Publié le : 27 novembre 2014
Source : blogelements.typepad.fr
Contre Zemmour, réponse au Suicide français, le libelle de Noël Mamère et Patrick Farbias, qui paraît aujourd’hui aux éditions Les petits matins se veut une « déclaration de guerre culturelle ». Bigre ! On n’a pas eu le temps de sortir les fusils que le soldat Noël Mamère s’était tiré lui-même une balle dans la tête, dès sa première charge. In memoriam par Pascal Eysseric.
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Deux mois après la sortie du Suicide Français, Noël Mamère a voulu dégonfler la « baudruche Zemmour ». Vaste programme. En tournée dans les médias, et sur France Inter notamment, face à la journaliste Léa Salamé, le maire de Bègles s’est dégonflé tout seul. Que le député écologiste n’ait pas trouvé le temps d’écrire son livre Contre Zemmour, réponse au Suicide français, c’est déjà passablement gênant, mais qu’il n’ait pas pris une demi-heure de son temps pour le lire, c’est une expérience inédite, déroutante. Entre deux sanglots sur la « victoire culturelle de la droite sur la société française », Noël Mamère a en effet dénoncé sur les ondes publiques les méfaits du « Groupe de recherche et d’études pour l’Europe chrétienne d’Alain de Benoist » qui dans l’ombre « forge » «depuis le 6 mai 1968 » le récit d’une France forcément « néo réac ».
Horreur : derrière le masque d’Eric Zemmour, Alain de Benoist le chantre de l’Europe chrétienne ! L’auteur de Comment peut-on être païen, Alain de Benoist a failli tomber de son chêne quand on lui a rapporté le propos. Il va bien, mais le coup n’est pas passé loin… Si Noël Mamère est aussi calé dans la pensée chrétienne du GRECE que dans celle de ses bons maîtres écologiste Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, ce n’est pas étonnant qu’EELV affiche un encéphalogramme politique aussi plat. Naturellement, le Groupe de recherche et d’études pour l’Europe chrétienne n’a jamais existé, Alain de Benoist ne l’a jamais dirigé, la date du 6 mai 1968 ne correspond à rien du tout et, surtout, la Nouvelle droite n’a jamais fait de Mai 68 le symbole de tout ce qu’elle déteste (Cf. Jean-Yves Camus ici). Juste après avoir fini de colorier leur livre, je préconise aux auteurs la lecture de Le Mai 68 de la Nouvelle Droite (éditions du Labyrinthe).
Dans le livre d’or (déjà particulièrement volumineux) des absurdités proférées par des procureurs qui n’ont jamais lu la moindre ligne de nos publications mais y ont en revanche reporté leurs plus ignobles fantasmes, l’absurde sortie de Noël Mamère figurera sans doute comme le plus beau des diamants.
Demeure un objet qu’on appellera par commodité de langage le « livre » de Noël Mamère et Patrick Farbiaz intitulé Contre Zemmour, réponse au Suicide français : 89 pages de lieux communs, de gémissements intellectuels et, au milieu d’un fatras d’imprécations adolescentes et d’injures ad hominem contre Eric Zemmour, un hommage inattendu à la Nouvelle Droite et au GRECE des années 1970. L’attention est à noter. C’est devenu rare, même dans les colonnes d’Éléments !
À ce stade, il nous faut cependant avouer notre incrédulité devant le désarroi intellectuel d’un Patrick Farbias (par ailleurs plume de Cécile Duflot), qui en est réduit à implorer, dans une conclusion pathétique, la gauche à un « retour à Gramsci » et à la guerre culturelle ! À gauche, Noël Mamère et Patrick Farbias ne sont pas les seuls à céder aux « charmes inépuisables de la guerre culturelle », théorisée par le GRECE dans les années 1970, selon l’expression volontairement moqueuse de Pierre-André Taguieff, dans un livre dont on ne cessera jamais de dire le plus grand bien, Du diable en politique (CNRS Éditions). Pauvres perroquets écolos déplumés qui reprennent le mot d’ordre le plus comique du politologue du Parti socialiste Gaël Brustier : «Le combat culturel, c’est maintenant ».
Pascal Eysseric