Publié le : 30 août 2014
Source : egaliteetreconciliation.fr
« Dans cette bataille qui s’engage, mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti mais il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance », promettait François Hollande dans un accès de virilité le 22 janvier 2012, lors de son discours du Bourget. Dès son élection, le même François Hollande prenait comme secrétaire général adjoint et principal conseiller financier Emmanuel Macron, jusque alors banquier associé chez Rothschild…
Après avoir influencé la politique économique du président de la République (avec le pacte de responsabilité notamment), celui dont le mentor est Jacques Attali et qu’Alain Minc surnomme affectueusement le « petit Macron » avait quitté son bureau de l’Élysée à la mi-juillet, assurant qu’il souhaitait rejoindre l’enseignement dans de grandes universités européennes. Mais le 26 août dernier, soit moins d’un mois et demi plus tard, il effectue un retour en force avec sa nomination surprise à Bercy. Comme le résume Mediapart (26 août 2014) :
« Son arrivée au poste de ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique illustre aussi le glissement – peut-être définitif – du pouvoir de tous les dossiers économiques dans les mains de la technostructure de Bercy. Comme si le politique, coincé entre la haute administration des finances et la Commission européenne, avait renoncé à exercer tout pouvoir sur le sujet ou même à faire semblant ».
Pour David de Rothschild, rien que de plus normal que l’ascension fulgurante d’un de ses poulains. Ce dernier indiquait en effet dans Rothschild, une banque au pouvoir (Albin Michel, septembre 2012) : « C’est la tradition de la maison de se mettre à la disposition de la République ».
Et la journaliste Martine Orange d’expliquer : « Pour lui, c’est revenir aux usages du passé, quand, avant guerre, les allers-retours de certains dirigeants entre les gouvernements et la banque étaient devenus une pratique habituelle. Il sait que la maison est considérée désormais comme un de ces points de passage obligés par la haute fonction publique. C’est aussi la rançon de l’influence ».
C’est ainsi qu’Emmanuel Macron est devenu, à 36 ans seulement, une des personnalités les plus influente de la République. Plongée dans le « monde de la finance »…
« Celui-là, Hollande l’a repéré de longue date et il n’a pas l’intention de le laisser très longtemps dans l’ombre. Emmanuel Macron a beau être un jeune trentenaire, il a déjà une carte de visite longue comme le bras […]. Emmanuel Macron est la perle que tout le monde s’arrache ». Le Nouvel Observateur, 19 janvier 2012
« C’est probablement le téléphone portable le plus saturé du Tout-Paris. Parler à Emmanuel Macron relève du parcours du combattant […]. C’est l’homme de la crise de l’euro et de tous les dossiers économiques […]. Le “petit Macron” comme on le surnomme, est devenu une pièce maîtresse dans le dispositif élyséen ». Libération, 17 octobre 2012
« N’ayant ni vocation ni l’envie de m’engager dans l’industrie ou une structure particulière, je me suis orienté vers la finance. Celle-ci me paraissait plus libre et plus entrepreneuriale que d’autres secteurs. Les métiers de la banque d’affaires sont exigeants mais extrêmement stimulants ». Emmanuel Macron, Rue Saint-Guillaume, avril 2010
« Social-libéral décomplexé, Macron est un grand séducteur. Cette belle gueule aime les boutons de manchette et la lumière. Il est drôle, vif et horriblement ambitieux. Et depuis son passage chez Rothschild, suffisamment riche pour être à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours. » Libération, 27 août 2014
Un « jeune-vieux » au parcours sans faute
Emmanuel Macron est né le 21 décembre 1977 à Amiens (Somme). Il est le fils de Jean-Michel Macron, médecin agrégé et médecin hospitalier (neurologie), et de Françoise Noguès, médecin. Se gardant bien d’indiquer au Who’s Who qu’il s’agit d’un établissement catholique privé sous contrôle des jésuites, il a effectué ses études de la sixième à la première au lycée La Providence, où il sera systématiquement premier (notamment grâce à sa grand-mère, ancienne directrice d’école qui le fera travailler le mercredi et le samedi), terminant sa scolarité au lycée Henri IV à Paris (où il se liera avec Jean-Baptiste de Froment, futur conseiller d’éducation de Nicolas Sarkozy). En 1994, à 16 ans, il est lauréat du concours général de français et décroche même un troisième prix de piano du conservatoire d’Amiens. On relèvera qu’il lui reste sans doute un semblant d’éducation chrétienne puisqu’il appartient au comité de rédaction de la revue Esprit.
Étonnamment, c’est à La Providence qu’il rencontre un professeur de français, de vingt ans plus âgé que lui, Brigitte Trogneux, qui sera son professeur en seconde. Il en tombe amoureux (il est alors mineur) et l’épousera finalement, en dépit de l’importante différence d’âge et de cursus universitaire, le 20 octobre 2007 à l’Hôtel Westminster du Touquet, après que cette femme mariée et mère de famille aura divorcé. Il « revendique le bonheur d’être six fois « grand-père » des petits-enfants de sa femme » (Le Nouvel Observateur, 26 août 2014). Elle appartient à une vieille famille de la grande bourgeoisie amiénoise, se situant nettement à droite, la famille Trogneux. Son beau-frère, qui n’est autre que le fameux pâtissier (macarons) et confiseur Jean Trogneux, assume ces différences : « La politique est un sujet tabou entre nous et donc, on parle d’autre chose. » (Le Courrier picard, 17 mai 2012)
À la différence de son frère et de sa sœur, Emmanuel Macron n’a pas embrassé la carrière médicale. Il obtient d’abord un DEA de philosophie (consacré à Hegel) à Paris X-Nanterre. Wikipédia lui attribue généreusement une thèse sur l’intérêt général rédigée de 1999 à 2001, durant laquelle il sera un assistant du philosophe Paul Ricœur (semble-t-il via son biographe, François Dosse). Si elle existe, cette thèse ne figure pas au fichier des thèses de Nanterre et ne figure pas non plus dans le fichier national des thèses. En réalité, il semble qu’elle se soit réduite à l’état d’un embryon placé sous la direction d’Étienne Balibar… Quant à la fonction indiquée auprès de Paul Ricœur dans le Who’s Who, elle relève largement de la légende dorée : « Le philosophe, qui avait besoin de quelqu’un pour faire de l’archivage, l’a fait travailler à mi-temps pendant trois ans. » (Le Monde, 27 octobre 2012)
La rumeur, reprise par divers journalistes (par exemple Le Nouvel Observateur, 19 janvier 2012), lui attribue aussi faussement d’être un ancien de l’École normale supérieure. En réalité, cet ancien khâgneux d’Henri-IV (avec Amélie Verdier, directrice du cabinet de Jérôme Cahuzac) a raté Normale Sup, ce qui a ébranlé un temps ses certitudes, l’obligeant à se rabattre sur la faculté. En parallèle ou par équivalence, il obtient le diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris (voie « diplomatique » et pas « service public ») en 2001. Après une « prep-Ena », il sera élève à l’Ena (en profitant pour passer un mois à Cambridge avant d’avoir été reçu au concours) de 2002 à 2004 (promotion Léopold Sédar Senghor, tout comme Gaspard Gantzer, ex-conseiller presse de Laurent Fabius, devenu, cette année, le conseiller communication de François Hollande, et Mathias Vicherat, directeur de cabinet d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, un autre pilier des réseaux de gauche), dont il sortira cinquième (et non second, comme l’indique faussement Libération du 17 octobre 2012). Le major est Sébastien Proto, lui aussi devenu banquier d’affaires chez Rothschild et animateur de la campagne de Nicolas Sarkozy…. Son rang lui permet quand même d’intégrer de justesse l’Inspection des finances.
Le plus jeune associé-gérant de la Banque Rothschild & Cie
Inspecteur des finances de 2004 à 2007, il est rapidement repéré, devenant chargé de mission auprès du chef de service à l’Inspection générale des finances (2007-2008), le plus qu’influent Jean-Pierre Jouyet (plus proche ami de François Hollande, aujourd’hui secrétaire général de l’Élysée après avoir été patron de la Caisse des dépôts et consignations et ministre des Affaires européennes de Nicolas Sarkozy), puis Jean Bassères. À noter que Jean-Pierre Jouyet devait le choisir alors qu’il était « l’élément le plus politisé » qu’il ait jamais rencontré à l’Inspection des finances (cf. Le Point, 18 octobre 2012). Soucieux de rentabiliser au mieux sa carrière, il part, sur les conseils du strauss-kahnien Serge Weinberg, pantoufler dans le privé, grâce au soutien de Jacques Attali qui le recommande à François Henrot, le bras droit de David de Rothschild.
En septembre 2008, dix jours avant la chute de Lehman Brother, Emmanuel Macron devient le plus jeune banquier d’affaires et directeur des affaires financières (2008-2011) et associé-gérant (2011-2012) de la Banque Rothschild & Cie, équivalent d’un Matthieu Pigasse chez Lazard. À l’époque, Rue Saint Guillaume (avril 2010) le décrit ainsi : « Costume sombre impeccablement coupé, chemise blanche avec boutons de manchette, cheveux sagement ondulés, verbe rapide et gestuelle mouvante, Blackberry à portée de main, (il) pourrait apparaître comme l’archétype même du jeune banquier d’affaires. »
Il négocie le plus gros « deal » de l’année 2012, le rachat par Nestlé de la filiale d’aliments pour enfants de Pfizer (c’est au sein de la commission Attali qu’il s’était lié avec le patron de Nestlé, Peter Brabeck). « Un deal à 9 milliards d’euros qui lui permet illico de devenir millionnaire. » (Libération, 17 octobre 2012)
Ce qui l’oblige, pour quelque temps sans doute, à diviser son revenu par dix en rejoignant la rue du Faubourg Saint-Honoré. À ce poste, il s’occupera aussi de divers dossiers sensibles pouvant revenir aujourd’hui à l’Élysée, comme le quotidien Le Monde (il a conseillé la Société des lecteurs du Monde) ou le financement de Presstalis (ex-NMPP).
Un temps proche des idées chevènementistes, c’est en 2001 qu’il s’inscrit finalement au Parti socialiste, se rapprochant rapidement des idées de la « deuxième gauche », celle d’Esprit, du think tank En temps réel (de Stéphane Boujnah, le patron de la banque Santander France), dont il appartient au comité directeur, tout en gardant un pied à la Fondation Jean Jaurès. Il est également membre du collectif Les Gracques (avec Jean-Pierre Jouyet, Denis Olivenne, patron de la Fnac, Guillaume Hannezo, alors associé de Rothschild, vice-président du conseil de surveillance de Libération et ex-conseiller de Pierre Bérégovoy, Mathieu Pigasse, etc.) qui militait en mars 2007 pour un rapprochement PS-Bayrou avant d’être désavoué publiquement par Ségolène Royal.
Aux élections législatives de 2007, fort de ses appuis parisiens, il tente vainement de se faire investir à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Il comprend très vite qu’il n’a pas de temps à perdre avec les trentenaires et qu’il vaut mieux taper directement à la tête, c’est-à-dire François Hollande. C’est par le biais de Jean-Pierre Jouyet qu’il rencontre, en 2006, le futur président de la République, l’alimentant en notes. Ce qui ne l’empêchera pas d’être le rapporteur de la Commission pour la libération de la croissance française voulue par Nicolas Sarkozy et dirigée par Jacques Attali, dont il deviendra le principal collaborateur. Ce dernier « s’est chargé, lui aussi, de chanter ses louanges » auprès de François Hollande (Le Nouvel Observateur, 19 janvier 2012) alors même que ladite commission avait rendu un rapport préconisant des mesures de dérégulation et déréglementation économiques et sociales si violentes qu’elles furent oubliées par Nicolas Sarkozy… « Et comme, dans le milieu, François Henrot, qui l’a pris sous son aile, et Alain Minc qui aime faire la sortie des (grandes) écoles, ont surenchéri sur son compte » (ibid.)…
Mieux encore, selon un banquier de la City cité par Les Échos (18 septembre 2012) : « Le conseiller économique de François Hollande, Emmanuel Macron, est venu à Londres avant les élections présidentielles expliquer à un groupe de financiers de la City qu’ils ne devaient pas s’inquiéter [...]. Il nous a cyniquement promis qu’il y aurait suffisamment de niches pour que la mesure soit indolore et qu’il savait très bien qu’elle était risquée du point de vue économique. »
De l’ombre à la lumière : Emmanuel Macron adoubé par les cénacles mondialistes
En 2010, il s’engage donc réellement auprès de François Hollande. « Il devient la cheville ouvrière du programme économique du candidat Hollande. Il fait le lien avec les économistes du groupe de La Rotonde (Philippe Aghion, Gilbert Cette, Elie Cohen, Jean Pisani-Ferry…) et de jeunes “technos” de Bercy et d’ailleurs. Tous saluent son sens de l’organisation et de la synthèse. » (Le Monde, 27 octobre 2012)
Il deviendra donc, le 15 mai 2012, secrétaire général adjoint de l’Élysée, remplaçant ainsi François Pérol, banquier d’affaires associé chez Rothschild, qui avait été secrétaire général adjoint de l’Élysée durant l’ère Nicolas Sarközy et dont Macron reprendra le bureau à l’Élysée.
C’est lui, soutenu par son équipe de « technos » et d’inspecteurs des finances, qui rédigera très largement le projet de loi de finances rectificative présenté à l’Assemblée par le ministre du Budget Jérôme Cahuzac. Toutefois, comme l’indiquait Libération (17 octobre 2012), « il est d’une gauche plutôt libérale, à cheval sur le rétablissement des finances publiques et le libre jeu du marché. Quand il apprend que son candidat a dégainé sa proposition de taxer à 75 % les super-riches, il manque de s’étouffer. » (Il faut dire que la mesure a été suggérée par son concurrent, Aquilino Morelle, qui deviendra le conseiller politique du président et sa principale « plume ».) Mais qu’importe pourvu qu’on ait le pouvoir : « Il a suivi les méandres du président, qui a dit tout et le contraire de tout » 27 octobre 2012)
C’est ce qui conduit nombre de grands patrons à le soutenir plus ou moins discrètement : « C’est la bouée de sauvetage des patrons. “Emmanuel Macron est notre relais, notre porte d’entrée auprès du président”, s’enthousiasme Stéphane Richard, PDG de France Télécom [...] “Je l’ai vu à l’œuvre chez Rothschild, il va rassurer tout le monde”, renchérit un autre ponte du CAC 40. » (Challenges, 30 septembre 2012)
À l’Élysée, « Monsieur superlatif » (Le Monde, 28 octobre 2012) devient aussitôt le collaborateur clé de François Hollande, qui n’a jamais vraiment évolué dans les cercles de pouvoir effectif et qui demeure peu au fait des questions économiques et financières. Comme l’indique Libération (17 octobre 2012) : « C’est l’histoire de l’affolante ascension d’un jeune homme pressé. Celle d’un Julien Sorel d’un siècle où la haute finance est devenue l’antichambre du pouvoir politique. »
Même si le « jeune loup de l’Élysée » (Challenges, 30 août 2012) n’a pas réussi à avoir la tutelle sur Philippe Léglise-Costa, conseiller pour l’Europe, avec lequel il gère la crise de la zone euro, il a la haute main sur les grands sommets (G9, G20, etc.).
Membre de la French-American Foundation (FAF), il a été intronisé en juillet 2012 « Young leader » peu après son arrivée à l’Élysée, en même temps que Fleur Pellerin. Adoubés par les cénacles mondialistes les plus puissant, Fleur Pellerin et Emmanuel Macron participeront à la réunion annuelle du Groupe Bilderberg organisée en mai-juin 2014 à Copenhague.
Le 9 avril 2014, le jour de la nomination de son ami Jean-Pierre Jouyet comme secrétaire général de l’Élysée, il avait annoncé à ce dernier son départ du secrétariat adjoint à la présidence de la République. Il estimait alors « avoir terminé sa mission ». « Grand défenseur et inspirateur de la ligne sociale-libérale » (Libération, 11 juin 2014), il a en effet largement pesé dans le lancement officiel du « pacte de responsabilité » le 14 janvier dernier par François Hollande (piloté depuis Matignon par Manuel Valls). Il passait depuis son départ de l’Élysée pour être en discussion avec plusieurs grandes universités européennes pour un poste d’enseignant à l’international et avait été remplacé à son poste de conseiller économique par Laurence Boone, une proche de Manuel Valls en provenance de Merrill Lynch Bank of America, un autre visage de la Finance…
Le lendemain de la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, Jacques Attali s’enflamme su BFM TV : « Emmanuel est un garçon très brillant. J’ai eu le privilège dans ma vie de mettre le pied à l’étrier à pas mal de jeunes, et je crois qu’il a tout à fait le talent pour être un présidentiable un jour. (…) Il a toujours eu une fibre politique de gauche, ancrée à gauche (…). Il a vocation à faire une grande carrière politique ».
Cet article a été écrit en exclusivité pour Égalité & Réconciliation par la revue Faits & Documents d’Emmanuel Ratier.
Visiter le site de la revue : faitsetdocuments.com.
A VOIR …
PK PAS ,?
iL A BATTIT UNE FORTUNE ASSER RAPIDEMENT MAIS IL N EST PAS NEE DEDANS ET JE CROIS QU IL A UNE FIBRE DE GAUCHE QUI VA FAIRE DE LUI UN PRESIDENT QUANT LA GAUCHE S EFFONDRE ET JE PENSE QU A L EPOQUE QUE L ON VIT IL FAUT MACRON POUR RASSURER DU MONDE ET FAIRE LES REFORMES TOUTE EN RASSURENT LA GAUCHE QUI BLOQUE DONC JE CROIS VMT QU IL VA REUSSIR A L ETRE MEME SI C EST PAS EN 2017 CA SERA APRES
[...] politiques – est un signe de cette fuite en avant. La nomination d’Emmanuel Macron, banquier d’affaires chez Rotschild et membre du groupe Bilderberg au poste-clé de Ministre de l’économie, est un signal envoyé aux marchés [...]