« L’humour est la politesse du désespoir » Boris Vian
Et voilà… ça devait arriver, et c’est arrivé. Pas le massacre de Charlie Hebdo. Pas plus l’intervention pathétique de François Hollande (oups… intervention de François Hollande… pathétique : bonjour le pléonasme !). Pas d’avantage le deux poids deux mesures de l’ « hommage national » aux malheureuses victimes de nos djihadistes « français » (nos médias ont bien insisté sur ce « français », à chaque fois qu’un intervenant à tendances suicidaires osait évoquer, sur tel ou tel plateau, le rôle déterminant dans le drame qui vient de se passer de l’immigration de masse afro-maghrébine). Deux poids deux mesures médiatique absolument écœurant entre les journalistes-dessinateurs stars de Charlie et tous les autres, restés très généralement anonymes, à l’exception notable de ce pauvre et courageux policier, abattu de sang froid par les deux frères Kouachi, après le carnage dans les locaux du journal satyrique. Il est vrai qu’il possédait un mérite que les autres n’avaient pas : il était arabe, ce qui permettait, en diffusant cette fois largement son nom, et dans l’esprit particulièrement tordu pour ne pas écrire pervers de nos pleureuses à l’émotion sélective, de dédouaner de façon très loin d’être subliminale « nos compatriotes musulmans », comme ils disent.
Oui, ça devait arriver… Mais pas plus le slogan neuneu et politiquement correct en diable, pondu par un « communiquant » au cerveau empli de jus de gland (nouveau pléonasme) qui, comme une trainée de poudre bienpensante à la « touche pas à mon pote » s’est répandue sur les réseaux sociaux et les médias en ligne, puis télévisés, jusqu’à l’overdose. Le fameux « Je suis Charlie »… au nom de la liberté d’expression, bien entendu ! Pas non plus l’inévitable « grande marche » de dimanche, organisée par le gouvernement et le PS en pleine (et sordide) opération de « récup », au prétexte d’une « union nationale » dont sera pourtant – et bien entendu – exclu le Front National qui, malgré le fait qu’il représente sans doute aujourd’hui les opinions d’au moins un tiers des Français, ne fait donc pas partie de la Nation. CQFD.
Non. Je ne veux pas parler de tout cela, pourtant encore plus prévisible que la raison qui m’a incité à écrire ce petit billet. Ce qui devait arriver, c’est que La Plume et son taulier se fassent griller au poteau, si ce n’est de la vanne potache (que, je le sais, des centaines voire des milliers d’entre nous ont dû imaginer en même temps, devant le spectacle grotesque qui se déroule sous nos yeux), en tout cas de l’article comparant les « Charlie » qui fleurissent un peu partout au « Charlot » immortalisé par le Grand Chaplin, aujourd’hui tombé dans l’oubli, ignoré par nos plus jeunes compatriotes (qui ne savent même pas ce qu’ils perdent, les malheureux) dramatiquement gavés de Franck Dubosc, de Gad Elmaleh et autres Kev Adams… le progrès, sans doute.
La Plume avait déjà senti le vent du boulet (ce qui vous en conviendrez, peut être cataclysmique pour une Plume) deux jours plus tôt, quand la mise en ligne de son article Face à une barbarie sans nom… qui en a un, je ne suis pas Charlie avait seulement précédé de quelques minutes celui de la toujours parfaite Gabrielle Cluzel sur le souvent excellent Boulevard Voltaire : Non, je ne suis pas Charlie ! Si l’article ne développait pas toujours les mêmes arguments pour parvenir au même rejet et à la même affirmation, l’illustration qui l’accompagnait était d’une troublante similitude (mais j’étais prem’s, mdame ! Sans blague !). Mais ne dit-on pas que les grands esprits se rencontrent, Gabrielle ? « Et puis moi, ça m’arrange », disait cette fois Coluche… sur un tout autre sujet !
Et puis patatras ! Très sérieusement amoindri dans ses réflexes et sa force de travail par une crève de tous les diables (ce n’est pas un alibi, c’est une explication… nuance !), l’auteur de ces lignes s’est donc cette fois fait griller dans les grandes largeurs par une autre rédactrice de Boulevard Voltaire (je savais que Voltaire était une ordure, mais à ce point !), tout aussi talentueuse et ravissante : Altana Otovic, qui, comme sa copine a déjà plusieurs fois vu ses articles repris par La Plume à Gratter. L’article égrainant peu ou prou les arguments que j’avais méticuleusement préparés, et surtout, ayant définitivement éventé le jeu de mot – facile, Altana, facile ! – prévu pour mon titre, je décidais, beau joueur (vous en conviendrez) de relayer son article dans la rubrique La Plume parcourt le Net. Mieux encore : grand seigneur (si !), je décidais aussi de lui attribuer gracieusement le petit détournement d’image que j’avais confectionné avec mes petites mains fiévreuses sur Photoshop pour illustrer mon article à moi. « Classieux », comme aurait dit Gainsbarre, non ?
Tout ça pour vous dire que, pas mécontent de ce montage, et malgré la frustration épistolaire qu’a provoquée chez moi la belle Altana, j’ai tout de même décidé, comme je l’ai dit sur la page Facebook du site, de le mettre à la disposition du lectorat de La Plume, en format non réduit, pour les ceux qui sont insoumis à cette dictature de l’émotionnel bêlant et de la bienpensance à semelles de plomb. Libre à vous de diffuser cette image, de l’ afficher où bon vous semblera. Elle est totalement libre de droits (comme celle « je NE suis PAS Charlie » de mon précédent article, d’ailleurs) , et je lui souhaite (et espère) longue et belle vie !
Marc LEROY – La Plume à Gratter
PS : l’image peut être agrandie à son format initial juste en cliquant dessus !
Que voulez vous, en pareil cas on ne va jamais assez vite.
Et plus tard on intervient, plus il faut se creuser la cervelle pour tenter
de faire original. Entre nous, vous y arrivez fort bien.
Amitiés.