Politique France

Je dois vous faire un aveu préalable avant d’aller au fond (c’est le cas de le dire !) de cette affaire : il y a près de quatre ans que je n’ai plus la télévision. J’ai décidé à l’époque que je n’avais décidément plus le temps de chercher l’improbable pépite d’information, de culture ou d’intelligence qui aurait eu l’idée saugrenue de se glisser dans le véritable océan de nullité qui noie notre paysage audiovisuel français depuis (largement) une bonne décennie. Entre Koh Lanta, On n’est pas couchés (post Zemmour), le journal de France 2 et Voyage en terre inconnue, je ne sais trop en réalité quelle émission de téléréalité me donnait le plus la nausée… entre Plus belle la vie, Le petit journal de C+, Joséphine ange gardien et C’est à vous sur France 5, je ne sais guère plus quel sitcom politiquement correct jusqu’à l’exubérance me bourrait le plus le mou de sa doxa dégoulinante de bienpensance. Alors j’ai coupé court : exit la télé, arrachée la prise d’antenne, fini la zapounette, et vive la liberté !

Oh, bien-sûr, j’ai bien été obligé de suivre, via internet, l’actualité de l’étrange lucarne, ne fût-ce que dans mon exercice quotidien de recherche d’informations pour agrémenter les colonnes de La Plume à Gratter : je suis aussi malgré tout (et malgré moi) de ce monde « là », et que cela me plaise ou non, il est aujourd’hui très largement « médiatique ». L’information et bien plus encore la désinformation y ont trouvé leur support privilégié, pas moyen donc de passer totalement à côté, si l’on veut être au fait de tous ces « médiamensonges » chers à Michel Collon, chargés de dissimuler l’actualité, la vraie, celle à laquelle n’ont pas accès nos compatriotes qui n’ont ni le temps, ni l’envie, ni l’énergie d’aller chercher eux-mêmes et via la « toile » les évènements de la France et du monde tels qu’ils ne sont pas rapportés par la propagande officielle. Impossible d’ignorer les merdias traditionnels, bien-sûr, mais au moins, par le biais d’internet, on peut faire le tri ! Et c’est donc ce matin, en faisant ma revue de presse virtuelle quotidienne, que je suis tombé sur l’ « info » qui motive mon billet du jour : je veux parler de l’entrevue « exclusive » Walter Broccoli-Maryse Burgot diffusée avant-hier soir (04 février) pendant le journal de 20 heures de France 2.

C’est mon choix et… « ne faites surtout pas entrer l’accusé » au journal de France 2

J’avais déjà évoqué, les fidèles de La Plume s’en souviendront, ce malheureux père éploré par les opinions politiques de son fils, dans un article de décembre 2014 intitulé Son fils vote FN, alors Walter Broccoli pédale allègrement dans la choucroute !. Pour résumer le « drame » (sic) abominable vécu par ce syndicaliste au physique à la Daniel Herrero (il ne lui manque que le bandeau rouge pour que l’illusion soit parfaite), son fils ne vote pas comme lui (d’ailleurs, on ne sait pas trop comment il vote, le Walter, nous l’allons voir plus loin) : pis, infiniment pis… il vote Front National. Ce qui est pour lui aussi tragique que si « il était parti faire le djihad en Syrie » (sic). Alors, mercredi, à 20 heures donc, sur le journal de la télévision de service public, cela donne « ça » :

Non, vous n’avez pas rêvé : ce « truc » est bien passé sur une chaine publique, payée par la redevance, dans un journal d’actualité, à une heure de grande écoute.

Vous aurez sans doute noté au passage la musique, dramatisante à souhait, semblable à celle qu’on utiliserait pour un documentaire sur la fin de vie douloureuse et digne d’un cancéreux en unité de soins palliatifs… noté aussi ces plans sur les mains (fébriles et tremblantes), sur les cheveux, de dos, comme lorsque que l’on interroge une prostituée ou un cocaïnomane dont il faut préserver l’anonymat… la mise en scène grotesque, mélodramatique, grandiloquente, avec ce bon Walter regardant avec nostalgie les hauts fourneaux. Sans parler de ce « on peut couper » au bord des larmes (qu’on se garde bien entendu, la bonne blague, de couper au montage !). Noté aussi la diffusion absolument invraisemblable de photos intimes du fils Broccoli, ce désormais paria médiatique qui n’a absolument rien demandé (et le droit à l’image ?), en attendant sans doute la divulgation de son adresse et de son numéro de téléphone ?

Que dire d’un père qui expose ainsi à l’infamie, en place publique, son propre fils pour délit d’opinion ? Que dire encore et surtout du « travail journalistique » effectué par Mireille Dumas Maryse Burgot durant cette entrevue d’anthologie ? Que dire de la déontologie, de l’honnêteté, de la décence de cette journaliste de service public (j’insiste !), quand elle ose signer et proposer un tel « reportage », avec une telle mise en scène, posant des questions comme celle-ci : « comment expliquez-vous que votre fils… se tourne vers le Front National aujourd’hui ? »… invraisemblable moment de télévision : imaginez un seul instant la même petite journaleuse demandant à son interlocuteur : « comment expliquez-vous que votre fils… se tourne vers le Parti Socialiste aujourd’hui ? », question provoquant cette réponse du chou-fleur lacrymo-syndical : « la colère, la rage, la haine… »(ce dernier mot répété cinq fois dans la même phrase). Comment ne pas être révolté par cette autre question, encore plus hallucinante : « est-ce que vous trouvez que cela a sali votre nom, d’avoir votre fils qui est au Front National ? », entrainant une affirmation que ce père totalement indigne, malgré l’indécence initiale de sa dénonciation publique d’un fils qui n’a commis d’autre crime que celui de ne pas partager ses idées, n’aurait probablement pas songer à articuler tout seul ?

Oui, vraiment : quelle honte… quelle médiocrité… quelle bassesse !

Mais au fait, elles sont où, les (nobles, CQFD) idées politiques de Walter Broccoli ?

Bonne question, tiens ! Car si l’on sait que le bougre exècre le FN, pour le reste… petit survol en images :

Copain comme cochon avec Hollande, « viscéralement de gauche » (Maryse Burgot)… mais pote avec Borloo, ministre de Sarkozy, et bientôt candidat Modem… allez donc vous y retrouver là dedans ! Là dedans ? Parlons-en justement ! « Le jour où j’ai appris que mon fils était là dedans »… pourtant Walter, de ton pied gauche, cela devrait pouvoir te porter bonheur, non ?

Du bon usage en temps utile de la propagande de « sévice public »

Mais tout cela n’était pas assez dérisoire, assez vil, assez crapuleux : France 2 pouvait faire et a fait encore beaucoup mieux ! Car cet étron journalistico-syndical date en réalité … de décembre 2014 ! Oui, vous avez bien lu : cette entrevue est contemporaine de celle donnée à Europe 1, que je relatais dans mon précédent billet « broccolinesque », et est donc vieille de deux mois ! Pourtant France 2 a décidé de la sortir des tiroirs avant-hier, occupant pour cela (et alors que l’actualité du moment est particulièrement dense et souvent dramatique) près de cinq minutes de son journal de 20 heures… juste avant le deuxième tour de l’élection législative partielle du Doubs, où la candidate du Front National Sophie Montel affronte le candidat du Parti Socialiste de France 2, Frédéric Barbier. « Bon sang, mais  c’est bien sûr ! », tout devient lumineux : nous ressortir comme tous les médias du système l’avaient fait de concert des déclarations de la candidate frontiste soutenant Jean-Marie Le Pen dans la polémique dite de « l’inégalité des races », déclarations vieilles de… vingt ans, taire le scandale de ces voyages de ministres (Cazeneuve et Valls, par deux fois) allés soutenir le candidat PS aux frais du contribuable n’y suffisaient pas, il fallait attacher un autre wagon au petit train zélé de l’infamie médiatique anti-Front National. France 2, David Pujadas, Maryse Burgot, Gilles Leclerc, Europe 1, même combat ! Contre le Front, tout est permis !

Les mauvaises actions ne déshonorent que ceux qui les commettent

Reste à espérer que cette nouvelle crapulerie médiatique n’aura pas les effets escomptés par ceux qui l’ont mise eu œuvre : de plus en plus, nos compatriotes ouvrent les yeux sur cette malhonnêteté, cette complaisance, cette complicité même que les médias entretiennent avec l’oligarchie politique qui se partage le pouvoir depuis plus de vingt ans, à grand renfort de faux clivage gauche-droite, à grands coups de numéros de clowns « un qui coupe les oignons, l’autre qui pleure »… Souhaitons que dimanche, l’électeur du Doubs ne s’abstienne pas, et mette le nez dans leur m… à madame Burgot, messieurs Broccoli et Pujadas.

Espérons aussi qu’un jour Walter Broccoli se rendra compte de la faute paternelle qu’il a commise, de l’ignominie à laquelle il a participé, en exposant comme il l’a fait son fils sur la place médiatique. Espérons qu’alors, non seulement  il ne lui demandera plus de lui dire :« Papa je m’excuse, j’ai fait une bêtise » , mais qu’au contraire , il lui concèdera avec regret :  « fiston, je te demande pardon, j’ai fait une belle saloperie ». Mais je crains fort que jamais notre ex-syndicaliste ne fasse ce mea culpa là…

Pour finir, je vous rassure, Broccoli a très vite séché ses larmes merveilleusement médiatiques, et retrouvé toute sa bonne humeur naturelle après l’entrevue de l’amère Burgot : à preuve ce « selfie », posté par le bougre himself, après son mémorable exploit familial, théâtral et médiatique ! Ouf, on a tout de même eu sacrément peur pour lui !

Marc LEROY – La Plume à Gratter

Mots clés : déontologie journalistique, France 2, Maryse Burgot, médias, Walter Broccoli