Europe

L’Écosse a dit non ! Par Gabriel Robin

19 septembre 20140
L’Écosse a dit non ! Par Gabriel Robin 5.00/5 3 votes

Publié le : 19 septembre 2014

Source : bvoltaire.fr

Les urnes ont parlé : l’Écosse renonce à faire le grand saut vers l’indépendance, par 55,3 % de votes en faveur du « non ». La dynamique allait pourtant en faveur des séparatistes, rien ne semblait pouvoir les arrêter. Les soutiens multiples de people comme Sean Connery, Morrissey (ancien chanteur du groupe The Smiths) ou Sinéad O’Connor n’auront pas suffi à venger William Wallace. Je vais, de mon côté, essayer de commenter ce résultat en omettant mon anglophobie maladive…

Retenons de ce scrutin plusieurs enseignements. En premier lieu, on constate (comme souvent) que les peuples sont majoritairement conservateurs sur les sujets qui engagent fermement leur avenir, lorsqu’on les appelle à voter. Les Écossais savaient ce qu’ils perdraient à être indépendants mais doutaient de ce qu’ils y gagneraient. Déjà dans l’histoire, les Québécois avaient rejeté l’occasion de se constituer en État-nation. Plus près de nous, les Corses avaient voté « non » à la réforme de 2003 qui leur aurait permis de se constituer en territoire et de supprimer les deux départements de l’île. La guerre est un moyen plus sûr d’atomiser un État-nation. Pas sûr, d’ailleurs, que les Yougoslaves eussent choisi l’indépendance s’ils avaient été amenés à se décider démocratiquement avant le conflit.

Deuxième réflexion, l’histoire (par ce vote) met un coup d’arrêt à ce qui semblait pourtant acté : la destruction des États. Certes, il s’agit du Royaume-Uni, ennemi historique de la France et de l’Europe continentale. Mais peut-être que l’indépendance de l’Écosse aurait été un précédent fâcheux, entraînant plus loin les velléités catalanes et flamandes ; et, in fine, des volontés corses, bretonnes ou alsaciennes en France, alors que notre force principale réside dans notre unité nationale. De ce point de vue, ce vote négatif est pour nous un encouragement à renforcer la cohésion nationale sans pour autant nier les cultures régionales qui renforcent et enrichissent la France de traditions de longue et profonde mémoire.

En même temps – et c’est le dernier point –, ce vote, malgré la courte défaite, annonce le retour des identités profondes, de l’ethnos. Les Écossais se souviennent de leur histoire, le « non » ne l’emporte d’ailleurs que de justesse grâce aux électeurs les plus âgés, preuve que l’idée de l’indépendance n’était pas qu’un « reconstructivisme ». À l’heure actuelle, et face à la mondialisation, l’Europe des nations paraît néanmoins comme la meilleure réponse à la carence de souveraineté. Une Europe des régions ne pourrait répondre aux défis du monde à venir, faute d’une union politique continentale qui ne viendra pas.

On ne pourra pas dire ce soir que le vieux Royaume-Uni n’est plus. Il existe toujours, et David Cameron ne sera pas celui qui aura défait cette nation européenne historique. Restera un pincement au cœur et le souvenir glorieux des fiers guerriers des Highlands, une fois de plus passés à côté de leur liberté…

Gabriel Robin

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