Publié le : 11 octobre 2014
Source : bvoltaire.fr
Martin Heidegger, Gustave Flaubert ou Søren Kierkegaard nous avaient mis en garde contre la « dictature du on », indiquant, chacun avec sa propre sensibilité, qu’il ne fallait pas céder à la tentation du bruit populaire pour la conduite des affaires de la nation. Ce principe est juste et les dirigeants d’un État n’ont pas à se soumettre à chaque mouvement d’humeur de la foule. Il arrive pourtant que le peuple ait la bonne intuition ; c’est d’ailleurs de plus en plus souvent le cas car le pouvoir est défaillant !
Dans une interview donnée à la radio France Inter, Claude Bartolone, président socialiste de l’Assemblée nationale (et baron du 9-3), a déclaré que si l’on écoutait la majorité des Français , « on virerait tous les immigrés ». Pour ce grand humaniste de « gauche », la démocratie s’arrête lorsque le peuple pense « mal » ; et il pense mal lorsqu’il veut arrêter une immigration qu’il estime, à terme, dangereuse pour son pays. Les thèses d’Éric Zemmour, dans son dernier ouvrage, Le Suicide français, prennent ici tout leur sens. Oui, une grande partie de l’appareil d’État est totalement déconnectée des préoccupations des Français. Mieux : le personnel politique nie la parole du peuple en pleine conscience. Claude Bartolone et les autres méprisent le peuple de France et ne voient en la démocratie qu’un jeu de chaises musicales pour appliquer la même politique en changeant à peu de frais la devanture.
Dans le même esprit, Nicolas Sarkozy a déclaré au sujet du référendum sur la Constitution européenne de 2005, dans son entretien de rentrée accordé au Figaro Magazine, que « …tous les sujets ne se prêtent par au référendum. Il faut que la question soit simple, que les citoyens puissent y répondre par oui ou par non. La Constitution européenne et ses 448 articles ne se prêtaient nullement à une réponse binaire. »
Pour les caciques de l’UMP et du PS, les Français sont assez intelligents pour les élire mais trop bêtes pour se prononcer sur des sujets majeurs qui engagent leur avenir. L’immigration et les questions de souveraineté seraient des questions de trop haut niveau pour les veaux que nous sommes, incapables de réfléchir avec suffisamment d’humanisme pour les uns (« gauche ») ou d’expertise technique pour les autres (« droite »).
Nul doute que l’on ne nous demandera pas, non plus, notre avis sur l’arrêt du trafic aérien en direction – et à destination – des pays touchés par le virus Ebola. On ne nous interrogera pas, non plus, sur la déchéance de nationalité des djihadistes « français », sur le mariage homosexuel et la GPA, ou sur la réforme du rythme scolaire.
Dont acte. Puisqu’on nous dénie le droit de nous prononcer sur les enjeux prioritaires pour l’avenir de nos enfants (sécurité, immigration, construction européenne, mœurs) et que l’on ne nous autorise qu’à participer au jeu de la démocratie dite « représentative », faisons des prochains scrutins des plébiscites contre les politiciens irrespectueux depuis trop longtemps au pouvoir.
Gabriel Robin