Politique France

Valls à deux temps : « mon adversaire, c’est le monde de la finance », qu’il disait !

27 août 20142
Valls à deux temps : « mon adversaire, c’est le monde de la finance », qu’il disait ! 4.98/5 56 votes

« Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire »… « Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne »… « mon adversaire, c’est le monde de la finance ». François Hollande, 2012, Le Bourget.

On se croirait par les temps qui nous courent sorti d’un album d’Astérix de la plus belle époque, vous ne trouvez pas ? Mais si, avec ce rondouillard petit centurion Hollandus qui n’ose même plus sortir de son camp retranché par peur de se prendre, non plus seulement comme hier des sifflets et des quolibets, mais carrément des baffes de la part des habitants de la Gaulle occupée. Et ce Manuel Valls, nerveux et même atrabilaire, qui ressemble de plus en plus au Tullius Detritus de La Zizanie, l’un des plus délectables volumes des aventures du célébrissime petit Gaulois crée par Uderzo et Goscinny…

En tous les cas, force est de le constater, les deux gaillards, qui me font aussi chaque jour qui passe plus irrésistiblement penser à Laurel et Hardy, mais en tout de même beaucoup moins sympathiques et en nettement moins drôles, ont vraiment décidé de tout faire pour me contrarier !

Je vous laisse juges : hier en fin de journée, et juste avant l’annonce de la composition du « nouveau » gouvernement du petit caudillo catalan, je préparait un nouveau papier, et m’appuyant sur les rumeurs insistantes qui annonçaient un peu partout la promotion du pote de … promotion à l’ENA de Normal 1er (1), le si charismatique Michel Sapin à l’économie en remplacement de l’ex d’Audrey Pulvar, j’avais trouvé mon titre : Valls à deux temps : ça sent déjà le Sapin !

Oui, bon, je sais, même un môme de maternelle aurait pu la faire, celle-là. En tout cas sans doute L’Equipe, et peut-être même Libé. C’est tout dire. Mais enfin tout de même ! J’avais trouvé mon titre et commencé mon article en brodant allègrement sur ce thème, et comme vous me connaissez, j’en faisais des caisses et des caisses (j’ose décidemment tout) : « un cercueil en Sapin », « mon pas beau Sapin, roi des gorets », j’en passe, et pas forcément des meilleures.

Et puis patatras ! Sans doute avertis par les nombreux mouchards qu’ils ont dû installer dans mon bureau pour surveiller votre média alternatif et hautement subversif préféré, le binôme gouvernemental que le monde entier ne nous envie pas a subitement changé son fusil d’épaule, et le Sapin en question est resté dans sa boîte d’origine (oui, bon, je sais, c’est cette fois carrément très faiblard, mais c’est tout ce qui me reste en magasin), aux finances, où il pourra donc continuer à tirer des chèques en bois sur l’avenir de la France (idem).

Valls II, un gouvernement finalement… Macron-économique !

Sapin oublié, Plume frustrée… aurait donc pu dire le proverbe. Et puis… la déception et la légitime frustration passées (une bonne heure de cogitation « calembouresque » perdue, pour rien, « merde, quand même ! »), j’ai comme tout le monde épluché la sélection ministérielle de plus près, à commencer par la nomination à l’économie qui me coûtait si cruellement, si injustement mon titre.

Macron… mais qui c’était, celui-là ? Je connaissais bien un personnage de BD qui porte presque ce nom (2)… mais non, tout de même, ils n’auraient pas osé ! Quoique… comme l’a si justement fait remarquer Audiard dans les Tontons Fligueurs, « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! ». Et puis, c’est vrai, ce ne serait pas le premier mort-vivant à faire partie d’un gouvernement… Mais bon. Je vérifie, je me renseigne. Mais oui, bien-sûr ! C’est ce même Macron qui était déjà secrétaire adjoint à l’Elysée ! Cet énarque (quelle surprise !) qui a fortement inspiré le fameux Pacte de responsabilité ! Ce fils de famille né avec une cuillère en argent dans la bouche, qui, à 36 ans, est déjà millionnaire suite à son passage par la banque Rothschild où il fut gérant, avant de rejoindre l’équipe de notre capitaine de pédalo Titanic. Cet « adversaire » du monde de la finance (peut-on en d’ailleurs faire plus « finance » en France que Rothschild ?) qui a l’oreille du Président. Ce quidam qui déclarait d’ailleurs avant de se mettre au service de notre ectoplasme élyséen préférer « s’orienter vers la finance » justement… Ce même Macron qui est aussi – quelle surprise ! – membre du Bilderberg

Non mais, vraiment, François… un « adversaire », la finance ?

« Emmanuel Macron s’inscrit dans la ligne que nous avons donnée », a carrément déclaré mardi soir sur France 2 Manuel Valls, au cas où quelques ramollis du bulbe n’auraient pas encore tout à fait compris.

« Emmanuel Macron, un grand professionnel, un futur grand politique, un homme de culture. Bercy dans de très bonnes mains », a rajouté l’ex-père Joseph de François Mitterrand, celui qui, avec son pote BHL, tire à peu près toutes les ficelles de la vie politique, économique et médiatique française, l’irremplaçable Jacques Attali.

Avouez que comme réponse à la fronde « de gauche » qui agite le Parti Socialiste, comme réplique aux attaques économiques qui ont provoqué le renvoi de Montebourg et Hamon, comme concession faite à l’électorat de gauche qui déserte les urnes, il était bien difficile de faire plus clair, dans le genre allez vous faire f… !

« mon adversaire, c’est le monde de la finance », qu’il disait… sacré François, va ! Il n’y en a pas deux comme toi ! Atomisé, éparpillé façon puzzle, renvoyé aux poubelles de l’histoire de la rouerie politique, l’amateur Jacques Chirac et sa fameuse « fracture sociale » ! Balayé, le petit Nicolas, avec son « Karsher » ! Hollande met les pendules à l’heure, et montre avec un panache qu’on ne lui connaissait pas, avec une virtuosité que l’on ne soupçonnait guère, qui est le vrai cador en matière de crapulerie politique. Même Tonton Mitterrand fait soudain très daté. C’est dire les sommets atteints par l’ex-monsieur Royal ! La grenouille s’est faite aussi grosse que le bœuf (mais c’est la France qui va péter). Chapeau l’artiste !

Tant va Najat à l’homo qu’à la fin elle se case…

C’est le second coup de tonnerre, la seconde énorme provocation de cette nouvelle décomposition gouvernementale, et cette fois plus clairement à destination de l’électorat dit de droite (de gauche… de droite… ne vous bousculez pas, avec François et Manu, il y en aura pour tout le monde !) : Najat Vallaud-Belkacem, la passionaria zélée de la théorie du genre qui « n’existe pas » (ce qui ne l’a pas empêchée d’aller en faire la promotion jusque dans les cours de récréation), est donc nommée Ministre de l’Education Nationale ! Une gifle, un doigt d’honneur, que dis-je, une monumentale quenelle adressée depuis Matignon et l’Elysée par Valls et Hollande aux Français que cette fumeuse théorie développée par des esprits malades horripile et aux millions d’opposants au Mariage Pour Tous, que la donzelle, alors porte-parole du gouvernement, avait insultés et méprisés d’abondance au plus fort de la contestation contre la Loi Taubira.

S’il n’en reste qu’une… ce sera Taubira !

Taubira, parlons-en un peu, tiens (mais pas trop, parce qu’il ne faut pas abuser des mauvaises choses). Il parait qu’elle et Manu le Catalan se détestent… qu’ils sont radicalement opposés sur à peu près tout, et notamment la politique pénale. Qu’elle aurait dû déjà être débarquée du gouvernement Valls I. Il n’empêche ! Tata Christiane reste finalement aux commandes du Ministère de la Justice. Parce que c’est désormais, malgré ses casseroles, malgré ses mensonges, malgré ses gaffes, malgré surtout ses résultats catastrophiques, une icône de la gauche version LGBT. Parce que surtout il le faut bien : sa Loi instituant le mariage homo sera de toute évidence le seul truc estampillé de « gôche » qui restera du pathétique quinquennat hollandien.

A noter pour finir en rigolant encore un peu, quelques recalés –volontaires ou non – du gouvernement Valls II :

Salut Lamy, adieu le trésor ! (3)

On pourra d’abord relever le refus de François Lamy de rentrer au gouvernement. Cinq mois seulement après l’avoir carrément foutu dehors (Lamy était ministre du gouvernement Ayrault), Manuel Valls a cherché à récupérer, pour faire semblant d’ouvrir la porte à la contestation, ce proche de Martine Aubry. Le gus a claqué la porte sans trop de ménagement, déclarant « Je comprends que vous ayez besoin d’une caution aubriste, mais la situation politique ne le permet pas », ajoutant : « Ce n’est pas une question personnelle, mais comme j’ai cru comprendre que le gouvernement ne devait avoir qu’une seule ligne, j’aurais peur de poser plus de problèmes dans quelques mois que de solutions ». bonjour l’ambiance !

Jean-Michel Baylet ? Aux corneilles !

Le patron des Radicaux de Gauche voulait furieusement entrer au gouvernement, mais se prenant de toute évidence pour ce qu’il n’est pas, à un ministère régalien. Rien que cela, et il en avait fait une question de principe. Valls et Hollande, qui de toute évidence, s’ils n’ont plus aucun sens de l’honneur ou du ridicule, gardent encore un peu le sens des réalités, tout du moins en ce qui concerne l’équilibre des forces politiques à gauche. Ils l’ont donc et pas très gentiment envoyé se faire voir. Pas sûr que la France s’en relève…

Jean-Vincent Placé, mais pas gagnant !

On savait que cet arriviste politicard EELV (je sais, on est dans le double, voire le triple pléonasme !) de la pire espèce tenait absolument à avoir son hochet ministériel. Las ! Malgré d’autres candidats carriéristes en diable au sein du machin prétendument écologiste,comme Barbara Pompili ou François De Rugy, eux aussi dans les starting-blocks, les instances dirigeantes du parti ont tenu bon sur le front du refus, sans doute moins par idéal politique que par crainte de faire partie d’un naufrage : Jean-Vincent n’a donc pas réussi à se Placé. Damned, encore raté, a dû se dire le mauvais homme ! Lui restent fort heureusement, et comme pour d’autres (voir plus bas), ses très confortables charentaises sénatoriales !

A Hue… et adieu !

A noter enfin pour clore la rigolade de ce jeu de chaises musicales ministérielles, et afin de vous faire savoir à quel niveau de déliquescence nous en sommes rendus, à quel point il a fallu descendre pour aller racler les fonds de tiroirs et essayer de constituer son gouvernement, que Manuel Valls a (sérieusement !) songé à exhumer de son cimetière politique l’improbable Robert Hue, vous savez, l’ancien catastrophique patron du PCF, avec son invraisemblable physique de nain de jardin version Prof de Blanche-Neige et les Sept Nains, actuellement président du… MUP (non, il ne s’agit pas de l’UMP – mais on y arrivera sans doute au train UMPS où vont les choses – écrit par un dyslexique), le Mouvement Unitaire Progressiste (sic). Unitaire… je pouffe ! Le pauvre Robert pourrait réunir son comité central dans une cabine téléphonique, et il resterait encore de la place ! Mais le plus important pour le gaillard est qu’il puisse comme Placé et comme nombre d’autres pensionnaires du cimetière des éléphants politiques français recalés du suffrage universel, lui aussi pantoufler grassement au Sénat.

J’ai la droite qui s’dilate, j’ai la gauche qui s’défausse…

Emmanuel Macron… de Rotschid au Bilderberg, du Bilderberg à l’Elysée, puis de l’Elysée au gouvernement… François Hollande sait incontestablement tendre la main, ou la joue – et accessoirement une partie de la France et de l’électorat de gauche que la décence m’interdit de nommer ici, pour qu’ils se fassent définitivement entuber – à ses adversaires. Et pour faire juste mesure, pour aller au bout du bout, comme aurait dit Raymond Devos : Belkacem de la théorie du genre promue à l’Education Nationale… Taubira de presque tout le reste maintenue à la Justice… C’est décidément à croire que notre couple de l’exécutif fait en réalité tout pour faire péter le couvercle du mécontentement dès la rentrée, qui risque plus que jamais de s’annoncer fort chaude… Manuel Valls, François Hollande… m’est avis que ces deux gugusses ne passeront définitivement pas l’hiver…

Ah mon Dieu qu’c'est embêtant d’être toujours patraque, Ah mon Dieu qu’c’est embêtant d’être au gouvernement !

 

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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(1) La promotion Voltaire, et cela ne s’invente pas, quand on connaît la nature réelle, hypocrite, manipulatrice, arriviste, capitaliste de cette vile crapule qu’on devrait éjecter du Panthéon. Si vous voulez en être définitivement convaincu, lisez le formidable Voltaire méconnu, Aspects cachés de l’humanisme des Lumières (1750-1800) de Xavier Martin, aux éditions Dominique Martin Morin.

(2) Nécron, de Roberto Raviola, alias Magnus.

(3) Salut l’ami, adieu le trésor, nanar improbable de Sergio Corbucci, 1981.

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2 Responses to Valls à deux temps : « mon adversaire, c’est le monde de la finance », qu’il disait !

  1. Autant en emporte mots et vidéos | DjefBernier le 28 août 2014 à 3 h 43 min

    [...] au rayon « opinion et franche addiction » actuellement c’est H16, yoananda, LHDDT, La plume à gratter, Corto, Lupus, Jovanovic, la chute chez over blog, aux infos du nain, saucisson-pinard, Lord [...]

  2. NOURATIN le 27 août 2014 à 20 h 01 min

    Voilà, vous avez tout dit, et de quelle manière!
    Moi aussi, je voulais titrer le prochain « Ca sent le Sapin » mais c’est raté, « ça sent le Marcon » ne présenterait pas le moindre intérêt.
    En tout cas, je me demande si Culbuto ne se résigne pas tout bêtement à une bonne dissolution, histoire de bousiller l’UMP dans la perspective de 2017…il ne s’y prendrait pas autrement…
    Amitiés.

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