…de la gauche socialiste
Note de La Plume (12 septembre 2014) : ceux qui auront lu cet article précédemment auront remarqué que j’en ai changé le titre, le rendant nettement moins cinglant… le jeux de mot était très tentant, la colère et le dégoût très présents, mais je pense que j’étais allé trop loin. On peut être très sévère sans être grossier, et encore moins vulgaire. Je demande pardon à ceux que j’aurais choqués, et tiens à rassurer ceux qui penseraient que je me dégonfle. Ce n’est pas le cas, l’avenir vous le confirmera ! Cette modification ne m’a été soufflée par personne, et nul ne m’a volé dans La Plume !
Il arrive souvent par les temps qui trépassent, et lorsque l’on s’est donné pour mission de regarder et de dire le monde tel qu’il va (très mal), la France telle qu’elle coule (à pic) de trahison sarkozienne en effondrement hollandien, oui, il arrive souvent qu’on ait le plus grand mal à tout simplement croire ce qu’on lit, à appréhender ce qu’on découvre, à analyser ce qu’on constate. Car à l’impossible nul n’est tenu. Et cette descente quotidienne aux enfers de la médiocrité et – plus encore – de la crapulerie ambiantes, s’apparente chaque jour un peu plus à un long, un interminable chemin de croix…
Oui, chaque jour un peu plus, et qu’il s’agisse de politique à l’échelle du monde, avec la propagande, le suivisme atlantistes hallucinants et la russophobie hystérique qui lui fait cortège et dans tous nos médias à propos des évènements d’Ukraine, avec la désinformation de tous les instants là aussi et qui ne faiblit pas depuis plus de trois ans à propos de la Syrie ou à présent de l’Irak, avec la complaisance abjecte et sans cesse renouvelée malgré quelques larmes de crocodiles pro-palestiniens mais « surtout pas antisémites, hein ! » à l’égard de la politique coloniale, raciste et criminelle d’Israël, ou la censure pure et simple à propos de la Libye d’après « aventure béhachélo-sarkozienne »… qu’il s’agisse de « politique » française, avec la déliquescence sans fin de l’UMP, sa guéguerre des sous-chefs de préfecture qui veulent tous « être calife à la place du calife » (1) ou le perpétuel et pathétique vrai-faux retour de Pinocchio Sarkozy, avec le Parti Socialiste hollandien et ses reniements, ses lois sociétales sectaires et iniques refusées par la rue mais imposées par le fait d’un prince s’étant pourtant et dès le départ révélé déjà nu comme un ver, avec ce(s) gouvernement(s) de clowns et ses incompétences en veux-tu en voilà, ses bourdes en cascades « niagaresques », ou avec ses histoires de cornecul mettant pathétiquement en scène un Président de la République Française, ses ex, ses actuelles et pourquoi pas demain ses futures, faisant les unes gourmandes et rigolardes de la presse de caniveau nationale et internationale, et du même coup, par ricochet, de nous la risée du monde. On touche désormais le fond. Ou plutôt on s’y vautre. Comme des porcs dans la boue, et pour ne pas parler de fange.
On croyait pourtant l’avoir depuis longtemps touché, le fond… et bien non ! Car bien décidés à « serrer contre leur cœur les bornes de l’incompétence et de la crapulerie et à courir à toute vitesse plus loin, afin d’agrandir leur domaine » (2), les socialistes aujourd’hui au pouvoir nous prouvent une nouvelle fois qu’ils peuvent encore et toujours faire mieux ! Enfin, mieux… c’est bien-sûr une façon de parler !
Après le cas Cahuzac, après Morelle, et si même si l’on met fort charitablement de côté la longue liste plus ancienne qui commence furieusement à ressembler à un bottin « immondain » des « repris de justesse » socialistes (Kucheida, Dallongeville, Ayrault, Désir, Andrieux, Guérini, Mennucci, j’en passe et des pires) ou de leurs rejetons, est donc venu le tour du plus qu’éphémère Secrétaire d’Etat au Commerce Extérieur, le triste sire Thévenoud, Thomas de son prénom. Qui contrairement au saint dont il porte le patronyme, ne doute lui décidément vraiment de rien ! Jugez-en plutôt :
Vous le savez bien-sûr, tout a donc commencé par cette démission forcée « pour raisons fiscales » le jeudi 4 septembre… neuf jours seulement après sa prise de fonction ! Un sacré record de fulgurance ministérielle, égalant celui de feu Léon Schwartzenberg en 1988 (un socialiste, déjà).
On savait dès le début de cette invraisemblable affaire que cette « démission » découlait du fait que le gaillard n’avait pas rempli ses déclarations de revenus lors des trois dernières années (et quid des précédentes, la rétroactivité en matière de fraude fiscale étant justement de trois ans ?). Ou plutôt du fait que cette info allait à présent sortir dans les médias. Comme pourrait le dire l’adage : « pour gouverner en paix, fraudons cachés ! »
On avait ensuite découvert le 9 septembre qu’il avait également « omis » de payer son loyer parisien pendant ces trois mêmes années. Celui qui pour tenter de se justifier dans la tourmente médiatique nous avait alors dit qu’il souffrait d’une « phobie administrative », une maladie pourtant totalement inconnue jusqu’alors de la sphère médicale, on a plutôt envie d’écrire psychiatrique, avait bien fini par régler ses loyers impayés, juste avant sa nomination comme secrétaire d’Etat, non sans avoir été tout de même menacé d’expulsion au préalable. Comme il avait acquitté sa facture fiscale, pénalités comprises, également quelques jours à peine avant sa prise de fonctions, n’étant du coup plus redevable de rien sur un plan « légal », comme il l’a clamé partout avec force. Sur le plan « moral », par contre, c’est une toute autre histoire…
On notera au passage que Thomas Thévenoud a pu donc se permettre, à tout juste quarante ans, de payer rubis sur l’ongle et du jour au lendemain trois années de loyer d’un appartement parisien, et trois années d’arriérés d’impôts et les lourdes pénalités qui vont avec. Ce qui en dit plus qu’un très long discours sur le niveau des revenus (longtemps non déclarés) et moyens financiers du malheureux étourdi. Cela faisait en vérité déjà beaucoup… mais pas trop, car on n’avait encore rien vu !
Le même jour, on apprenait aussi que Thomas Thévenoud avait également « oublié » de mentionner ses activités d’entrepreneur dans sa déclaration d’intérêts. Le 17 juin 2012, celui qui n’était encore alors « que » député avait pourtant fait enregistrer une société à son nom, sous l’intitulé « affaire personnelle artisan » (sic)… Une « affaire artisan » destinée selon ce gugusse à rémunérer… sa femme de ménage. Ca ne s’imagine même plus, ça se rêve !
La coupe était-elle enfin pleine ? Que nenni ! Car comme le nanar télévisuel plus belle la vie, le feuilleton Thévenoud, quand on croit que c’est – enfin ! – fini, ça recommence !
Le 10 septembre, on apprenait que l’ancien secrétaire d’Etat ne réglait pas non plus les PV de sa voiture de fonction lorsqu’il était vice-président de la communauté urbaine de Creusot-Montceau (Saône-et-Loire), entre 2008 et 2012.
Le 11 septembre, c’était le tour d’un certain Alain Caroline d’apporter sa pierre à l’édifice : kinésithérapeute de son état, celui-ci avait eu à s’occuper des deux filles de Thévenoud en novembre 2007. Deux mois plus tard , la facture de 183,60 euros étant encore impayée, Caroline faisait une première relance, puis quelques mois plus tard une seconde. Sans résultat. Il mandatait donc enfin, en désespoir de cause, un huissier pour remettre en main propre (si j’ose dire !) la troisième relance. Thomas Thévenoud finit enfin par payer. Une petite plaisanterie qui aura tout de même duré près de deux ans. Pour 186,60 euros…
Le 11 septembre toujours, on découvrait que Thévenoud avait aussi « omis » de signaler dans sa déclaration d’intérêt qu’il avait été (très brièvement, mais tout de même) dirigeant d’une société de négoce de vin en 2010. .. et que la fourniture d’eau avait été coupée à plusieurs reprises dans sa permanence de député en Saône-et-Loire… parce qu’il avait, une fois de plus, « oublié » de payer ses factures !
N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Et pourtant, il est plus que probable que cet inventaire à la Prévert sera dès demain pour partie dépassé, car chaque jour qui passe apporte désormais sa nouvelle révélation, plus abracadabrantesque que la précédente.
Pour finir, vous pourrez prendre connaissance ci-dessous d’un petit florilège de citations de celui qui se présente aujourd’hui dans tous les médias comme l’innocente victime, tout juste « distraite », d’un abominable lynchage médiatique, et qui s’accroche à son mandat de député comme une moule à un rocher, ou plutôt comme un morpion au cul d’une pute de bas étage. De celui qui fut – cela ne s’invente pas – l’un des plus actifs contributeurs de la loi sur la transparence de la vie publique à l’Assemblée Nationale (si !)… vice-président de la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac (si, si !)… et vice-président de la mission d’information sur la fraude fiscale (si, si, si !).
Ouvrons les guillemets et accrochez-vous à vos chaises, ça vaut vraiment la lecture :
« La lutte contre la fraude fiscale est devenue aujourd’hui un enjeu majeur (…) Derrière l’expression pudique d’optimisation fiscale se cache une réalité cruelle : des pertes de recettes importantes pour l’Etat et le comportement déviant d’un certain nombre de grandes entreprises. (…) A l’heure où des efforts sont demandés aux Français cela ne peut plus durer ». (Sur son blog, le 6 juin 2013).
« La République exemplaire, c’est la justice qui passe, sur toutes les affaires, sans intervention du pouvoir politique. La République exemplaire, ce sont les ministres qui rendent public leur patrimoine ». (17 juin 2013)
« Jérôme Cahuzac? J’ai une question toute simple à lui poser : pourquoi a-t-il menti à la représentation nationale? Pourquoi il s’est menti à lui-même? (…) Cahuzac est un ancien collègue, ça a été un ministre qui avait un savoir-faire, mais il nous a menti et c’est une véritable trahison ». (26 juin 2013 sur RTL)
« La transparence n’est pas un objectif en soi, elle est un moyen. C’est la seule solution pour renouer un lien de confiance avec nos concitoyens ». (22 juillet 2013)
« Le consentement à l’impôt, c’est la justice fiscale, c’est demander à nos concitoyens des efforts justes et faire en sorte que ces efforts soient partagés ». (15 octobre 2013)
« Faites repentance fiscale parce que le compte à rebours va s’enclencher », à l’intention des fraudeurs et autre « phobiques administratifs » (15 octobre 2013)
« Il faut que certains industriels, sportifs ou anciens rockers comprennent qu’ils ne peuvent pas venir se faire soigner en France et payer leurs impôts à l’étranger. Chaque citoyen français doit contribuer au financement du modèle social ». (22 janvier 2014)
« Chaque euro pris sur l’évasion fiscale, c’est un euro de moins prélevé sur l’ensemble des Français et surtout les plus modestes ». (22 janvier 2014)
« J’ai déjà travaillé sur les questions d’optimisation fiscale, que ce soit pour les grands groupes de tabac ou l’industrie traditionnelle. La nouvelle économie doit payer des impôts quelque part, sinon ce n’est pas seulement un problème de financement des Etats, mais de démocratie ». (Le Nouvel Observateur, 13 février 2014)
« J’ai voté pour cette loi sur la transparence, j’y suis donc favorable, mais en cette période particulière, il faut aller au-delà du factuel et expliquer les choses aux citoyens : on n’est pas tous des Cahuzac ! » déclarait encore notre guignol en août 2014 dans les colonnes du Journal de Saône-et-Loire.
… avouez qu’à ce stade de cynisme et de crapulerie politicienne, on frise vraiment l’œuvre d’art, pour ne pas dire le chef-d’œuvre absolu !
De son (alors) grand ami, feu Arnaud Montebourg avait dit, peu de temps après avoir été débarqué de son Ministère, et alors que celui-ci venait d’être nommé Secrétaire d’Etat au Commerce extérieur : « Oui, il prend bien la lumière, mais maintenant il va falloir qu’il fasse gaffe de ne pas se brûler les ailes sur la lampe » (dans le Journal de Saône-et-Loire)… Une déclaration particulièrement troublante, qui m’incite fortement à penser que les penchants « phobiques » de notre pas très saint Thomas n’étaient pas ignorés par tout le monde…
Jusqu’où allons-nous encore descendre ? La suite au prochain épisode…
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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(1) Iznogoud, bande dessinée de Tabary et Goscinny.
(2) « …je déclare et j’affirme que vous battez de loin vos propres records de stupidité. C’est-à-dire que je vous vois très distinctement serrant contre votre cœur les bornes du couillonisme, et courant à toute vitesse pour les transporter plus loin, afin d’agrandir votre domaine ». César à l’intention d’Escartefigue, dans la trilogie de Marcel Pagnol.
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