Publié le : 04 février 2015
source : bvoltaire.fr
Les cloches sonnent à tout va mais ne produisent pas toutes le même son. Dur dur, d’être électeur de l’UMP en ce moment. Même si ces derniers aiment la danse, il est compliqué de se retrouver dans ce patchwork des gesticulations.
Ainsi, prenez M. Juppé : ce qui domine, chez lui, c’est le rap ou plutôt la « street dance ». Casquette vissée sur son crâne d’œuf, visière sur la nuque, il tangue d’avant en arrière, de gauche à droite, pour montrer ses convictions républicaines : « Si j’étais électeur de la 4e circonscription du Doubs, je sais qu’en mon âme et conscience je ferais tout pour barrer la route à une candidate FN qui croit, entre autres choses, en l’évidente inégalité des races. » Notez bien le « en mon âme et conscience ».
Seulement voilà, il n’a pas toujours pensé cela, notre Jean Valjean bordelais. Ainsi, en 1990, il dansait sur une tout autre musique en décidant d’exclure Alain Carignon pour avoir appelé à voter socialiste contre le FN au second tour d’une élection à Villeurbanne : « Nous n’avons pas du tout l’intention de faire la courte échelle au Parti socialiste », avait-il affirmé à l’époque. À croire que le FN d’aujourd’hui est moins fréquentable qu’il y a 25 ans ou que l’échelle est plus courte…
Passons à Fillon : lui, c’est le roi du tango, un pas en avant, deux en arrière, et ni vu ni connu je t’embrouille : « Aucune voix ne doit aller à un parti qui prône un nationalisme dangereux, qui veut faire éclater l’unité européenne et dont le programme économique s’apparente à celui de l’extrême gauche. » Parfait, on a compris, il faut donc voter pour la gauche.
Ben non, car : « Il n’y aucune bonne raison de redonner la majorité absolue à l’Assemblée nationale à un Parti socialiste qui mène depuis trois ans une politique désastreuse qui a conduit à l’explosion du chômage, à la perte d’influence de la France et à l’aggravation des inégalités. »
Le petit Fillon a intérêt à avoir une bonne cavalière pour le suivre sans s’emmêler les pinceaux sur la piste électorale.
Mais à tout seigneur, tout honneur. J’ai gardé le meilleur pour la fin : Nicolas Sarkozy lui-même. Lui, son style, c’est le flamenco. Claquant des talons, ou plutôt des talonnettes, il se frappe les cuisses de désespoir en pensant aux caciques de son parti, puis lève les bras comme pour montrer qu’il est bien le patron. Difficile, dans de telles conditions, de garder le corps bien droit : « On ne peut pas accepter de complaisance avec le FN… L’élection d’un député FN ne serait pas une bonne chose. » Ceci tout en indiquant qu’il n’y a pas de consigne non plus pour le PS. On est en pleine auberge espagnole ! Normal : il aime jouer des castagnettes.
Mais le mari de Carla sait pourtant mettre les points sur les « i » : « Il faut affirmer un choix politique. Nous devons adopter une position claire sous peine de cumuler tous les inconvénients. »
Pour être clair, c’est très clair, aussi clair qu’une rue londonienne un soir de fog.
Vous me direz qu’il en manque un parmi nos trois mousquetaires (qui, bien évidemment, sont quatre). C’est notre ami l’aigle de Meaux ! Hélas, en ce moment, son esprit est plus tourné vers la case prison que vers la parlotte politicienne. Il vient d’ailleurs d’être mis en examen pour abus de confiance. Confiance, quel joli mot… Je suis sûr que les électeurs de l’UMP ont du mal à l’identifier en ce moment avec de tels danseurs mondains.
Pendant ce temps, Marine s’est mise à la java, danse populaire par excellence… Il paraît qu’elle progresse vite. Et dire qu’il reste encore deux ans avant le prochain concours.
J.-P. Fabre Bernadac