Publié le : 09 septembre 2014
Source : bvoltaire.fr
Dans les « grands » médias, l’offensive contre la réalité passe en mode agressif. Les différents sondages donnant le Front national largement en tête du premier tour de la présidentielle ont provoqué une réaction d’autodéfense spectaculaire de ce qu’on peut appeler le « système ».
Ce dimanche, après le discours de la présidente du Front à Fréjus, le politologue Thomas Guénolé, a ainsi pu déclarer sur BFM TV : « Il faut le dire [sourire entendu], le Front national est un parti qui ne progresse pas. » Les journalistes présents sur le plateau ne purent réprimer un air gêné devant l’affirmation stupéfiante de « l’expert ». D’autant que, dans les minutes qui suivirent, Guénolé réalisa la performance de pronostiquer une victoire écrasante du FN lors des prochaines régionales… Un peu comme si le loustic nous parlait de réchauffement climatique emmitouflé dans une combinaison polaire.
Mais le plus admirable fut une tribune publiée ce même jour sur le site du Figaro Vox. Un monument digne des plus belles heures de l’Union soviétique.
L’article s’intitule « Pourquoi le Front national n’est pas prêt à gouverner » et est signé par un certain Frédéric Saint Clair, « mathématicien et économiste de formation » qui « a été chargé de mission auprès du Premier ministre pour la communication politique (2005-2007), aujourd’hui consultant free lance », nous dit la notice…
Dans la même ligne que Guénolé, dans ce qui sera visiblement le nouveau mot d’ordre des communicants de tout poil, Saint Clair affirme, le monocle sans doute bien astiqué :
« Les dernières élections européennes sont celles qui ont consacré le FN premier parti de France. Qu’en est-il réellement ? Le score obtenu était de 25 % environ, ce qui le plaçait en première position. Mais ce chiffre seul, comme n’importe quel chiffre, ne signifie rien. »
En gros, j’ai devant moi une tarte aux pommes. Mais je vais m’asseoir dessus car elle ne signifie rien.
Selon l’homme, visiblement fiévreux, « la montée du FN est avant tout une position communicationnelle ». La pénible démonstration se poursuit, engluée dans le marécage de chiffres torturés : Saint Clair compare ainsi le nombre des suffrages remportés aux européennes par le FN – 4,7 millions — avec le score de Jean-Marie Le Pen en 2002 — 4,8 millions. « Vous voyez, c’est stable »… Le procédé est malhonnête, puisque l’abstention était de 28 % lors du 1er tour de 2002 contre… 57 % pour le scrutin européen de 2014. Il a d’ailleurs été démontré que les abstentionnistes, s’ils avaient voté, auraient voté dans les mêmes proportions (25 %) pour le FN.
Les mois vont maintenant défiler, nous rapprochant toujours plus d’une élection anticipée. Si Marine Le Pen continue de s’affirmer en favorite des scrutins, ces gens-là finiront par dire qu’elle n’a jamais existé. On est toujours le négationniste de quelqu’un…
Joris Karl