Publié le : 14 janvier 2015
Source : bvoltaire.fr
« Il y a une lepénisation de l’islam qui le rend terroriste », a dit Romain Goupil à la soirée d’hommage pour les victimes des attentats sur France 2. Précisons que l’homme, ancien trotskiste, a soutenu l’invasion de l’Irak en 2003 : a-t-il donc du sang sur les mains ? Jean-Luc Mélenchon a, quant à lui, osé déclarer que « Marine Le Pen fait partie du problème que nous avons à régler ». Plus tard, l’ancienne présidente du MEDEF, Laurence Parisot, n’a pas non plus hésité à attaquer le Front National, sur sa fantasmatique responsabilité dans les événements. Mieux : un éditorialiste de Libération a osé dire que les attentats avaient « la sale gueule de la victoire idéologique de Zemmour, Camus et Marine Le Pen ». Pourtant, je n’ai jamais vu Marine Le Pen se promener une kalachnikov à la main, ni de militants du Front national tuer gratuitement des innocents. Comme me le disait hier l’excellent Karim Ouchikh, en paraphrasant Guy Debord : « Avec le FN, le système a désigné sa figure politique du pire. Tout sera bon pour l’abattre, y compris l’outrance. »
L’outrance était déjà présente dans le cortège officiel, qui voyait se côtoyer les responsables et les coupables, d’ici et d’ailleurs. On a vu, unis et en rangs serrés, l’« intellectuel » de salon Bernard-Henri Lévy, pour partie fauteur des guerres syriennes et libyennes, l’ultra-laxiste (avec les voyous, mais pas avec les familles des Manifs pour tous) ministre de la Justice, Christiane Taubira, ou bien le frère de l’émir du Qatar, dont les accointances avec les terroristes de l’État islamique en Irak et au Levant sont un secret de polichinelle. En elle-même, cette avant-garde représentait tout ce que les Français rejettent. Il n’y avait là que des incapables, des idéologues de la globalisation forcenée ou des mafieux. Et les grands oubliés des médias étaient comme toujours les mêmes, les Français modestes, provinciaux, simplex ; après tout, ils sont amenés à disparaître pour ce qu’ils sont.
Nonobstant ce triste monôme (du troisième âge) de zombies, les marches d’hier ont pu enthousiasmer. Un sursaut populaire, sans réelle prise de conscience de la gravité des multiples crises morales que la France subit, mais avec un élan patriotique certain. Des images m’ont ému, comme la haie d’honneur rendue aux forces de l’ordre, ou les quelques « Marseillaise » entendues. La France se réveille doucement, elle perçoit que le règne de l’abstraction doit cesser, qu’elle doit se ré-enraciner, retourner en elle-même ; elle n’a pas encore admis ou pleinement compris que le rêve a tourné au cauchemar, néanmoins elle le sent confusément.
Les manifestations unanimistes et sidérantes de nos élites affirmant que le réel n’a pas eu lieu, que l’islamisme est l’antithèse de l’islam, ou que les Français sont unis dans toutes leurs sensibilités, seront prises pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des mensonges. La version irénique de notre pays présentée dimanche n’aurait jamais conduit à cette série d’attentats, n’est-ce pas ?
Gabriel Robin