’il a été disqualifié pour avoir ôté son maillot dans la ligne droite d’arrivée, ce qui est interdit par le règlement.

Cet événement est à examiner sous deux angles : sportif et juridique.

Le plan sportif

Il est indéniable que la victoire de Mekhissi sur la piste ne souffre aucune discussion. Il a fait ce qu’il a voulu, il a pris la course à son compte pour la durcir et il a gagné détaché,  après avoir ôté son maillot, à l’entrée de la ligne droite, « comme au foot », afin de fêter sa victoire, et terminé la course torse nu. Donc, sur le plan sportif, il a indéniablement gagné, sans avoir gêné quiconque. Incontestable.

La réclamation des Espagnols, par contre — devant permettre à Mullera, quatrième de la course, de se retrouver troisième si Mekhissi pouvait être disqualifié pour avoir retiré son maillot — est absolument indigne au niveau sportif. Essayer de grappiller un bronze dans de telles conditions est au-dessous de tout. On peut craindre que la guerre ne soit déclarée entre la France et l’Espagne sur les pistes d’athlétisme et les Ibères pourraient bien à l’avenir, tel le vase de Soissons, se souvenir du maillot de Zurich.

Le plan juridique

L’article 143-1 du règlement IAAF (fédération internationale) stipule que « les athlètes doivent porter une tenue propre, conçue et portée de manière à ne pas offenser » et l’article 143-7 que « il sera fourni à chaque athlète deux dossards qui, pendant la compétition, devront être portés visiblement sur la poitrine et sur le dos, sauf au saut à la perche et au saut en hauteur où un seul dossard pourra être porté sur le dos ou sur la poitrine ». Le traitement spécial concernant la perche et la hauteur est compréhensible car prévu pour éviter que le dossard n’accroche et ne fasse tomber la barre alors que l’athlète l’a franchie tout à fait normalement.

Juridiquement, les choses ont le mérite d’être claires : Mekhissi, en retirant son maillot, n’a pas respecté les règles et il méritait une sanction. Il a écopé, d’ailleurs, d’un carton jaune pendant son tour d’honneur. Avant que l’Espagne ne dépose sa réclamation…

Meeting et championnat

Du fait de son QI au ras de la rivière, le « steepleux » n’a pas encore compris la différence entre un meeting — où l’on peut se permettre ce genre de fantaisie car le public, bon enfant, vient  voir un spectacle — et un championnat officiel où, là, on ne plaisante plus. Ajoutons que, dans un meeting, on se présente à titre individuel ; dans un championnat, on représente la France. Mais il est vrai que, de nos jours, la France…

Il faut dire aussi que Mekhissi est un athlète ingérable. Déjà, en 2011, il avait bastonné Mehdi Baala après l’arrivée du 1.500 m du meeting de Monaco (première photo ci-dessous). En 2012, juste après avoir remporté son deuxième titre européen, il avait repoussé sèchement la mascotte qui se présentait au-devant de lui pour le féliciter, comme elle le faisait avec chaque vainqueur.

D’une manière générale, on a ici le reflet de ce qui mine le monde moderne et, tout particulièrement, la société française : on n’a plus aucune tenue et, du moment qu’on ne tue personne, on estime pouvoir tout se permettre (1).

Légèreté du staff

On s’aperçoit aussi de la légèreté de tout le staff tricolore, du président de la FFA Bernard Amsalem aux entraineurs, qui tolèrent tout et n’importe quoi. Si Mekhissi avait été copieusement sermonné en 2011 et 2012 — comme cela aurait été le cas il y a une vingtaine ou une trentaine d’année, à une époque où l’éducation passait au premier plan — s’il avait reçu une sanction appropriée et exemplaire, l’athlète aurait compris et la fédération n’aurait pas eu à affronter ce problème en 2014. Car tout se paie : les frasques de Mekhissi n’ayant pas eu leur sanction logique au niveau national, l’AEA (la fédération européenne) s’est chargée de faire le job. À sa manière.

L’avertissement est clair : en compétition, l’athlétisme ne tolère aucun écart de conduite comme au foot. Laisser Mekhissi sans sanction ouvrait toute grande la porte à de multiples récidives de ce genre. Un coup d’arrêt était inévitable. Et souhaitable.

On pourrait aussi pousser la réflexion un peu plus loin. La France, depuis trente ans, est un pays qui cultive la repentance et le mépris de la nation. Un pays qui se laisse piller au niveau économique avec les délocalisations qui, rappelons-le, ont commencé sous le premier septennat de François Mitterrand dans les années 80. Alors, les autres pays ne se gênent plus pour venir maintenant le piller au niveau sportif. Gageons que si, au niveau international, la France renvoyait l’image d’un grand pays fait de fierté et de patriotisme intransigeant, l’Espagne y aurait réfléchi à deux fois et se serait abstenue de ce coup sous la ceinture.

Eh oui, tout se tient…

Christian Métivier

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 (1) « Il n’a tué personne », répétait le soir de la course le Directeur Technique National Ghani Yalouz, incrédule.

La Plume : le même Ghani Yalouz a même rajouté : « Mahiedine n’a gêné personne, il était largement devant. Il n’a fait de mal à personne, il a simplement exprimé sa joie à sa manière, c’est vraiment petit de gâcher une si belle victoire »… Christian ne croyait pas si bien écrire ! Mais QUI à gâché une si belle victoire, monsieur Yalouz ?

 

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Une réponse pour « affaire Mekhissi » : l’absence de tête… et les jambes…

  1. NOURATIN le 18 août 2014 à 16 h 53 min

    Ce Mekhissi (dommage qu’il ne soit pas resté là bas) est bien à l’image des nouvelles générations d’envahisseurs qui nous pourrissent la vie : un prétentieux, abruti et méchant. S’il ne courait pas aussi vite, je le verrais bien faire le djihad du côté de la Syrie, ces temps-ci.
    Quant aux dirigeants, MM. Amsellem et Yalouz, je préfère encore n’en point parler…
    Amitiés.

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