Publié le : 13 septembre 2014
Source : bvoltaire.fr
L’on peut, certes, invoquer l’inconvenant mélange des genres – vie privée vie publique – concernant le livre de l’ex-première dame éconduite, n’empêche… Le soir de la victoire de François Hollande à l’élection présidentielle, j’ai le souvenir de cette vision tenace, étrange, bizarre : un Montebourg aux anges (youpi, je suis ministre !), dansant au milieu de femmes voilées et autant de hululements, à côté d’un Bedos non moins au septième ciel. Le peuple de France venait d’estourbir le dragon fasciste avec l’aide précieuse des vaillants tirailleurs-électeurs maghrébins, heureux remplaçants d’une traditionnelle classe ouvrière (sans dents ?) préalablement éconduite par la « gauche ». Deux ans et 500.000 chômeurs supplémentaires plus tard, le même Montebourg nous assure (propos « off » tenus devant deux journalistes mais destinés manifestement à être publics, selon Le Figaro du 26 août) que « Hollande ment tout le temps ». C’est pour ça qu’il est à 20 % dans les sondages. « Il ment. Il ment tout le temps depuis le début. »
Une certaine concordance de vues concernant le personnage semble ainsi unir l’ex-ministre de l’Économie et l’ex-première dame, tous deux éconduits : est-ce un hasard ? Le Président, soucieux (selon Le Figaro du 11 septembre) de « rectifier l’image de menteur [...] que Trierweiler donne de lui », déclare ainsi dans Le Nouvel Observateur : « Je n’ai jamais triché, jamais cherché à faire croire que j’étais quelqu’un d’autre que ce que je suis. » C’est un « ennemi de la finance » qui avance ces propos, au moment précisément où il remplace Montebourg à l’économie par un ex-cadre de la banque Rothschild. Bien. Après le ministre du Budget détenteur d’un compte en Suisse, pourquoi pas, hein ?
Je prends le risque de revenir sur une affaire que j’avais déjà évoquée ici même. Si le livre de madame Trierweiler comporte en effet des mensonges, selon M. Hollande, il n’est pas inutile de rappeler que celui-ci participa en son temps à l’écriture et la publicité d’un livre qui ne contenait pas de mensonges, mais qui « était » le mensonge. Censément avoir été écrit sous pseudonyme par un homme de droite en colère, il l’avait été en fait par une équipe de pieds nickelés constituée de Mitterrand, Attali, Bercoff et… Hollande. Ainsi, disais-je : « 30 ans après s’être fait passer pour un homme de droite, F. Hollande a accédé à la plus haute fonction en se faisant passer pour un homme de gauche. » Nous n’étions certes pas, avec ce mensonge-là, dans le cadre « privé » d’un vulgaire règlement de comptes sentimental, mais dans celui de la gestion de la cité, engageant l’avenir de millions d’hommes, de femmes, d’électeurs et d’enfants, ce qui dans le fond rend la chose plus vulgaire encore. « Je n’ai jamais triché, jamais cherché à faire croire que j’étais quelqu’un d’autre que ce que je suis », dites-vous ? Eh bien, réécoutez.
Silvio Molenaar