Publié le : 25 novembre 2014
Source : bvoltaire.fr
L’Italie pourrait ouvrir le bal. En panne de croissance pour le treizième trimestre consécutif, elle s’embourbe dans la récession et affiche au compteur une dette de près de 2.200 milliards d’euros. D’après l’économiste Jacques Sapir, les conseillers de Matteo Renzi jugent inéluctable une sortie de l’eurozone au printemps 2015, à moins que l’Allemagne accepte le déploiement d’un plan d’investissement de grande envergure.
L’économiste Claudio Borghi est lui aussi un partisan convaincu du retour à la lire, de même que l’Américain Edward Luttwak, qui estime que l’Italie n’a plus le choix. The Guardian pronostique que les Transalpins auront abandonné l’euro dans les deux ans – près de la moitié y seraient d’ailleurs favorables. L’ineffable Beppe Grillo a publiquement réclamé un référendum sur la question lors d’un discours au Parlement européen mi-novembre.
De leur côté, les médias italiens, tels Libero Quotidiano ou Affaritaliani, tablent, eux, sur une sortie de… l’Allemagne. Le parti d’Angela Merkel, anticipant un probable effondrement de l’euro, envisagerait en coulisses de ressusciter le bon vieux deutsche mark, échaudé par la stagnation de son économie, la montée des partis souverainistes européens, l’incapacité de la France à respecter les 3 % de déficits publics et le rejet de plus en plus marqué des politiques d’austérité par les populations saignées à blanc.
En Espagne, la timide reprise de la croissance à 1,3 % ne console guère les 24 % de chômeurs, ni les 34 % de salariés qui touchent moins de 753 euros par mois. En Grèce, où le chômage tutoie les 27 % et où treize ans seront nécessaires pour revenir au niveau d’avant-crise, se profile une crise sociale majeure. Au Portugal, où 20 % des habitants survivent avec moins de 409 euros mensuels, le Parti communiste milite pour une sortie de la monnaie unique. En France, si les mesures suggérées par le rapport franco-allemand présenté à Emmanuel Macron sont adoptées, le gel des salaires pendant trois ans, la flexibilité du marché du travail et l’assouplissement des 35 heures auront un effet dévastateur sur le pouvoir d’achat et la consommation, et aggraveront encore le chômage.
Selon une récente étude du cabinet d’audit PwC, 20 % des dirigeants européens pensent que l’eurozone pourrait imploser. L’agence de notation Standard & Poor’s craint un risque de triple dip recession (troisième récession d’affilée) en Europe. Un constat relayé par David Cameron, qui n’exclut pas une nouvelle crise mondiale. « La situation de l’inflation en zone euro devient de plus en plus difficile et l’élan en faveur de la croissance reste faible », reconnaît Mario Draghi, le président de la BCE, prêt à investir pour racheter de la dette des États membres. Combien de centaines de milliards seront encore dilapidés pour sauver une monnaie qui ne marche pas ?
Des calculs effectués par Jacques Sapir et ses collègues (à consulter sur son site RussEurope) démontrent qu’une sortie de la France de l’eurozone se traduirait dans les cinq ans par une croissance du PIB de 22 % à 25 %, une création de 1,3 à 2,5 millions d’emplois et une légère baisse du pouvoir d’achat d’environ 5 % qui remonterait dans les trois ans. Des chiffres à méditer…
Eloïse Gloria