Politique France

… et les sondages

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui concerne La Plume, ce début d’année 2015 restera sans nul doute pour très longtemps dans les anales (je sais, je l’ai déjà faite, mais j’insiste : il n’y a pas de faute d’orthographe) : en ce qui concerne l’obscénité médiatique et politique, il sera bien difficile, voire impossible de dépasser les moments que nous venons de vivre (quoique… notre époque semblant être celle de tous les records en cette matière… la prudence s’impose !).

Faisons donc en deux épisodes (la suite demain) un petit tour d’horizon de l’abjection ambiante, en commençant bien entendu par la France, pour rester dans le nombrilisme, puisqu’autant c’est terriblement tendance par les temps qui courent…

Premier épisode : Un Hollande plane… (1)

Au cas où l’un de mes chers lecteurs serait récemment sorti d’un profond coma (médiatique) et serait du coup totalement passé à côté du tremblement de terre que nous venons de vivre, le monde entier s’est donc arrêté de respirer et a pleuré à chaudes larmes la vingtaine de morts des deux attentats islamistes visant Charlie Hebdo et l’HyperKasher de la porte de Vincennes. Paris fut frappé au cœur, et c’est donc, on nous l’a dit à la télé, le monde entier qui saigna. Peu importe au passage que le même jour, rigoureusement le même jour, plus de 2 000 nigérians aient été abominablement massacrés dans la région de Baga par la secte islamiste Boko Haram : on ne mélange pas les torchons africains avec les serviettes occidentales, qui plus est parisiennes ! Qui aurait d’ailleurs l’indécence de mettre en parallèle la mort somme toute banale de quelques milliers d’Africains (de plus) avec celle, autrement traumatisante à l’« échelle mondiââle », de quatre journalistes français, symboles héroïques de la liberté d’expression ? Allons, voyons, un peu de bon sens ! Vous ne voudriez pas, ahuris que vous êtes, que cent « nègres » pèsent le même poids médiatico-politique, dans ces « démocraties » phares de l’humanité que le monde entier nous envie, qu’une seule victime occidentale, et surtout, il faut bien le dire parce que la vérité est là, que deux cent cinquante de ces mêmes « nègres » puissent tenir la comparaison avec quatre caricaturistes gauchistes du petit milieu journalistique parisien et quatre membres de la communauté qui n’existe pas ? Soyons donc un peu sérieux !

Pas de mobilisation médiatique puis politique géante au Nigéria donc. Pas de Bibi Netanyahu et de tantine Merkel, bras dessus, bras dessous dans les rues d’Abuja. Pas de fiente de vautour sur l’épaule de François Hollande. Rien… R.A.S… les déplacements de chefs d’états, les fausses manifs des mêmes devant des foules innombrables, les déclarations grandiloquentes et éplorées d’apôtres autoproclamés de la solidarité, à grands renforts de « je suis Charlie », de « vivre ensemble », de « padamalgam ! », les défilés de champions de la liberté d’expression qui se dressent face à la barbarie, c’est tellement plus chic et tellement plus approprié à Paris, entre un sommet de Davos et des obsèques en Arabie Saoudite pour les puissants de ce monde, entre un déca sur les Champs Elysées et un passage au kiosque pour s’arracher le dernier Charlie (qu’on pourra presque aussitôt revendre – avec un fort juteux bénef – sur EBay) pour les ploucs de base. Obscène ? Oui, sans doute… mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin : allons-y franchement, et buvons le calice jusqu’à l’hallali !

Résumons succinctement les faits… des djihadistes français, parfaitement identifiés de longue date par les services de l’Etat, connus de la justice ou de la police pour des faits particulièrement graves, ont pu :

- Pour l’un, Saïd Kouachi, censé pourtant être sous étroite surveillance policière, en tant que membre de la cellule islamiste du 19e arrondissement : bénéficier d’un emploi jeune pendant plus de deux ans (2007-2009) à la Mairie de Paris comme « ambassadeur du tri » (sic), effectuer un « stage de formation au djihad » au Yémen en 2010, et donc sortir du territoire, et y revenir sans encombre s’acheter un arsenal militaire (gilet pare-balles, kalachnikov, lance roquettes), sans que la DGSI s’en rende compte.

- Pour le second, son frère Chérif, lui aussi impliqué dans l’affaire de la filière islamiste du 19e arrondissement (pour laquelle il a été condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis) et dans celle de la tentative d’évasion de Smaïn Ait Belkacem : s’armer lui aussi et préparer en toute sérénité avec son frère l’attentat de Charlie Hebdo (et alors qu’ils avaient même été signalés par les États-Unis comme ayant effectué des voyages au Yémen et comme étant dangereux en 2011).

- Pour le troisième, Amedy Coulibaly délinquant multirécidiviste parfaitement identifié (entre 2001 et 2013, il accumulé les condamnations pour « vol à main armée », « vol aggravé », « recel » ou « trafic de stupéfiants ») : être reçu en 2009 à l’Elysée par Nicolas Sarkozy pour représenter la jeunesse des « quartiers » ! Condamné à cinq ans de prison en 2013 pour son « implication dans le projet d’évasion de prison » de l’islamiste Aït Ali Belkacem (2010), sortir prématurément après à peine… un an de prison en mars 2014, sous bracelet judiciaire (un mois !) et ne même pas être placé sur écoute ! Ce qui lui aura donc permis de faire le carnage que l’on sait dans l’HyperKasher…

Les « failles » (doux euphémisme, quand il s’agit en vérité de véritables ravins !) évoquées par Manuel Valls, et qu’elles soient judiciaires ou policières, sont donc aveuglantes, surréalistes même. La faillite des autorités françaises a été totale. Dans n’importe quel état démocratique digne de ce nom, elle aurait dû provoquer – et au grand minimum – les démissions immédiates des ministres directement concernés, à savoir Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Christiane Taubira (Justice). Et bien en Hollandie, non… bien mieux, infiniment mieux que cela : non contents de ne pas pointer le moins du monde les dysfonctionnements dramatiques et inexcusables qui ont conduit au résultat que l’on sait… les médias ont – bien entendu – dans un premier temps soigneusement oublié la locataire de la place Vendôme (madone intouchable de la bienpensance depuis la séquence stalinienne du Mariage pour Tous) concernant la remise en liberté invraisemblable de Coulibaly et  plus généralement son bilan désastreux, qui a instauré le laxisme généralisé en politique d’état… ils ont encensé celui de la place Beauvau, omniprésent sur les écrans de télévision, à chaque fois pour ne rien dire, mais – c’était l’essentiel ! – avec la figure grave du plus pur style « la France a peur » d’un Roger Gicquel de circonstance. Ces mêmes médias ont loué d’unanimité, du Figaro à l’Humanité, et pour avoir incarné une France d’« union nationale » faisant fièrement face au terrorisme (pas même islamique d’ailleurs) un « Président enfin Président », un Premier ministre « ferme et volontaire », et plus généralement l’attitude particulièrement « digne » d’un binôme Hollande-Valls pourtant lancé dans une opération de récupération politicienne d’une rare abjection… Résultat ? Hier encore dans le troisième sous-sol de la popularité sondagière, Hollande et Valls ont enregistré des hausses record dans les enquêtes d’opinion, sans avoir rien d’autre à faire qu’un gros câlin sur l’épaule d’Angela, ou une diatribe anti-Dieudonné à la limite de l’hystérie à la tribune de l’Assemblée Nationale. Et voilà que notre ectoplasme élyséen plane, et se voit un avenir de nouveau possiblement radieux ! On rêve ? Même pas, hélas… elle est poubelle, la vie en Hollandie ?

Suite (demain) au prochain épisode…

 Marc LEROY – La Plume à Gratter

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1) Un âne plane, chanson d’Alain Bashung

Alain Bashung – Un âne plane

Mots clés : Amedy Coulibaly, Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira, deux poids deux mesures, François Hollande, frères Kouachi, islamisme, Manuel Valls, Nigeria