Publié le : 16 janvier 2015
Source : bvoltaire.fr
Vladimir Poutine aura mis le temps mais il aura enfin compris : l’Europe occidentale le déteste et elle obéira à ses maîtres américains jusqu’à la mort.
Une comparaison qui vaut explication : les écolos-pacifistes des années 80 disaient préférer vivre rouges que mourir. L’Europe de Bruxelles ne veut plus rien savoir et elle préfère mourir américaine plutôt que vivre libre. L’Amérique suscite toutes les fascinations, la Russie tous les dégoûts. Et cela fait longtemps que ça dure. La matrice étatsunienne est la puissance mimétique. L’Amérique est mimétique car elle détient vaguement le triple pouvoir sémiotique : les armes, les images et le dollar (le mot grec numisma qui a donné nomos, la loi). L’Europe moralement suicidée veut inconsciemment précipiter sa fin, trop dégoûtée d’elle-même et de sa vie.
Le terrorisme islamique obtient les mêmes résultats : plus il frappe, plus nous adorons l’islam. Nous aimons celui qui bombarde ou celui qui pose la bombe. Désarmés, nous sommes désarmants de bonté.
Il faut avoir recours à René Girard pour comprendre ce qui se passe : l’Europe adore son tortionnaire, elle hait tout libérateur. Elle préférera bien sûr mourir pour le tortionnaire, tout cela parce qu’elle se hait elle-même, parce qu’on lui a appris à se haïr elle-même depuis 1945 (antisémitisme, colonialisme, nationalisme, islamophobie, etc.). « La France, c’est Vichy, l’Allemagne, c’est Hitler », comme le rappelait Robert Badinter venu plaider l’abolition de la peine de mort au Texas, l’État américain aux 700.000 prisonniers. À partir de ces prémisses, on incite nos peuples à se suicider. Mais. Il y a un mais.
Le géopoliticien américain John Mearsheimer a remarqué, inquiet, l’an dernier, que la politique russophobe d’Obama et de ses tireurs de ficelles néo-cons avait simplement servi à rapprocher militairement, économiquement et énergétiquement la Chine et la Russie. Or, il s’agit d’États légèrement plus puissants sur le plan territorial, diplomatique ou économique que les pays baltes, la Thaïlande ou la Mauritanie, qui ont renforcé dernièrement leur partenariat avec l’OTAN !
Même Brzezinski, qui plaidait pour l’occupation du Heartland par les USA, le disait dans son Grand Échiquier : « L’Europe occidentale et l’Europe centrale demeurent trop des protectorats américains, rappelant la situation d’anciens vassaux et tributaires. Et cela n’est pas très sain (unhealthy). » Brzezinski, parfois lucide et intéressant, rappelait que l’URSS aurait dû, en son temps, considérer la Chine non comme un subordonné mais comme un allié.
Eh bien, c’est fait grâce à Captain Obama qui a gagné la première manche mais aura du mal à gagner la seconde : la Chine et la Russie avec derrière le Brésil ou bien l’Inde, c’est un trop gros morceau, sauf pour notre presse sous perfusion. La défaite géopolitique américaine, qui crevait de pouvoir contrôler le Heartland de Mackinder, est ici totale. Dans dix ans, dans cinq ans, peut-être même avant, nous aurons des surprises.
Nicolas Bonnal